mardi 21 avril 2009

Impressions a 8 mois de voyage

A 8 mois de voyage, on a vraiment des choses à dire…
Mais c’est presque plus à 7 mois ½ de voyage qu’on aurait dû écrire nos impressions…

Parce qu’à 7 mois ½ de voyage, Matthieu traverse une période difficile, tant concernant sa perception du monde qui l’entoure que, de fait, concernant l’ajustement de comportement qu’il juge nécessaire à l’égard de ce monde. Du coup, c’est un Matthieu las, vaguement triste (mais il vous dira que non), désillusionné, pessimiste, qui donne naissance à des idées assez noires. Changerait-il vraiment pour être le con qu’il dit vouloir être? Ne plus aider, ne plus se préoccuper, ne plus être ce qu’il appelle depuis des années “trop gentil”. Et moi d’osciller entre confiance en la bonté de sa nature contre laquelle il ne pourra pas aller très longtemps, et peur d’un changement auquel j’aurais du mal à m’accommoder.

Parce qu’à 7 mois ½ de voyage j’éprouve donc un peu de déception, un peu de tristesse de voir mon amoureux comme ça, puis finalement à mon tour, un peu de lassitude. Lassitude d’entendre ces propos durs, parfois violents pour ma sensibilité et détachés des valeurs auxquelles nous croy(i)ons tous les deux. Puis finalement, suite à certaines petites galères (aujourd’hui des bons souvenirs, ces choses qui sont pénibles sur le moment et qui sont finalement les premières que l’on raconte en riant en rentrant), lassitude du voyage. Plus envie de bouger tous les 3 jours, plus envie de cet éloignement tant des proches que d’un quotidien. Envie d’une journée “à la maison”, envie de voir mes amis, envie de cocooning et de choses faciles parce que connues. C’est la première fois depuis le début du voyage que ce sentiment m’arrive.

Parce qu’à 7 mois ½ de voyage je pense que Matthieu et moi sommes à notre manière chamboulés par le passage de ses parents. La pudeur m’empêche de décrire plus avant ce sentiment mais je pense que l’envie du réconfort des choses connues vient en partie de la réminiscence de l’amour parental que j’ai vu et ressenti pendant ces semaines passées en leur compagnie.
Pas toujours facile le voyage, quand il dure si longtemps.

Alors on envisage notre prochain, parce que cette lassitude ne veut pas dire que je n’aime plus voyager. On dicte : voyager sur un territoire moins grand, avoir plus de temps dans chaque endroit, voyager entre 4 et 7 mois.

Et puis le voyage et ses surprises nous reprend. Nous galérions pour changer un billet d’avion et étions contraints de modifier nos plans et voila que cette “galère” nous conduit chez Tania, Stéphane et leur enfant Aydan. Et nous voila accueillis comme des amis chez eux. Deux jours super, baignés de gentillesse et d’amour. Tania, de culture paraguayenne, est très enjouée, toujours souriante, ne se souciant que du positif ; Stéphane quant à lui, de culture française, est un baroudeur vaguement contestataire avec qui on aura grand plaisir à parler voyage et misère dans le monde puisqu’il a connu Tania lors de son tour du monde… et lequel… On vous a laissé son blog en lien, allez-y faire un tour. Alors entre fête, sourire, décontraction, gentillesse, conscience aigüe de l’état du monde, culture et philosophie, nous prenons un bain de jouvence et rebondissons. Le voyage ce sont aussi ces rencontres exceptionnelles qui, comme un petit moment tout bête peut contenir toute une vie, ont le mérite de modifier votre perception. Rien de magique, nous avons eu d’autres galères juste en les quittant, mais le mouvement intérieur était déjà là.

Le mouvement continue, il pousse les frontières du voyage et, à 8 mois de voyage, on envisage le retour. Moi qui ai mal vécu mon travail sur la dernière année, je me demande comment être moins stressée par le boulot. Travailler moins? Arrêter le libéral et me tourner vers une institution? Le voyage m’a fait beaucoup réfléchir sur l’éducation et les rapports parents/enfants. J’ai envie que ce voyage-là continue. Alors changer de travail ou changer ma façon de travailler? Les choses se dessinent petit à petit.
Le retour c’est aussi comment s’entourer des bonnes personnes alors c’est le plaisir de certaines bonnes nouvelles… A distance je fais comme si je pouvais choisir comment allait être ma vie sociale, privée. A distance, on a toutes les cartes en main et on a tout loisir de pouvoir dicter ce que l’on veut. Cette mise au point nécessaire pour moi après tant de déboires avant de partir, se fait calmement, sereinement. Et rien qu’à travers ça, je vois que le changement est là.

A 8 mois de voyage je suis bien. Contente de ce que l’on a vécu et de ce que l’on vit encore. J’ai confiance en l’avenir dont j’ai l’impression de prendre soin.
Aujourd’hui, je suis dans le présent du futur pour que le futur se présente bien.

Aude


Ça fait 8 mois de voyage et c’est toujours bon de profiter du voyage. Je me dis que le monde est beau, mais rempli de cons ; parfois je dois être l‘un d’entre eux. Difficile de toujours faire attention à l’autre, de se dire que l’on fait des choses pour les autres sans en attendre rien en retour. Mais quand les gens font preuve d’égoïsme et de méchanceté, où dois-je me situer? Je me dis que tout à ses limites. En fait pas facile de rester droit dans ses bottes avec des principes d’honnêteté, de compassion ou de fraternité. C’est sans doute plus facile d’être un gros bourrin et de se dire que je n’ai pas de cape. Alors chacun sa merde et si je veux pas me faire bouffer et bien bye-bye les belles idées. Et puis, il y a cette joie de vivre partout, mélangée à des conditions de vie intolérable, qui donnent à réfléchir. Ici, on travaille pour 50 euros par mois sans artifice, avec pour seule richesse, un sourire, de quoi dormir (un téléphone portable, parce qu’il faut pas déconner) et le plaisir simple de vivre et de partager le temps avec les autres. La vie peut, ou doit, être simple. Sans attendre quoi que ce soit tout en essayant de croire à des idéaux qui ne se réaliseront pas, car si ces idéaux sont perdus, ils ne restent pas grand-chose, alors soyons hypocrites : pleurons pour ceux qui se font tuer dans les guerres, dénonçons ceux qui exploitent, râlons sur notre condition (on est toujours le plus à plaindre de celui qui a “plus” que nous) et allons nous coucher en espérant que rien ne nous arrive et nous fasse passer de l’autre coté. Car personne ne fera rien désormais.
On a toujours le choix : de ce que l’on va faire, de ce que l’on veut être et finalement peu importe ce qui se passe, il faut réussir à faire ce qui semble être important et juste. Cet équilibre là je pense l’avoir acquis, ce qui ne m’empêche pas de toujours être surpris par la bêtise humaine, les injustices et faire ma petite fourmi pour ce qui est de faire des bonnes choses et en essayant de transmettre de bonnes ondes autour de moi. Par contre, il ne s’agit pas de me la faire mettre profond et ma tolérance a des limites : un peu plus restreintes et les conséquences de leur dépassement encore plus.

A 8 mois, je commence à penser au retour sur la métropole puis sur la Réunion, car c’est là-bas que ça va être bon de rentrer, histoire de profiter d’un cadre qui me convient. Je n’ai pas envie de rentrer de suite, mais il faut forcement anticiper le retour dans quelque chose qui avait une fin dès le début et c’est avec plaisir que je l’envisage.
Je pense aussi que je vais repartir en voyage plus tard ; les gens de partout ont une philosophie qu’ils m’ont fait partager avec leur gentillesse, leur amour, leur partage, leur joie, leur simplicité et leur beauté. Il y a des gens qui valent plus le coup que le mec qui habite en face de chez moi. J’espère juste pouvoir aussi le voir plus facilement autour de moi.
Je veux juste profiter davantage des gens qui valent la peine et qui ne sont pas fermés d’esprit : attention j’arrive chez vous dans 2 mois!

Matt

4 commentaires:

Familia Santiago a dit…

Allez les Loulous profiter bien de vos derniers instants, et dites vous qu'au retour pleins de bras ouverts et de joie de vous retrouver ou de faire votre connaissance vous attendent.
Il n'est pas question de trainer les pieds sur ces dernieres semaines, faudrait pas nous laisser tomber nos guides du routard.
Je suis quand même désolé d'être d'accord avec vous pour la bêtise humaine, la place peu respectueuse accordée à la gentillesse, et tout le reste...mais je ne m'étale pas, on va pas en remettre une couche.
Prenez en un max, préservez vous des salauds et des connards, parce que quand ça sera fini, ça sera plus le moment de regretter.
Alors encore des belles histoires pleines d'humour, des jolies photos...Sinon taquet à votre retour, nondidiou!!!!
La famille Santiago vous embrasse très tendrement et vous dit à la prochaine

fannie a dit…

je vous assure, je vous rejoindrais bien quelque part. l'envie de bouger est assez presente ces derniers temps, bien que tout se passe bien.

remarque, je monte bientot a delhi le temps d'un entretien pour le poste de chennai donc ca va faire du bien.
les microcosmes c'est bien, mais le probleme dans microcosme, c'est justement le cote 'micro'.

et puis il fait chaud, tres chaud,

et je peux meme pas me baigner parce que j'ai toujours des scratchs (j'ai glisse en moto sur la ECR, rien de grave du tout, mais je me retrouve avec des croutes un peu partout du cote droit!)

comment ca arrete de te plaindre???

ok, je me jette... ou je me cale sous un fan...
des bisous !

fannie

audetmatt Rakikite a dit…

Coucou

Ma soeur, pour nous rejoindre il va falloir faire vite! Mais j'imagine que ca va etre complique... Tant pis, on se verra cet ete en France!
J'espere que tes "croutes" cicatrisent bien... Argh!
Je t'embrasse bien fort!

Merci aussi a la famille Santiago qui nous apporte souvent le plaisir de leurs commentaires... J'ai maintenant hate de faire votre connaissance pour partager en vrai!

Bisous a tous et merci de votre lecture reguliere de notre blog, ca nous fait chaud au coeur!

Aude

fannie a dit…

Bon bah on se rejoint à paris en fait..!

j'espère pouvoir rentrer en france et trouver ton visage a mon arrivee à CDG, histoire de retrouver la chaleur que j'aurais quittee en decollant du sol indien...

mon visa expire le 19 juillet, donc le retour se fera entre le 15 et le 19 juillet.

sinon, on se verra apres, je resterai sur paris au debut, chez ma akka coloc' indienne (agnès, enfin t'avais compris!)...

et puis, j'espere bien qu'on pourra se voir longtemps et souvent, et avoir un semblant de quotidien ensemble cet ete...

je t'embrasse,
il me tarde de te voir

fannie

ps: aux lecteurs de ce blog, si vous avez, par hasard des plans appart' sur paris, je suis preneuse ! (ca coute rien d'essayer...!)