lundi 27 avril 2009

L'Altiplano

Pour aller à Challapata depuis Uyuni, on décide de prendre le train qui part aux alentours de 1 heure du matin. On prend le temps de dormir un peu avant d’attraper le nocturne venant du Chili, qui nous fait arriver à 6h du matin. Le contrôleur passe dans le wagon : “Challapata”! Aude répondant “Si” de suite, avant qu’il fasse une tête bizarre. Il nous redemandera si on veut réellement rester ici… Visiblement personne ne s’arrête là. En même tems il y a qu’un seul hôtel dans la ville. On pose les affaires et l’on consacrera la journée à essayer de s’imprégner de l’endroit, à voir comment va se passer notre temps ici, voir les rencontres avec les gens et peut-être quelques truc à faire… Finalement après un petit déjeuner aux aurores dans la rue, avec beignet et chocolat chaud, on fait une petite sieste. Car dans le train, il faisait assez frais, donc on profite de la chambre avant de faire un tour sur le marché. En fait, c’est une petite ville et on a pas eu le contact que l’on souhaitait avec les gens. Difficile parfois de faire la rencontre ou de la créer, pour avoir un contact un peu différent avec des gens sans aucun lien avec le tourisme. Tant pis, cela ne nous a pas empêche d’aller sur la place pour s’exercer un peu à la Salsa, juste pour le plaisir (aussi pour réviser, surtout bien compter les pas, par exemple!!). Le lendemain on part avec le bus du matin pour Oruro, grande ville du pays, connue entre autre pour son carnaval... en Février… Avant même d’arriver le nom d’Oruro raisonnait déjà tellement le rabatteur du bus aura crié sur la place tout le temps où l’on y était. Oruro est un nom que j’arrive assez bien à reproduire, mais je vous laisse voir et entendre un aperçu du maître…

Finalement, on arrive à Oruro, prenons un taxi pour ce mettre en quête d’un hôtel. Com d’hab, on n’a pas regardé sur le guide que l’on a sur l’ordi, donc ce sera au feeling et en moins de 15 minutes, on trouve le petit hôtel, accueilli par Luis, le dueno, grand sourire, petit visage à la d’Artagnan. Très bien, on en profite pour faire un peu de salsa presque chez l’habitant! Il prendra grand soin de nous présenter son épouse et ses 4 enfants. Il nous expliquera d’ailleurs que 4 c’est le minimum, car lui-même a perdu 3 de ses frères. Donc il en faut 4, car 1 ne suffit pas au cas où il meurt, mais 2 ce n’est pas assez, car si l’un meurt l’autre devient enfant unique, alors il en faut 3. Mais après il nous dit que 4 c’est bien aussi, car quand on aime, et bien on… Bah on s’arrête quand même car il aurait peur de s’arracher les cheveux! Comme quoi la mortalité des enfants est bien présente ici. Du coup, pour leur remonter le moral, je donne à sa femme mes chaussures, n’ayant pas pu les laver depuis… 1946 je crois. Un grand bravo à la dame qui a presque risqué sa vie! Pendant ce temps, vous vous doutez bien que l’on est parti s’aérer les poumons, le temps d’une balade dans la ville et pouvoir monter au pied d’une croix qui domine la ville (c’est facile, il y en a partout!). C’est le coin aussi des amoureux. C’est l’une de ces balades où l’on prend le temps de papoter sur plein de trucs, de ce qu’on voit, de ce que l’on entend, de rien, de tout, de ce qu’on veut (ou pas d’ailleurs), ce qu’on pense (ou pas d‘ailleurs aussi!). Le soleil se couche et il commence à faire froid, donc on rentre, en faisant un tour au marché qui rassemble dans tous les centres de ville, l’activité économique et sociale puisque les gens ici négocient, discutent, prennent des nouvelles, viennent voir, boivent, mangent, mais pour nous ils font aussi des jus de fruits. C’est notre quotidien de se faire un petit jus de fruit frais con lèche dans la journée et quelques jus d’orange/pamplemousse sur le pouce dans la rue. Il faut bien cela pour, au petit matin (vers 11h c’est encore “Buenas Dias“), aller au musée anthropologique national de Oruro.

Ce musée rassemble de jolies pièces retraçant la vie des précolombiens d’ici, connus sous le nom de la culture Tiwanaku, durant plus de 2000 ans et remplacées/reprises ensuite en 1400 (“mas o menos”) par les Incas. Les peuples avant les Incas étaient assez variés, ayant plusieurs dialectes repartis en 3 catégories : Aymara, Puquina et Quechua, aux pratiques similaires mais différentes suivant leur lieu d’habitation géographique. Les pièces exposées, de la tribu de Chypaillan, sont en pierre, céramique, puis en métal, travaillant le fer, l’or ou l’argent, à l’aide d’un système de four en terre en forme de cheminée. Encore une fois, admirablement conservées, on peut observer des momies de plus de 600 ans. On peut admirer des détails de peau, de cheveux, d’ongles, dans des postures recroquevillées, assez souvent de taille moyenne (la moyenne étant pas grande). Une fois les viscères enlevées, les corps sont enveloppés dans des paniers tressés, afin d’être placés dans un tombeau de forme cubique. Plusieurs sites sont ainsi éparpillés aux alentours de Oruro. Le plus insolite semble être un site traversé par une route, qui a pris soin de “Ne pas altérer/détériorer pas le site”?!?!…”Euh,…. Comment dire?”

Dans cette culture, comme régulièrement chez les peuples andins, les crânes présentés montrent des déformations marquant le rang social et aux techniques variées de déformation : annulaire par la pose d’anneau et par serrage de 2 planches angulaires…



Ca donne des crânes tubulaires, allongés, avec le front plat, on voit bien sur les illustrations que ça fait une tête particulière…. Ca vous dit?

Mais Oruro c’est aussi le carnaval, avec de bien jolis costumes liés la base à diverses croyances, souvent emplumés, grimaçants, faisant la satyre d‘un représentant ou à l’effigie d‘une divinité.

Le musée se termine avec un regard sur un petit groupe d’enfants qui fait la visite en sortant de l’école, sympa.

On repart de Oruro après un tour au marché, bonne ambiance, avant de prendre le bus un jour férié. Direction La Paz, on va reprendre un peu d’altitude.

dimanche 26 avril 2009

Salsa canette

Apres la salsa tubbing, admirez la performance de salsa sur une canette...

samedi 25 avril 2009

Salsa en Bolivie

Salsa au lever de soleil sur le Salar d'Uyuni, pour un moment assez magique...

mardi 21 avril 2009

Impressions a 8 mois de voyage

A 8 mois de voyage, on a vraiment des choses à dire…
Mais c’est presque plus à 7 mois ½ de voyage qu’on aurait dû écrire nos impressions…

Parce qu’à 7 mois ½ de voyage, Matthieu traverse une période difficile, tant concernant sa perception du monde qui l’entoure que, de fait, concernant l’ajustement de comportement qu’il juge nécessaire à l’égard de ce monde. Du coup, c’est un Matthieu las, vaguement triste (mais il vous dira que non), désillusionné, pessimiste, qui donne naissance à des idées assez noires. Changerait-il vraiment pour être le con qu’il dit vouloir être? Ne plus aider, ne plus se préoccuper, ne plus être ce qu’il appelle depuis des années “trop gentil”. Et moi d’osciller entre confiance en la bonté de sa nature contre laquelle il ne pourra pas aller très longtemps, et peur d’un changement auquel j’aurais du mal à m’accommoder.

Parce qu’à 7 mois ½ de voyage j’éprouve donc un peu de déception, un peu de tristesse de voir mon amoureux comme ça, puis finalement à mon tour, un peu de lassitude. Lassitude d’entendre ces propos durs, parfois violents pour ma sensibilité et détachés des valeurs auxquelles nous croy(i)ons tous les deux. Puis finalement, suite à certaines petites galères (aujourd’hui des bons souvenirs, ces choses qui sont pénibles sur le moment et qui sont finalement les premières que l’on raconte en riant en rentrant), lassitude du voyage. Plus envie de bouger tous les 3 jours, plus envie de cet éloignement tant des proches que d’un quotidien. Envie d’une journée “à la maison”, envie de voir mes amis, envie de cocooning et de choses faciles parce que connues. C’est la première fois depuis le début du voyage que ce sentiment m’arrive.

Parce qu’à 7 mois ½ de voyage je pense que Matthieu et moi sommes à notre manière chamboulés par le passage de ses parents. La pudeur m’empêche de décrire plus avant ce sentiment mais je pense que l’envie du réconfort des choses connues vient en partie de la réminiscence de l’amour parental que j’ai vu et ressenti pendant ces semaines passées en leur compagnie.
Pas toujours facile le voyage, quand il dure si longtemps.

Alors on envisage notre prochain, parce que cette lassitude ne veut pas dire que je n’aime plus voyager. On dicte : voyager sur un territoire moins grand, avoir plus de temps dans chaque endroit, voyager entre 4 et 7 mois.

Et puis le voyage et ses surprises nous reprend. Nous galérions pour changer un billet d’avion et étions contraints de modifier nos plans et voila que cette “galère” nous conduit chez Tania, Stéphane et leur enfant Aydan. Et nous voila accueillis comme des amis chez eux. Deux jours super, baignés de gentillesse et d’amour. Tania, de culture paraguayenne, est très enjouée, toujours souriante, ne se souciant que du positif ; Stéphane quant à lui, de culture française, est un baroudeur vaguement contestataire avec qui on aura grand plaisir à parler voyage et misère dans le monde puisqu’il a connu Tania lors de son tour du monde… et lequel… On vous a laissé son blog en lien, allez-y faire un tour. Alors entre fête, sourire, décontraction, gentillesse, conscience aigüe de l’état du monde, culture et philosophie, nous prenons un bain de jouvence et rebondissons. Le voyage ce sont aussi ces rencontres exceptionnelles qui, comme un petit moment tout bête peut contenir toute une vie, ont le mérite de modifier votre perception. Rien de magique, nous avons eu d’autres galères juste en les quittant, mais le mouvement intérieur était déjà là.

Le mouvement continue, il pousse les frontières du voyage et, à 8 mois de voyage, on envisage le retour. Moi qui ai mal vécu mon travail sur la dernière année, je me demande comment être moins stressée par le boulot. Travailler moins? Arrêter le libéral et me tourner vers une institution? Le voyage m’a fait beaucoup réfléchir sur l’éducation et les rapports parents/enfants. J’ai envie que ce voyage-là continue. Alors changer de travail ou changer ma façon de travailler? Les choses se dessinent petit à petit.
Le retour c’est aussi comment s’entourer des bonnes personnes alors c’est le plaisir de certaines bonnes nouvelles… A distance je fais comme si je pouvais choisir comment allait être ma vie sociale, privée. A distance, on a toutes les cartes en main et on a tout loisir de pouvoir dicter ce que l’on veut. Cette mise au point nécessaire pour moi après tant de déboires avant de partir, se fait calmement, sereinement. Et rien qu’à travers ça, je vois que le changement est là.

A 8 mois de voyage je suis bien. Contente de ce que l’on a vécu et de ce que l’on vit encore. J’ai confiance en l’avenir dont j’ai l’impression de prendre soin.
Aujourd’hui, je suis dans le présent du futur pour que le futur se présente bien.

Aude


Ça fait 8 mois de voyage et c’est toujours bon de profiter du voyage. Je me dis que le monde est beau, mais rempli de cons ; parfois je dois être l‘un d’entre eux. Difficile de toujours faire attention à l’autre, de se dire que l’on fait des choses pour les autres sans en attendre rien en retour. Mais quand les gens font preuve d’égoïsme et de méchanceté, où dois-je me situer? Je me dis que tout à ses limites. En fait pas facile de rester droit dans ses bottes avec des principes d’honnêteté, de compassion ou de fraternité. C’est sans doute plus facile d’être un gros bourrin et de se dire que je n’ai pas de cape. Alors chacun sa merde et si je veux pas me faire bouffer et bien bye-bye les belles idées. Et puis, il y a cette joie de vivre partout, mélangée à des conditions de vie intolérable, qui donnent à réfléchir. Ici, on travaille pour 50 euros par mois sans artifice, avec pour seule richesse, un sourire, de quoi dormir (un téléphone portable, parce qu’il faut pas déconner) et le plaisir simple de vivre et de partager le temps avec les autres. La vie peut, ou doit, être simple. Sans attendre quoi que ce soit tout en essayant de croire à des idéaux qui ne se réaliseront pas, car si ces idéaux sont perdus, ils ne restent pas grand-chose, alors soyons hypocrites : pleurons pour ceux qui se font tuer dans les guerres, dénonçons ceux qui exploitent, râlons sur notre condition (on est toujours le plus à plaindre de celui qui a “plus” que nous) et allons nous coucher en espérant que rien ne nous arrive et nous fasse passer de l’autre coté. Car personne ne fera rien désormais.
On a toujours le choix : de ce que l’on va faire, de ce que l’on veut être et finalement peu importe ce qui se passe, il faut réussir à faire ce qui semble être important et juste. Cet équilibre là je pense l’avoir acquis, ce qui ne m’empêche pas de toujours être surpris par la bêtise humaine, les injustices et faire ma petite fourmi pour ce qui est de faire des bonnes choses et en essayant de transmettre de bonnes ondes autour de moi. Par contre, il ne s’agit pas de me la faire mettre profond et ma tolérance a des limites : un peu plus restreintes et les conséquences de leur dépassement encore plus.

A 8 mois, je commence à penser au retour sur la métropole puis sur la Réunion, car c’est là-bas que ça va être bon de rentrer, histoire de profiter d’un cadre qui me convient. Je n’ai pas envie de rentrer de suite, mais il faut forcement anticiper le retour dans quelque chose qui avait une fin dès le début et c’est avec plaisir que je l’envisage.
Je pense aussi que je vais repartir en voyage plus tard ; les gens de partout ont une philosophie qu’ils m’ont fait partager avec leur gentillesse, leur amour, leur partage, leur joie, leur simplicité et leur beauté. Il y a des gens qui valent plus le coup que le mec qui habite en face de chez moi. J’espère juste pouvoir aussi le voir plus facilement autour de moi.
Je veux juste profiter davantage des gens qui valent la peine et qui ne sont pas fermés d’esprit : attention j’arrive chez vous dans 2 mois!

Matt

De Tupiza au salar d'Uyuni

Les paysages lunaires du Sud-ouest de la Bolivie, ses lagunes et ses salars etaient sans doute parmi les paysages les plus attendus du tour du monde, une des étapes fortes de notre parcours et par là, un foyer d’attentes… Alors pour explorer cette région fantastique, on a tenu compte de notre expérience de la baie d’Ha Long et on a opté pour la sécurité… Tout d’abord, nous avons choisi d’écouter les précieux conseils d’un couple d’Allemands rencontrés dans le Pantanal qui nous avait expliqué comme le tour depuis Tupiza, bien que plus cher, évitait de se retrouver dans les caravanes de touristes en provenance d’Uyuni. Ensuite parce qu’on a pris les 3 jours passés à Tupiza pour faire le tour des agences et choisir, non seulement la formule sur 5 jours plutôt que les traditionnels 4 (pour avoir plus de temps sur le Salar), mais aussi l’agence que l’on “sentait” le mieux, celle parmi lesquelles on a été le mieux accueillis, celle dans laquelle on est restés discuter longuement avec ses deux jeunes et aimables tenanciers, j’ai nommé : Llipi Tour. On ne mentionne que rarement des noms, préférant à l’aspect “guide de voyage” le coté “sensations de voyage”, et mettant du coup l’accent sur les compagnies ou hôtels qui sont pour nous de vrais coups de cœur. Llipi Tour et nos 5 jours en jeep en font désormais partie.
Nous partons donc à trois voyageurs, faute de personnes intéressées par ce format hors format, et nous partons un jour qui est “Paro dia” (jour arrêté) pour les habitants de Tupiza. Ceux-ci réclamant le goudronnage d’une voie d’accès à la ville, tout sera fermé le jour de notre départ, magasins, mais aussi routes, rendant impossible le prévu départ à 9h. On part donc à 5h du matin pour éviter la barrière interdisant les mouvements d’entrée ou de sortie de la ville. En pleine pénombre, emmitouflés dans nos épaisseurs anti-froid, nous faisons la connaissance de William, notre chauffeur, de Stalia, notre cuisinière, puis de Sylvaine, Française baroudeuse qui nous accompagnera pendant ces 5 jours. Malgré la fatigue en ces heures matinales, nous prenons nos aises dans l’immense jeep (accueillant jusqu’à 6 personnes laa où on est 3) en faisant connaissance. Sylvaine a passé les 6 premiers mois de son année sabbatique en Inde et consacre la deuxième moitie à l’Amérique du Sud. Le ton est donné : la conversation roule (en amassant la mousse de notre sympathie!) très vite sur la politique! Et oui, c’est à 6 heures du matin que l’on refait le mieux le monde! Sylvaine se lance et c’est parti pour le bombardement de questions à William sur les changements en cours en Bolivie. Il est vrai, et laa je sens bien que je suis partie pour en faire un paragraphe, que de grandes étapes viennent d’être franchies ici et que d’autres restent à venir. Le premier président indigène, Evo Morales, s’est battu longuement contre l’immobilisme des quelques riches “blancs” du pays (hauts placés il va sans dire) pour faire passer sa nouvelle constitution. En se baladant dans le pays on ne peut pas ne pas voir la quantité de “Constitution vote si” et autres “Bolivia libre” qui tapissent les murs des maisons… En effet, après de nombreux refus des opposants attachés à leurs petits privilèges (ils sont donc partout, ceux-là…), Evo Morales a enfin pu faire passer ladite constitution qui donne à chacun le droit d’auto identification, qui punit les discriminations et fait ainsi enfin entrer les indigènes dans le droit… Droit de vote, droit à la protection civile, droit de non-agression, autant d’apparentes évidences quand on observe la proportion de ces indigènes dans la population, mais aussi autant de lacunes légales jusqu’alors. Alors on interroge : et la nationalisation prônée par le président? Et la feuille de coca mâchée aux Nations Unies? Et la représentativité du peuple? Sylvaine ne tarit pas de questions et William se montre pour le moins prolixe dans ce sujet qu’il semble bien maitriser (comme beaucoup d’indigènes ici). Et la France dans tout ça? Et notre constitution? A quand sa révision? Comptabiliser les votes blancs pour que notre aimé Président ne puisse pas dire que 56% des Français l’ont élu, ou carrément passer à un régime parlementaire pour que les “petits partis” gagnent enfin en représentativité? La discussion est vive ; Sylvaine est extrêmement cultivée et intéressante… et sa mère est syndicaliste… Nous débattons et apprenons… Quel échange passionnant! Je vous passe bien sûr nos jugements de valeur (“ Nicolas Sarkozy est un bof”, “tu vas voir qu’en se faisant tout petit (encore plus petit???) sur la dernière année, il va se faire réélire”) mais bon, disons que nous nous retrouvons bien sur notre insatisfaction et sur notre étonnement à voir l’inexistence de la gauche sur la scène politique française (ou devrais-je dire sarkosiste). Alors que penser? Que la gronde va bien finir par arriver et que Nicolas Sarkozy entrera dans l’Histoire comme l’homme ayant soulevé la deuxième révolution française? Ou que, comme la grenouille (mise dans une cuve d’eau que l’on chauffe progressivement, elle ne sent pas la chaleur l’engourdir et quand l’eau est assez chaude pour la cuire, la petite grenouille n’a plus l’énergie de sauter hors de la cuve), le niveau de tolérance du peuple monte progressivement, acceptant aujourd’hui ce qui était intolérable il y a 6 mois, acceptant ainsi notre inacceptable d’aujourd’hui dans 6 mois? En résumé : quand va-t-on enfin réagir en France??
Et pendant tout ce temps, les paysages défilent… Du Sillar, magnifique canyon où nous nous sommes arrêtés pour voir le lever du jour, nous avons gagné de grandes étendues de steppe montagneuses
et, de virages en virages, nous apprenons à différencier les vigognes des lamas. Un tapis couleur crème d’herbes battues par le vent froid, un ciel bleu vif, des sommets qui se dessinent au loin, et la route qui s’étend à perte de vue. Ces paysages incroyables pour nous sont le quotidien désertique de certains bergers. En rajoutant la notion de l’altitude qui essouffle et rafraichit, on comprend alors toute la dureté de la vie de ces hommes qui, à un moment de leur migration, ont choisi d’élire domicile ici!!! Heureusement pour eux, nous explique William, le prix du lama a fortement augmenté ces 15 dernières années, avec la commercialisation non seulement de la laine de la bête, mais également de sa viande, entrainant ainsi une élévation du niveau de vie des populations locales.
Nous arrivons finalement à San Pablo de Lipez que nous traversons avant de nous arrêter manger à San Antonio de Lipez. La nourriture est abondante, préparée avec soin par Stalia dans la nuit… Quel boulot! Un petit tour dans le “musée” du coin (trois cailloux dans deux vitrines!) et nous reprenons la route jusqu’à la laguna Morejon où on observe les premiers flamands roses.
Ici, les rives abondent d’un dépôt blanc (le coipa?), qui servait de shampooing aux Incas mais qui, pour avoir des vertus détergentes, est dangereux pour nos cheveux ayant connu le shampooing industriel : ça nous atomiserait tous les cheveux! Au loin, le volcan Uturuncu et ses quelques 6000 mètres de haut domine, flanqué de neiges éternelles.
Aller, c’est pas le tout mais on a quand même 1200 km à faire sur nos 5 jours, dont la plupart les 3 premiers alors on file direction Quetena Chica, petit village aux maisons faites de torchis, qui nous accueille pour cette nuit. Une spacieuse chambre aux lits “matrimoniaux” nous ouvre ses portes… Un thé de coca, des petits biscuits et la gentille présence de William nous réchauffent. On est à au moins 3500 m d’altitude et ça caille!!! Un repas copieux, une répétition de salsa sous le regard amusé de William, et on file se coucher. Cette première journée contient les promesses des merveilles du lendemain qu’il nous tarde de découvrir!
Après le réveil matinal de la veille, on avait bien gagné le droit de sommeil jusqu’à 7 heures! Stalia se charge de nous régaler au petit déjeuner et on reprend la route, direction Quetena Grande, village plus grand dans ses terres que sa voisine la Chica, mais qui possède pourtant bien moins d’habitations. Aujourd’hui mille merveilles nous attendent, à commencer par Kollpa Laguna, la traversée du petit salar de Chalviri et des “Rocas de Dali”. Ce lieu improbable mêlant des éclats de roches noires tombées d’on ne sait où dans une étendue de collines de sable, a abrité l’inspiration du peintre Dali et a été baptisé par la suite ainsi par le Lonely Planet! De là, nous commençons à mesurer la chance que nous avons eu jusque là d’être seuls face à tant de beauté : arrivant à notre rencontre depuis le Chili, c’est le défilé des jeeps de touristes… Nous nous félicitons d’avoir choisi de partir de Tupiza et filons sur la laguna Verde. Célèbre pour sa couleur verte saisissante, c’est en ces heures matinales le froid qui l’a saisie et la lagune se montre moins verte que miroir du fait de la pellicule de glace qui a paralysé ses eaux! Qu’à cela ne tienne, nous trouvons tout aussi splendide la contemplation du volcan Licancabur qui s’y reflète.
Celui-ci culmine à pas moins de 5916 mètres d’altitude et a abrité, au temps des Incas, les sacrifices des enfants dédiés à offrir de bonnes récoltes au peuple. Entre perception de l’honneur du fait de donner un l’enfant élu par le peuple Inca aux Dieux et sensation de douleur maternelle à l’idée d’être privée de l’enfant qu’on a fait grandir dans son sein, mon empathie oscille et je regarde ce volcan avec une admiration mêlée de dégoût… Mais bientôt le soleil de 11h réchauffe les eaux de la lagune et le reflet du volcan laisse place à l’apparition d’une couleur verte de plus en plus marquée.
William est déçu ; il dit que la lagune est habituellement d’un vert bien plus vif. Pour nous, la contemplation de ce paysage aux couleurs changeantes était déjà somptueuse… Mais il est l’heure de partir. Nous nous arrêtons regarder, curieux, les tableaux naturels de Dali sur le retour
et faisons halte prolongée devant les thermes.
Et là, quelle n’est pas notre surprise de voir comme le lieu, vierge il y a 1h quand on y a déposé Stalia à l’aller, est maintenant littéralement envahi de touristes! Ce sont pas moins d’une quinzaine de jeeps qui s’y sont arrêtées déjeuner et nous regardons, amusés, les nombreux touristes qui pataugent dans une piscine d’eau chaude devenue trop petite
pendant que nous préférons déjeuner en attendant tranquillement que le convoi s’éloigne! C’est chose faite 45 minutes plus tard… La piscine d’eau thermale est pour nous!
Echarpe, première polaire, deuxième polaire, tee-shirt manches longues, pantalon de ski, chaussures, chaussettes, les couches tombent tristement mais bientôt le petit orteil frileux goûte l’eau et sourit : elle est chaude!!! Quel délice de glisser lentement dans la chaleur enveloppante de la piscine (environ 35 degrés) alors que dehors le froid sévit…

Nous profitons du calme et du cadre, laissant partir devant les caravanes de touristes… Mumm… Comme on est contents d’être là!! Même Stalia vient s’y tremper les pieds!

A la sortie, le corps ayant emmagasiné suffisamment de chaleur, c’est tout en douceur que nous laissons la peau sécher au soleil avant de regagner le douillet des couches de vêtements successives. En route, direction les geysers, enfin les boues bouillonnantes
et les émanations de souffre devrait-on dire!
La journée avance, à grand renfort de caramels, de sucettes, de défilé de paysages désertiques et de soleil sur fond de ciel immensément bleu. Soucieux d’arriver parmi les premiers, le duo William et sa mère Stalia qui vielle au grain (copilote de Paris-Dakar aux regards furtifs vers derrière pour s’assurer que nous ne sommes pas suivis!) nous débarque illico presto à Huallajara, village qui nous hébergera pour la nuit. On place nos sacs dans une chambre, Stalia réserve la table près du poêle et on remonte dans la jeep pour filer, désormais sereins quant à notre sort de cette nuit, vers la laguna colorada. Celle-ci est entrée en lice pour figurer parmi les 7 nouvelles merveilles de la nature et nous comprenons pourquoi au sortir de la jeep. Une étendue d’eau rouge sur fond de montagnes, bordée de la blancheur du borax (je ne suis pas sûre du nom…), un produit utilisé (et exporté) pour la fabrication d’explosifs, et lieu de vie de nombreuses colonies de flamands roses…
Nous sommes sous le charme.

William nous a laissé la possibilité de profiter du site un moment et nous marchons sur les rives de cette magnifique lagune pour nous imprégner davantage du site.
et de ses curiosités devrait-on dire!
Nous rejoignons alors notre refuge pour y apprécier le goûter de Stalia (on ne va quand même pas se laisser abattre!) puis son gargantuesque repas. Il faut dire que la mama est en train de rentrer dans l’histoire des machines de guerre de la bouffe.


Parce que non contente de nous régaler à chaque repas, c’est que, cachée derrière ses tresses et ses vêtements traditionnels, elle passe sa journée à manger!!! Le repas du midi n’est pas fini? C’est pas grave, ça fera son 4 heures dans la jeep! Il reste du coca (ça oui parce que nous, la multinationale…)? C’est pas un problème, elle va s’envoyer le litron dans la journée! Quant aux caramels, on n’est pas dupes et on voit bien que le niveau du paquet baisse bien plus vite que notre consommation! Et voila Sylvaine illuminée par la grâce qui lui trouve son surnom, de circonstance : “Cocaramel“! On passe une chouette soirée arrosée à l’un des alcools locaux, la liqueur de café au cognac et on ferme bientôt les yeux sur les images magnifiques emmagasinées aujourd’hui.
Tout le monde part quasiment en même temps en ce troisième jour et c’est en toute indépendance que Cocaramel se lance dans son autre tache du trip : la vente de bijoux et barrettes en tout genre aux filles du coin! Et il faut voir comme toutes s’arrachent les strass et paillettes!

Après cet intermède commercial, nous arrivons aux pieds du très célèbre arbre de pierre, accueillis par une quantité assez impressionnante de touristes. On décide de prendre un peu d’altitude en attendant que le site se vide, préférant la solitude du désert environnant et de ses montagnes aux couleurs rappelant les quebradas au monde merveilleux du Lonely Planet. En contrebas s’élèvent désormais des blocs de pierre ocre prenant les formes improbables dictées par les lois de l’érosion du désert. C’est ici que l’arbre de pierre défie les lois de la gravite : comme dit Matthieu qui se moque de moi dans l’écriture laborieuse parce que longue de cet article “l’arbre de pierre dont la roche est friable de fragile et dont le sommet est plus lourd que la base faisant que tout le monde se demande comment il tient”! Voila!


Nous quittons le site de la roche friable et filons dans le désert.

Devant nous se dresse un hôtel au prix absolument exorbitant de 100 euros la nuit par personne! Et paraît-il qu’il est complet plusieurs mois à l’avance!! C’est ensuite sous le regard soucieux de Cocaramel, inquiète de savoir si l’on est suivis, que l’on se dirige bon gré mal gré sur des pistes cahoteuses jusqu’à atteindre une partie de piste tellement improbable que l’on est tous obligés de descendre de la jeep et que c’est sous les directives attentives de Cocaramel que son fils s’aventure sur la descente!

Franchement, on a vraiment cru que le duo infernal explorait une nouvelle voie! Mais non, le “raccourci” était connu et nous aurait même fait gagner plus de 10 minutes sur les autres… concurrents?!
La piste nous conduit finalement aux pieds d’une succession de lagunes aux noms impossibles.
A chaque arrêt William, anciennement mécanicien, met la main à la pâte et sauve la mise des jeeps en mauvaise état des …concurrents! On est vraiment bien tombés avec ce duo de choc, dignes des plus grands westerns! Nous élisons finalement la lagune Canapa et ses flamands roses pour déjeuner,
bientôt rejoints par les nombreuses jeeps en provenance d’Uyuni.
Après le repas, nous faisons une nouvelle halte au mirador du volcan Ollague, volcan semi-actif qui projette ses fumeroles dans le ciel.
Ici encore, des paquets de “Yareta”, espèce protégée car en voie de disparition du fait d’être l’une des seules ressources en bois de la région : ses racines profondes offrent en effet une bonne quantité de bois mais, si l’on touche à une partie de la plante, c’est toute celle-ci qui meurt.

Du volcan, nous nous engageons dans le petit salar de Chiguana, traversons la voie ferrée qui relie Uyuni au Chili, longeons le salar de Laguani et, traversant désormais des champs de quinoa, arrivons finalement au jour tombant à l’hôtel de sel de Puerto Chubica, aux portes du gigantesque salar d’Uyuni.
L’hôtel qui nous héberge pour cette nuit porte bien son nom : murs, sols, tables, chaises et sommiers de lit sont entièrement faits de sel.

Une bonne nuit de sommeil par là-dessus et c’est très tôt que nous nous dirigeons vers le salar pour y admirer le lever de soleil. Le spectacle est comme on pourrait l’imaginer : grandiose.

Nous sommes à présent seuls au milieu du salar, toutes les autres jeeps ayant choisi la même ile pour s’arrêter. Le sel est dur, ne marquant même pas les traces de pneu de notre lourde jeep et seules les fissures de respiration du salar viennent perturber l’étendue blanche.
En effet, constitué de plusieurs couches successives (de sel, de terre, d’eau mais aussi de gaz), le salar crée ces fissures comme autant de canalisations pour faire évacuer l’air et les gaz emprisonnés en son sein.
C’est donc une succession de palettes blanches à perte de vue qui sont désormais éclairées progressivement par les rayons du soleil qui perce à l’horizon. Spectacle magique que ce festival de couleurs tant sur le salar que sur les montagnes alentour dont les contours se dessinent au fusain du jeu d’ombre dicté par le jour.
L’émotion de ce paysage laisse néanmoins place à l’imagination et les ombres de nos corps s’étendant à loisir sur ce sol plat démesuré sont le fruit de notre amusement… William, quant à lui, s’est pris pour Rocky et se fait son petit footing matinal. Chapeau!
Une fois le salar illuminé, nous remontons dans la jeep pour filer sur l’une des 22 iles du salar pour y petit déjeuner. Ici, c’est la fête des viscaches, sorte de lapins à la queue longue et vaguement en tire-bouchon,
ainsi que des cactus.
On en profite pour marcher un peu, prendre le temps d’admirer ce paysage incroyable qui s’étend sous nos yeux. On ne le redira jamais assez : le luxe du temps! Un énorme petit déjeuner plus tard et nous partons pour l’Ile du Pescador, qui porte de façon fallacieuse ce nom attribué à une autre ile mais qui est celle du salar destinée aux touristes. Pourquoi? Parce qu’il y a des toilettes répond sans complexe et avec pragmatisme Cocaramel! Et effectivement, ici c’est ticket d’entrée, toilettes publiques et chemins balisés qui font loi. Qu’à cela ne tienne, on en fait notre affaire et partons au milieu des cactus géants faire le tour de cette petite île. En haut, un autel est dressé en l’honneur de la Pachamama, autel qui reçoit des offrandes des touristes : bracelet, pièces, feuilles de coca, mais aussi faux billet de 100$ et cartes de visite! Cocaramel, que l’on a retrouvée là, nous explique qu’ici, il y a un an, a eu lieu un incroyable accident. Une collision frontale de deux véhicules aux réservoirs pleins qui ont donc pris feu… Tous les 16 passagers sont morts carbonisés… Une incompréhension pour les locaux tant le salar est immense et la place pour se croiser illimitée. Alors Cocaramel interprète : “C’est la Pachamama. Ici certains locaux viennent dérober l’argent donnée en offrande. La Pachamama aura rappelé à elle les voleurs”. La face obscure de la Pachamama, enfin une croyance qui met en scène une qualité d’amour et son contraire ; enfin une religion qui apprend à ses disciples qu’elle, comme tout homme, n’est pas bonne ou mauvaise en soi, que chacun porte le bien et le mal, que c’est à chacun de faire jouer ces deux opposés et de lutter tous les jours contre la partie ténébreuse qu’il contient, bien évidemment. Enfin une religion qui ne classe pas d’emblée comme bon ou mauvais un être qui appartiendrait dès lors au Bien ou au Mal, mais qui juge la capacité que chaque individu se doit de développer personnellement à lutter contre le facile épanchement vers le mal. Enfin une religion humaine qui apprend la compassion (envers une action mauvaise) et qui donne à juger un être dans son entier et non pas sur une action isolée, bonne ou mauvaise. On apprécie cette dichotomie qui tranche tellement avec notre manichéenne culture judéo-chrétienne de la lutte du Bien contre le Mal comme si c’était deux entités distinctes…
Redescendant vers les bords du salar, Stalia se montre désormais plus détendue avec nous et, profitant de nos appareils photos (on leur a dit qu’on leur ferait un CD des photos prises), nous invite à la prendre en photo sautant dans l’encadrement de la fenêtre!
Qui l’eut cru! Quelques cactus plus tard et le salar d’Uyuni nous titille à présent les méninges et, sous la direction de maître de William, nous voila partis pour la séance photo! C’est que cette immensité blanche offre un univers des possibles séduisant, dont voici quelques exemples!







Et puis voila William et sa mère qui piètent les plombs, pour notre plus grand plaisir!

Nous quittons finalement l’île pour rejoindre l’extrême opposé du salar, la ville de Coquesa, au pied du volcan Tunupa, le 5400 mètres que l’on s’est mis en tête de monter le lendemain!
Pour l’heure, le volcan domine de sa majesté les murs en pierre du village et les lamas qui y paissent. Un petit tour sur le salar pour y apprécier le calme du soleil couchant et on file se mettre au chaud. Cocaramel nous a préparé le Piri, plat traditionnel bolivien, sorte de grosse semoule que l’on mange en buvant un maté de coca et qui, une fois en bouche, forme une sorte de pain. Après ça, on enchaine sur le repas du soir. C’est bon, on est calés! Direction le lit pour quelques heures de sommeil avant la fameuse ascension…
C’est à 6 heures du matin que l’on met les voiles. On monte une partie en jeep jusqu’au premier mirador, accompagnés d’un groupe qui profite avec plaisir du coup de main apportée par la jeep sur les premiers mètres.
Et puis c’est parti, armés de nos bouteilles d’eau,
pour le début de l’ascension. Fan de “raccourcis”, William nous fait couper directement à travers champs pour monter tout droit. Nous sommes déjà à 4000 mètres d’altitude et la montée se fait… progressivement! Le souffle doit prendre son temps pour trouver l’oxygène et les jambes semblent se fatiguer plus vite. Le sommet apparaît soudain, avec sa roche rouge, grise, orange et noire et ses aiguilles à 5400 mètres. Retrouvant le chemin, nous nous dirigeons vers le cratère. Le sentier est parfois uniquement constitué de caillasses dont la principale caractéristique pourrait être la malice de vous faire descendre d’un mètre quand votre pas tente de vous en faire monter deux… Argh! 42 43 44... Je ne m’arrêterais pas avant la barre fatidique des 50 pas! Matthieu, lui, suit un rythme régulier et relativement rapide.
Il nous a tous mis dedans : William qui souffre de son genou et veille sur nous un peu plus haut, moi, et Sylvaine et les 2 Australiennes qui ont pris le train en marche. Hhhhhhhhou… Reprendre son souffle, revigorer ses jambes et c’est reparti. 45 46 47, aller! On y va! L’arrivée au cratère est maintenant proche et je me surprends à m’encourager toute seule “Aller ma fille!” (prononcer “fi” pour que ça fait bien breton!! J’ai l’impression d’avoir mes grands-parents dans la tête!!)! Et nous y voila ; le cratere ouvre sa forme parfaite sur son écoulement à droite, tandis que les aiguilles narguent avec leurs 5400 mètres… Matthieu est déjà devant et William s’étonne “Tu veux monter??”. Et comment que je vais monter! Je suis quand même pas venu là pour me laisser décourager par les derniers mètres! Rentrer et dire “Ouais, j’avais la possibilité de faire un 5400 mais nan! Je me suis arrêtée avant!” Tu rigoles! 48 49 50, aller ma fi! Devant nous, on aperçoit Matthieu qui, non content d’avoir atteint “la cime” (à peu près 5200 metres seulement mais le reste serait à escalader), continue en direction de la neige.
“Il va vite” nous disent les hommes qu’on a montés avec nous ce matin et qui, eux, n’ont pas hérité du pseudo-raccourci de William! Matthieu les a dépassées. Ben ouais il va vite! Normal, c’est mon mec s’tu veux! Encore quelques efforts et j’y suis! Yyyyyyyyyyyyiiiiiihhhhhhhhhouuuuuuuuu!!!
Le cri de joie n’était pas de trop! La vue, bien méritée, est magnifique, découvrant tout le salar d’Uyuni sous nos pieds et, détaché par le pourtour montagneux, à droite, le salar de Coipasa, montrant bien le coté “déversoir” du salar d’Uyuni qui a, à l’époque où la mer, distante d’ici de seulement une centaine de kilomètres (ah c’est pour ça les mouettes!!!), s’est retirée, récupéré les eaux salées des environs. Sylvaine nous rejoint et nous nous jetons sur la nourriture. Trop génial, la machine de guerre de la bouffe était bien rentrée en action et s’étale devant nous un buffet gargantuesque! On attend encore un peu Matthieu (s’il voulait remonter nous voir) mais bientôt il faut redescendre. Je laisse William et Sylvaine prendre le chemin de crête pendant que je pars à la rencontre de mon amoureux. Pas évidente la descente, mais je suis contente de trouver le truc et surfe désormais aisément sur la piste de cailloux, en position “chasse-la-neige” comme dirait Gad! Profitant de ce monde pour nous tout seuls, Matthieu et moi élisons les bords du cratère pour profiter du paysage et bientôt danser la salsa la plus haute du monde! Puis nous redescendons, au grand damne de nos chaussures qui en prennent plein les semelles. Un peu au pif, on se dirige dans l’étendue sans chemin pour aller dans la direction de Sylvaine et William que l’on a vus un peu plus bas. On fait vite, courant quand c’est possible, car nous avons pris du retard. Matthieu commence à avoir faim… Il est midi et il n’a, lui, rien manger. Mais bientôt, en remontant un des flans du monstre, on arrive à rejoindre William et son garde-à-manger, arrêtés là sur les conseils de Sylvaine qui avait bien compris que ce serait plus rassurant de poursuivre tous les 4 plutôt que de faire 2 groupes… Merci!!!
Le deuxième mirador et ses cairns nous indiquent le chemin… Plus beaucoup à descendre mais pas mal de fatigue, me voila à me laisser aller à la pente les bras ballants pour gagner de la vitesse! Et puis ça y’est, on arrive enfin à la voiture. Ouf!
Avant de redescendre, on se dirige vers “les momies” qui sont à quelques pas d’ici. A l’abri dans une grotte, toute une famille sans doute victime des gaz du volcan a trouvé la mort dans leur maison de roche et se trouvent aujourd’hui là, intactes, conservés incroyablement par le froid et la rareté des bactéries à cette altitude. C’est stupéfiant! Les petits corps de ces humains morts il y a des milliers d’années (vers 4000 à 3500 avant JC) sont là, incroyablement réels. On trouve même des cheveux ou encore des ongles sur certains d’entre eux.
Ailleurs aux alentours se trouvent d’autres momies comme celles-ci, dont une partie a été exportée dans les musées environnants. Mais nous sommes contents de profiter de ce site intact, de l’observation de ces momies dans leur milieu naturel. Peut-être se détérioreront-elles plus rapidement? Et alors? Il restera toujours celles des musées pour témoigner et en attendant c’est selon nous une bonne chose qu’on laisse ses momies là où elles ont toujours été, et que le visiteur puisse les découvrir dans leur habitat.
Il fait grand faim quand nous arrivons à la table dressée par Stalia-Cocaramel. Une fois le repas englouti, nous repartons pour le musée de sel du salar. Nous y saisissons l’opportunité d’offrir à boire (et du chocolat à manger bien sûr pour Cocaramel, soyons rassurés!) aux magiciens de ces 5 jours. Depuis les moments photos du salar, nous avons vraiment apprécié la complicité du duo infernal, qui a du coup porté beaucoup la réussite de ces 5 jours. Gentillesse, douceur, bienveillance, culture, humour et connivence auront vraiment été les maîtres-mots de ce trip de Tupiza à Uyuni et c’est à regret, alors que l’on traverse la culture de sel,
que l’on quitte le salar, et bientôt la mère et son fils. Déposés à la tombée de la nuit devant un hôtel, on se donne rendez-vous pour leur donner le CD de photos quelques temps plus tard. Des embrassades, des remerciements. Le tour est terminé, il est temps de dire au revoir. Sylvaine nous accompagnera encore une soirée et partira le lendemain d’Uyuni. Quand à nous, nous restons là encore une journée pour profiter du repos, de l’écriture et d’internet. Uyuni est une ville touristique et bientôt le flot d’Israéliens et d’Anglo-Saxons a raison de nous. Cherchant à échouer dans un petit endroit de l’altiplano, on désigne sur la carte Challapata…

nb : Merci à Sylvaine, avec qui nous avons partagé nos photos, et qui est l'auteur de certaines des photos affichées dans cet article...