mercredi 6 mai 2009

Huayna Potosi

Départ de La Paz à 9h, accompagné de Aude. Bah oui, parce que évidement, malgré une organisation au millimètre, j’ai oublié un truc et elle fera l’A-R à l‘hôtel! Finalement, seul dans mon minibus, je pars avec mon guide Mario et le dueno de l‘agence, pour 3 jours de rando et 2 jours dans la haute montagne . On prend la route qui surplombe la ville de la Paz, qui laisse en arrière plan l‘Illimani, montagne à plus de 6000 mètres également et qui domine largement la ville. On fait un arrêt à Alto, ville au-dessus de La Paz et qui croit de +10% chaque année (La Paz étant dans une cuvette, les nouveaux arrivants habitent en périphérie ici). Puis on sort définitivement des routes urbaines pour nous diriger vers Tuni, d’où nous partirons. On se fait déposer, avant de prendre un petit repas et surtout, de louer une mule qui nous accompagnera durant les 3 heures de marche qui nous mèneront jusqu’au campement.

La mule partie devant avec un autre groupe, on marche dans un paysage sec, où je peux admirer le Condoriri enneigé, appelé comme cela, car ces 3 pics rappellent un condor aux ailes à demi ouvertes et il en impose.

En bordure de lac et à plus de 4000 mètres d’altitude, il fait frais mais je n’ai pas de souci pour marcher, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Sur le chemin, il y a essentiellement des lamas

et avec Mario, le guide, on s’arrêtera pour aider un berger qui soigne 2 de ses bêtes. Et la technique pour maintenir l’animal est simple : il suffit de le tenir par les oreilles, tête vers le bas, en résistant aux poussées du malheureux prisonnier. Finalement, après avoir coupé un bout de ficelle qui serrait la patte et l’handicapait, on repart et on rattrape le petit groupe de 3 mules, emmenées par leur propriétaire. Mario discute avec la dame pendant que moi je participe à l’avancée des 3 buritos. En effet, ne parlant pas l’Aymara, ayant du mal avec l’espagnol, je communique avec les bêtes! Il faut savoir que moi, avec mon petit sac, mes lunettes de soleil et mes chaussures de marche en fin de vie, je fais le malin. Mais les locaux ici marchent en sandales (parfois avec chaussettes), avec pour équipement, une tenture colorée et petit chapeau et il m’est impossible de rivaliser, tellement j’aurais un air ridicule et je souffrirais.

Toujours est-il que j’en profite pour faire la connaissance d’un petit groupe de 3 chileno-espagnols utilisant également les mules, afin de faire une ascension le lendemain. La discussion se fait en espagnol pour moi et eux me répondent en français, et ca marche! Dans un super site, on fait le campement avec vue sur le lac, le Condoriri, le Pica Negra et son troupeau de lamas. Apres une petit collation, je laisse Mario faire le dîner et je pars marcher dans la montagne, afin d’avoir une vue sympa sur l’ensemble du lieu. Bon je vais aussi marcher parce qu’il fait un froid d’enc… Et c’est là que je fais la rencontre des lamas. En effet, cet animal, fort de son long cou, de ses gros poils genre je crains rien, a un comportement assez comique. Voyant que tu arrives, il vient à ta rencontre, lentement, mais de manière assurée.

Puis, une fois assez proche, il s’arrête et défit un peu du regard. Disons qu’au début je me méfie, histoire de pas me faire défoncer, voire cracher dessus comme le dit la légende. Mais rien du tout! Une fois à l’arrêt, si je fais un pas en avant il se barre comme une fillette! Moi et mes 65 kilos (plus les 3 kilos de pull) je suis facile dans la montagne et même pas peur. Finalement, le soleil se couche doucement et je retourne vers le campement afin de profiter d’une bonne soupe et de pâtes ainsi que d’un maté pour me réchauffer. Il est 19h et c’est l’heure d’aller se coucher!

Là où j’étais, il y a pas grand-chose à faire si ce n’est se caler dans le duvet. Je crois que c’est à ce moment que j’ai cru presque mourir. En effet, je crois bien que je suis un peu malade et les toilettes à 2h du mat’, à la frontale, en T-shirt, par -3 degrés sous une lune absolument superbe (ah la bonne nouvelle!)

vont rester gravés dans… Bah dans la roche à 4500 mètres! Le lever à 7h est presque une libération, tant je me suis réveillé dans mon duvet un nombre incalculable de fois dans la nuit frigorifiée. Heureusement, un bon petit déjeuner et le soleil du matin vont faire du bien. On dégivre la tente et on repart pour un jour de marche, traversant des vallées, des points de vues superbes sur les montagnes enneigées, surplombant des lacs parfois aux couleurs improbables, rappelant la présence de minéraux dans la roche. D’ailleurs ici, perdus dans les vallées, il y a quelques mines et des “mineros” qui travaillent à une sacrée altitude et un froid… ah bah non là ça va, on est en été!! On arrive finalement après une journée de marche au camp composé d’une maison en dur et de 3 murets pour les toilettes, avec vue imprenable sur le Huayna Potosi et la plaine. Arrivés tôt, on attend la livraison des affaires par … une moto (j’ai pas trop compris où étaient passées les mules…). La bonne nouvelle, c’est que je ne suis plus malade et que l’on va planter la tente dans la maison faite en brique de terre et toit de tôles. Comme dans le camp précèdent, on est accueilli par le responsable du camp avec qui on partagera la “cena” de manière spontanée lui donnant des patates noires à Mario pour le remercier. Les patates noires sont un des aliments de base en altitude ; le goût est particulier et elles se plantent dans des sols froids. Moment sympa de partage où le dueno essaie de m’apprendre quelques mots d’Aymara, au milieu du Condoriri.
Finalement, on repart au petit jour, après une bonne nuit, pour quelques heures de marche qui nous amènent jusqu’au refuge de Huayana Potosi. On croise quelques lamas toujours dans un cadre de carte postale,
l’occasion d’apprendre que les lamas sont des animaux propres, dormant toujours au même endroit dégarni d’herbes et ayant presque comme des toilettes. Apres le déjeuner au refuge, Mario repart à La Paz chercher le matériel, me laissant l’après-midi pour aller voir le lac…
OK Mario! “Sinon, la montagne en face on peut la grimper et à quelle altitude est-elle? Ah c’est un 5000 mètres avec équipement, car un coté de la cime est enneigé : le Charguini“. Un avion s’y serait écrasé il y a quelques années, mais il ne contenait que de la viande. C’était pour la mettre au frigo?
Finalement avec les recommandations de Mario je m’y lance ”il y a qu’un début de chemin, duquel il ne faut pas s’écarter et s’est assez dangereux, mais il ne faut pas aller tout en haut“. La montée devient un peu plus compliquée effectivement après une ½ heure, obligé de crapahuter un peu en faisant attention aux roches. Mais une fois arrivé là-haut, quelle jolie vue encore sur le lac artificiel, la vallée et les montagnes environnantes, la plus impressionnante étant le Huayana qui me fait face. Je reste un peu, le temps de profiter et de faire quelques photos.

Et je redescends voulant éviter une brume éventuelle et la nuit. C’est chose faite rapidement me permettant d’aller jusqu’au barrage de rétention hydroélectrique. Faisant parti d’un grand complexe, il participe à l’alimentation de La Paz jusqu’à Santa Cruz (je sais ça vous dit rien mais je fais comme si j’avais appris des trucs essentiels). Le soir, je partage le repas avec un Australien et 2 Israéliens, sympas, l’occasion de pouvoir parler un peu de cette culture, que je comprends encore moins qu’avant et du conflit du Moyen-Orient. Et c’est intéressant de parler avec l’un d’eux, qui me dira qu’effectivement les Israéliens ne sont pas forcement appréciés, peut-être par le fait qu’ils vivent constamment sans se soucier de ce qui se passe autour en se disant ouverts. En tout cas, eux n’ont pas fait l’armée et ont envie de paix, en se disant Israélien, mais voulant laisser la place à un état palestinien. Ca fait plaisir de rencontrer des gens modérés, intelligents et se souciant d’eux-mêmes autant que des autres avec qui ils sont obligés de partager un territoire. Ca se finira en partie de cartes, avant de refaire une nuit au chaud. Le lendemain matin, je profite du lieu prenant le temps du petit déjeuner et d’écrire un peu, avant de retrouver Mario accompagné d’un Français et un Autrichien, avec qui je vais partager l’expérience de l’andinisme. On fait connaissance autour du déjeuner, nécessaire avant l’accession au camp de base au pied des neiges éternelles, qui culmine à 5130 mètres. Apres 1h20 de montée, on se pose un peu avant de passer à un peu de pratique dans la neige.
L’avantage c’est que le Huayna Potosi n’est pas très technique et l’apprentissage n’est que rudimentaire. Le soir on est une petite dizaine de touristes au refuge et pour tous c’est une première, donc il y a comme un brin de tension, l’occasion du coup de déconner un peu et de raconter quelques conneries avec P-E, le Français en tour en moto en Amérique du sud, dont je vous donne le lien blog ; bornesinamerica.com. Quelques photos du coucher du soleil, une photo de Super Kiki, qui aura un gros succès (évidement quand le surnom du guide est Super Mario) un plat de pâtes plus tard et tout le monde se couche à 19h.
Le réveil se fait à 1h pour un départ à 2h. On part finalement à 3 avec PE et Mario, Armin étant un peu malade et n’ayant pas dormi de la nuit (il fera l’ascension avec Martin, l’autre guide, en faisant des pauses, où il dormira dans la neige par ¼ d’heure…).
Pas besoin de frontale tant la pleine lune nous éclaire, faisant même apparaitre nos ombres sur la neige. On y va tranquillement en faisant quelques pauses. PE durant la montée va fatiguer un peu ; moi j’ai l’avantage d’être bien acclimaté et d’avoir marché en altitude 3 jours durant. Cela me permet de bien profiter de la montée et de vivre vraiment le moment présent. C’est une marche sur glace sur le début avec crampons et piolet avec une petite crevasse à traverser, une partie un peu plus technique, le tout encordé. Mais à l’approche du sommet, le terrain devient raide et il s’agit de bien planter son matériel et de s’y accrocher. Les derniers 150 mètres se font carrément en faisant corps avec la paroi, avant d’accéder à une corniche avec le vide de part et d’autre. En fait, on se retrouve à marcher sur un passage étroit de 40 centimètres avec un renfort de neige sur l’un des cotés. Autant dire qu’à ce moment là, il s’agit pas de se marcher sur les pieds, de se prendre la lanière des crampons ou de riper…
Finalement le sommet atteint, le soleil se lève sur la mer de nuages, d’où dépassent quelques pics, La Paz et le lac Titicaca : que du bonheur ! On profite du paysage, assis à 6088 m sur une congère ne reposant sur rien en fait. Mais il est déjà l’heure de redescendre, en repassant par ces petits passages qui mettent un peu d’adrénaline, le bonheur. Je commence à être à l’aise avec l’équipement et, comme je fais la descente en tête, c’est vraiment un très bon souvenir.
On regagne le refuge du camp de base sous le soleil à la fraiche, en déconnant et faisant des pauses photos, dans un décor enneigé et surréaliste. C’est comme si j’étais dans un documentaire… Bon en même temps, je l’ai fait, et pour moi ca a été une super expérience, à la fois plus facile que ce que je pensais, mais si hors du commun. Après une pause, on repart vers la vallée, chargés de nos gros sacs pour retrouver le véhicule qui nous ramène à la Paz, fin des 5 jours de montagne.
Quelle expérience mémorable….
Allez pour le plaisir quelques tranches d’andinisme…



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