samedi 28 février 2009

Buenos Aires

Nous restons plus d’une semaine à Buenos Aires, c’est vous dire si la capitale nous a séduits par son charme et son éventail de possibilités. Nous qui d’habitude n’aimons pas les grandes villes!
Notre visite commence par le musée des beaux arts via le métro, et quel métro!


La vieillesse de la rame lui donne un air de poussière et du coup une certaine humanité. Quant au musée en question, il expose au premier étage une collection d’œuvres latino-américaines. Nous commençons par la partiepré-colombienne, une succession de quelques salles exposant des objets type céramique ocre aux motifs géométriques ou gravés de blanc pour faire apparaitre un dessin. On retrouve une caractéristique de cette époque : le T du visage, comprenez les barres des sourcils et du nez en un seul bloc. Toujours la même rengaine par contre, à savoir que je suis déçue de n’avoir pas d’explications par exemple sur la signification de cette symbolique. Autrement dit, cette représentation en T est très caractéristique… oui mais de quoi?! A moins que le manque d’explications ne cache un manque de culture… Mais ça, c’est un autre débat…
La suite de la visite, ce sont des tableaux qui suscitent moins mon intérêt, je l’avoue. Des toiles de style italien (merci Martine la connaisseuse!) sont transportées dans le temps pour être produites ici bien plus tard. On apprendra par la suite que le pays ne disposant pas de courant propre, les artistes locaux ne faisaient que copier ce qu’ils voyaient, c’est-à-dire les toiles d’imminents artistes Européens inconnus importées ici. Les codes vestimentaires, de couleur ou encore de texture avaient toute leur importance puisqu’un système bien précis permettait d’établir la hiérarchie ou des traits de la personne tels son caractère. Le peintre chargé de faire le portrait travaillait donc avec la réalité physique, les courants européens, et les contraintes de prestance, tout ça étant parfois bien éloigné… Finalement l’exposition retrace les différents courants dans la peinture argentine, jusqu’à la fameuse période contemporaine, que je qualifierais de… libre! Enfin moi, l’art contemporain… Encore quelques marches et nous débouchons sur une expo photos très intéressante avec l’adulée Evita, morte à 33 ans d’une leucémie après avoir, en peu de temps, offert des avancées sociales incroyables aux Argentins : création d’écoles, d’hôpitaux, de centres de vacances, mais encore mise en place d’un salaire minimum, réduction du temps de travail ou syndicats. On comprend l’impact que cette femme a eu sur ce peuple qui, pourtant si machiste, continue à arborer le visage de la sacrée Evita sur les panneaux de grévistes ou dans les manifestations. Evita reste celle que les Argentins cherche derrière chaque visage politique, LA référence absolue, celle qui a obtenu tous les suffrages. Autre photo qui retient l’attention, celle du Che mort. On ne connaît pas beaucoup cet aspect de la…vie du Che, capturé sur dénonciation alors qu’il combattait dans la forêt bolivienne en vivant aux yeux de tous, pour être finalement, après 3 jours de détention et interrogatoires, “assassiné” c’est-à-dire fusillé de plusieurs balles dans le dos. La photo intervient juste avant que le corps du symbole de la révolution ne soit tout bonnement balancé dans une fosse commune (on ne le retrouvera que de nombreuses années plus tard). La grosse classe, comme fin d’une idole, quoi. Dernière partie du musée, le rez-de-chaussée qui présente des œuvres européennes qui ont eu toute l’attention de Martine, peintre et amatrice d’art. Matthieu, Baptiste, André et moi, nous, on se contentera d’une visite éclair (vous savez, genre “ça oui… ça ok…”), préférant finalement regarder les trombes d’eau qui se déversent à présent dehors (prenez votre temps Martine, on n’est pas pressés de sortir!).

Aller, on a bien mérité une petite pause déjeuné ; direction Tea connection, LE lieu consacré au thé dans lequel ils ont quand réussi à embaucher un serveur qui, dubitatif quant au filtre contenant le thé, fini avec l’air de rien par jeter les 4 feuilles dans la théière et repartir avec ledit filtre! Balaise, non, un mec qui ne connait rien au thé à ce point dans un salon… de thé?!
Avec tout ça, il est déjà l’heure d’aller au foot… Mais Matthieu vous racontera ça mieux que moi, hein!

Le lendemain, guidés par les parents de Matthieu, nous visitons la ville et ses monuments,
traversant la célèbre place du 25 de mayo.
Cette place a en effet été le théâtre d’une bonne partie des plus grands événements du pays, depuis le 25 mai 1810, formation du premier gouvernement argentin indépendant jusqu’aux lamentations des mères des desaparecidos, ces victimes de la dictature tués en étant jetés d’un avion en plein vol (si, rappelez-vous, ce que Berlusconi, alias Monsieur “c’est comme un week-end de camping” la vie sous tente après le tremblement de terre… a récemment qualifié de détail de l’histoire… Ah ce Berlusconi, toujours le mot juste…). On tente ensuite le musée historique qui s’avère fermé, comme la basilique. Bon, retour sur le plan
ça y'est! On a trouvé quoi faire!
et direction Caminito, la célèbre rue coloré du quartier de la Boca.
Caminito c’est un peu le foyer du tango et de la culture footballistique, une sorte d’huile essentielle de l’âme argentine.
Nous y decouvrons la danse traditionnelle gaucho, sponsorisee par les cordonniers…

Ce sont ses maisons colorés dignes des BD les plus fantaisistes

dans lesquelles évoluent badauds, touristes, danseurs de tango à même le pavé, vendeurs de photo souvenir façon vieille fête foraine, la tête dans le trou du dessin grandeur réelle, et mannequins débauchées posant en bas résille et vêtements de prostituées, la main sur le sein. Caminito c’est-ce métissage d’art, d’artisanat et de populaire. En un mot : superbe.
Je rentre avec Baptiste pendant que Matthieu et ses parents continuent la visite dans un autre quartier, San Telmo, dans lequel nous irons ensemble plus tard. Quant à moi, je me confronte avec ma petite robe noire, à la culture latino… Impossible de marcher toute seule habillée comme ça dans la rue sans me faire suivre, sifflée ou interpelée, au point où je demande renfort au pauvre Baptiste, embauché comme garde du corps de la demoiselle désormais en jogging genre “c’est moche, là?”, pour faire les boutiques de chaussures de tango! Et là je dois tirer mon chapeau parce que faire du shopping avec une femme, c’est une chose, mais se retrouver téléporté dans le monde de la paillette et du strass, c’en est une autre! Quel courage! C’est donc parti pour arpenter la rue Florida,

rue piétonne et commerçante, et dénicher la paire de talons qui va bien pour me mettre au tango!
Une bonne nuit de sommeil plus tard et nous repartons en direction de San Telmo, quartier des antiquaires que nous découvrons pour la balade poussiéreuse mais aussi pour les vêtements pas chers (!) ce jour et plus tard, pour son incroyable animation le dimanche. En effet, le jour du seigneur ici le quartier se transforme en foire à la brocante et à l’art des rues.
Un fourmillement de stands vendant souvenirs typiques, croûtes en tout genre et curiosités locales dans lequel s’immiscent des artistes colorés. Danseurs de tango bien sûr, mais aussi jongleurs, statue-man, musiciens,
guérisseur au didjeridoo, clowns, magiciens, marionnettistes…
On se croirait revenus en arrière, le regard attiré de tous les cotés par tant de charme désuet.
Le petit plus de San Telmo le dimanche? Un type plutôt de carrure balourde s’interpose dans le spectacle de deux danseurs de tango pour kidnapper la danseuse et finalement s’avérer être très bon danseur de tango… et de salsa!
Son regard malicieux guette les réactions des touristes… Ni une ni deux, je confie tout ce que j’ai dans les mains à Matthieu et relève le défi : me voila à faire le spectacle à mon tour dans la rue! En 5 lettres, pas mieux, une salsa dans la rue, en toute simplicité!

Un moment vraiment particulier de se retrouver de l’autre coté dans ce monde de représentation, et le souvenir du temps des démonstrations de salsa!

Buenos Aires c'est aussi le lieu où les chemins familiaux se séparent et où nous disons au revoir aux parents de Matthieu qui repartent après plus de 2 semaines passées avec nous. Nous nous retrouvons à trois, heureux des moments que nous avons partagés au temps des 5. Merci à Martine et André de nous avoir rejoints, merci pour leur gentillesse et leur humour au quotidien : ce fut un vrai plaisir!
Nous terminerons notre visite de la ville, non sans avoir profité du temps sur place pour ne rien faire parce que ça aussi, c’était important!, par le musée du tango. Beaucoup de noms d’artistes disséminées sur des panneaux manquant cruellement d’autres formes d’explications… Il n’est pas facile de comprendre quelque chose à ce dédale labyrinthique de célébrités. Le tango par contre nous aura bien transporté tout au long de notre séjour à Buenos Aires, motivant carrément un article propre à suivre.
La capitale de l’Argentine, c’est fini et à regret tant nous avons adoré notre séjour ici… Direction le Nord-Ouest du pays qui s’annonce tout aussi passionnant…

jeudi 26 février 2009

San Antonio de Areco

Après une nuit de transit à Buenos Aires, nous prenons la route vers la Pampa. Et ici, les bus, c’est quelque chose.. Démonstration de la classe Américaine… du sud!

Dis donc, on se croirait en Quaker bus, nan?!
Les bus ici sont tous à étage, format obèse, avec de quoi vraiment incliner son siège et poser ses pieds, avec toilettes, service d’eau… Enfin bref, le genre de bus dans lequel tu hésites à demander au chauffeur de repasser tes chemises en plus (ah bon? C’était pas fourni?).

Nous arrivons finalement à San Antonio de Areco, petite ville à l’orée de la Pampa, réputée pour être la plus belle et posséder une grande richesse d’artisanat, en un mot la halte parfaite pour vivre au rythme de la campagne après nos prouesses sportives de la Patagonie!
Et effectivement, ce qui marque de suite en arrivant ici, c’est le calme olympien qui y règne. De petites maisons aux airs de maisons secondaires, des rues endormies profitant de l’ombre dispensée par les nombreux arbres, le soleil illuminant les façades ocres… Il faut dire qu’on arrive pendant la sieste qui est ici (ici = en Amérique du Sud!) une véritable institution. Tout ferme de 12h à 16h et pas question de déroger à la règle.


On part en éclaireurs avec les parents de Matthieu prendre des renseignements à l’office du tourisme où une jeune femme nous accueille chaleureusement et nous oriente vers la guest la moins chère (20 000 pesos par personne, enfin des prix normaux!). On prend nos quartiers dans le dortoir et partons nous balader dans la ville. Quelle douceur ici! L’air est crémeux, caressant le visage grâce à une petite brise délicieuse ; les maisons se réveillent tranquillement, semblant profiter du temps qui passe plus lentement ici qu’ailleurs. Une terrasse nous invite à la pause, à l’ombre des arbres de la place. Un peu comme en Méditerranée, la place est à San Antonio De Areco un lieu de vie privilégié, tant pour les jeunes qui s’y arrêtent en bande (bon c’est vrai qu’on n’en a pas vus beaucoup des jeunes…), les mamans qui s’assoient à coté de leur poussette et bien sûr les vieux qui regardent passer les voitures (à l’heure où on parle : 4. Ben oui, la sieste qu’on vous disait…).

Enfin pour nous, une bière fraiche et la vue délicieuse de ce petit cosmos, c’était le paradis!
Continuant notre promenade dans la ville, on prend la mesure de l’importance de l’artisanat ici : des dizaines d’artisans vendent leur travail d’orfèvrerie, de maroquinerie (avis aux amateurs de selle de cheval intérieur cuir et gentes alu…), d’argenterie (Mumm, un service de petites cuillères en argent!) mais surtout, ce qui retient notre attention, c’est la confection traditionnelle des fameux pots à maté et leur bombilla (la pipette).


Nous en avons pour 2 jours à arpenter les boutiques de la ville et franchement, l’artisanat est magnifique. Cependant, vous avouerez que pour nous, néophytes, le bol à maté fait dans le pied de bovin, c’est un peu too much, non?! Je regrette que mon cynisme et mon esprit sarcastique n’ait pas eu le dessus sur la condescendance qui m’a obligée à ne pas prendre cette horreur en photo! Mais que voulez-vous, quand on rencontre les artisans et qu’ils nous expliquent avec tant de passion leur métier, on fond! Nous avons été invités à voir les ateliers
et avons même eu les explications du maitre artisan sur les étapes de fabrication des bols à maté, découvrant ainsi la finesse de son travail et l’amour qui l’anime. Quelle chance, à heure de la célèbre mondialisation, commercialisation et autres trucs en -tion qui autorisent la dépouille des petits travailleurs locaux, quelle chance disais-je de pouvoir voguer dans les sphères du travail des petites mains (non, pas Chinoises, vous voyez comme vous êtes conditionnés!).

Et puis v’là ti pas qu’on récupère un compagnon de balade que je me dois de mentionner. Nous avions connu la fidélité de “caillasse” en Patagonie… Voila que Sparsky vient le détrôner… Sparsky, chien batard s’il en était, le regard gentil (et un peu con, c’est un chien quand même), l’oreille gauche immobile et l’oreille droite dressée, ne nous lâche plus d’une semelle, attendant aux portes des boutiques en pleurant que l’on sorte pour continuer la promenade avec lui… Sparsky qui, jusqu’au soir, nous attend à la sortie du restaurant. Il avait sans doute senti quel allait être notre repas…

Très fin, Matthieu, d’avoir déguisé le menu…

Aller Sparsky, des restes de nos assiettes et file!

Mais San Antonio de Areco c’est aussi le monde des gauchos. Et les gauchos c’est quoi? Direction le musée pour en avoir le cœur net… Le gaucho c’est l’ex-Espagnol ayant troqué son casier judiciaire du Vieux Continent pour se faire cow boy dans le Nouveau Monde. Comprenez, pour la belle histoire, le Lucky Luke de l’Argentine, celui qui ne rechigne devant aucun labeur, qui défend les terres indéfendables et sauve l’honneur avant tout. C’est celui qui revêt son habit traditionnel : pantalon bouffant maintenu par des guêtres de compèt, chemise blanche, chapeau, éperons de compèt (avec ça, je comprends que le cheval avançait!!!), lasso de série et chique obligatoire…. Mais le gaucho c’est aussi la brute épaisse, vaguement hors-la-loi, vaguement terreur locale qui ne respecte rien, celui à qui était confié la tache de décimer les indigènes… Chouette métier… Le musée en lui-même nous déçoit un peu ; beaucoup d’ustensiles gaucho mais assez peu d’explications finalement. Ca se finit très vite à apprécier la terrasse en attendant les parents de Matthieu!


Nous n’avons finalement pas exploré la Pampa et pour cause : la Pampa c’est avant tout des pâturages et encore des pâturages. San Antonio de Areco, c’était le lieu privilégié pour nous reposer et profiter de la douceur de vivre de la cité artisanale.

dimanche 22 février 2009

El Chalten

Quand on arrive à El Chalten, c’est sous un grand ciel bleu : le top, on espère que cela va durer le temps de notre séjour.


On prend nos quartiers dans le dortoir pour 5 et on va s’informer des balades à faire, ainsi que de la météo qui risque d’être déterminante. La maison de la montagne est très bien pour tous les renseignements, aussi bien pour le balisage des sentiers que pour l’information de la faune et de la flore. Mais surtout, elle laisse une grande place à l’information sur les règles de prévention de la pollution et de l’incendie, visible sur les sentiers où l’on ira.

Une fois tout cela effectué, et bien on se pose dans un petit chalet, La Cerveceria, pour prendre vous l’aurez compris un apéro. Sauf que le petit apéro se transforme en commande de bières et de Margarita, faisant office de réchauffage contre la température fraîche montagnarde. De toute façon demain, on fait une balade pas trop dure de 6 heures.

Le lendemain, après une nuit de légers ronflements, on arrive comme prévu à être prêts pour 7h...9h15. L’avantage c’est qu’il fait un superbe soleil et après un bon petit dej’ au pain frais récupérer par le Padre, on part avec nos capes de vent et nos empanadas pour le midi. On débute par une petite montée d’échauffement, où l’on découvre la Vallée qui mène au Cerro Torre, culminant à 3102 mètres et l’un des pics les plus difficiles du point de vue technique.

Parait-il qu’il n’est visible que quelques jours ou semaines dans l’année, parfait! C’est pour nous cette fois.

Le pic rocheux découvert perce le ciel bleu et le sentier serpente sur le flanc de montagne dans des herbes jaunes, traversant quelques courts d’eau, avant une dernière montée sur un terrain de cailloux. Et je dois dire que les parents ont bien eu la caisse pour arriver jusque là-haut sans être fatigués (il y a eu suspicion de dopage à l'alcool, mais ils ont corrompu les contrôleurs avec ce même alcool…).


A l’arrivée, c’est un bon gros vent qui déséquilibre et pour le gars qui allait marcher sur la glace en emportant sa guitare, le vent semblait parfois lui signifier de pas venir lui casser les oreilles (grosse prise au vent = pas en arrière).

Mais le ciel se couvre doucement, alors on en profite pour faire des photos et observer le glacier sous la falaise, en bordure du lac. Un nouveau glacier et le même sentiment d’être impressionné par ce spectacle.

Mais on ne pourra s’approcher davantage, tellement 30 min plus tard, le vent et la pluie viendront nous dissuader. Du coup, on redescend, poussés par le vent. La pluie semble nous suivre, mais reste toujours une longueur derrière. On a juste de quoi faire une petite vidéo pour les 1 an du petit neveu Ilan.
On est contents d’avoir eu tout cette fenêtre météo, rendant la balade vraiment jolie. D’autant que c’est en famille, alors on en profite pour discuter et raconter 2- 3 conneries. Par contre, pas de puma, ni de Condor visible, dommage mais on ne peut pas tout avoir.

Le soir, on se fait le repas des champions avec des pâtes au jambon de pays (même Aude en mange!) un suppo et au dodo.
Réveil à 7h30, personne n’a de courbatures et c’est tant mieux car on a prévu d'enchaîner 8 heures de marche pour 750 mètres de dénivelé positif pour aller jusqu’au pied du Fitz Roy. Cette fois, on marche vraiment dans la vallée et le spectacle au premier point de vue et tout simplement superbe, avec une lumière parfaite, comme dans un décor où le ciel complètement bleu, nous laisse voir ce panorama...

Mais bon, après 2 heures de marche sur le plat, il reste environs 2 km dont la quasi intégralité du dénivelé est concentrée et là, ça monte à pic. Les allures de petites balades laissent place à 40 minutes de grimpette vers un panorama sur la vallée traversée. A l’arrivée, c’est de la neige sous le pic rocheux descendant du gros glacier. En fait, derrière ces pics que l’on voit se trouve la mer de glace qui est la troisième surface glacière du monde après l’arctique et l’antarctique. Après information, comme les 2 sites, celui-ci fond à vue d’œil avec en première cause, la pollution. Des glaciers qui s’étendaient sur des dizaines de kilomètres, il n’en reste pour certains qu'une maigre banquise. Autant dire que le Pastis a du souci à se faire!!Au retour, les plus jeunes partiront devant pensant aller super vite, et finalement Mr et Me ne mettront qu’1 heure de plus (ils ont une sacrée forme, pour un peu on pourrait se faire larguer). Au vu de la bonne journée de marche et sur l'impulsion d’une certaine soif, on joue la sécurité en retournant prendre un apéro afin d'éviter une déshydration soit prématurée soit nocturne. Après 2 cacahuètes, c’est une nouvelle fois una pizza (initialement pour 2) par personne, qui iront mourir dans notre estomac.

Au troisième et dernier jour, au lieu de se reposer, le soleil nous motive tous pour aller faire une dernière balade sur la journée.

On part à 4 en direction d’un point de vue sur l’ensemble des panoramas que l’on a vus les 2 derniers jours avec une vision à 360 degrés. Pendant que Aude et Martine font la pose déjeuner avec la vue sur le Cerro Torre et le Fitz Roy,


on en profite avec Bat pour faire la dernière ascension, courte, mais bien bien raide jusqu’au sommet : superbe panorama, on restera quelques dizaines de minutes à admirer les sommets enneigés, les glaciers, en apercevant au loin la mer de glace (celle qui font tout doucement…).


A la fin de cette dernière journée, on commence à sentir nos 20 heures de marches dans la montagne sur ces derniers jours, mais quel bonheur d’avoir eu la chance de profiter du cadre splendide, qui n’est visiblement dégagé seulement 2 semaines dans l'année. Pour le dernier repas, on se refait un petit apéro entre vin blanc et bière artisanale avant d’attaquer les masters pizzas.

Excellent ces quelques jours passés dans un cadre majestueux et ensoleillé, en compagnie de la petite famille et nous voila partis pour une toute autre ambiance, celle de Buenos Aires…

samedi 21 février 2009

Impressions a 6 mois de voyage

A 6 mois de voyage… c’est plus de la moitie, ca y’est. “Plus que” 4 mois. On a rencontré beaucoup de gens qui voyageaient sur environ 6 mois alors on visualise bien cette échéance. Depuis le 2e mois tout passe beaucoup plus vite car on est installés dans notre quotidien d’”expérience de vie alternative” comme disait Olivier le Belge. Alors 6 mois c’est rien, finalement!

Question fréquemment posée : se lasse-t-on du voyage? Ben non! Le voyage me séduit toujours autant, j’ai la même envie, même si elle a pris des allures différentes. Bien sûr ,faire et défaire le sac, ça me saoule toujours autant! Mais on reste souvent 2-3 jours dans chaque endroit si bien que je n’ai pas la sensation de le faire tous les jours (et heureusement!). En fait, c’est pas du tout comme 6 mois d’un voyage de 3 semaines. Je veux dire : là, on vit depuis 6 mois différemment. Il faut imaginer plutôt 6 mois de week-end et pas 6 mois de musées. Mais je pense surtout que la vie est bien faite. Nous avons choisi de partir 10 mois car cette période nous correspondait à tous les 2 : pas trop court, pas trop long. Je pense que, comme tous les gens qu’on a rencontrés peu de temps avant leur retour, on aura envie de rentrer quand ce sera le moment, un peu comme l’envie que le bébé sorte après une grossesse géniale!

A 6 mois de voyage ça va bien. Pas malade, pas fatiguée, pas blessée, en forme. La seule chose, mais pas des moindres, c’est que je suis toujours soucieuse de mon travail (et oui…) qui ramène souvent un petit nuage de préoccupations dans ma tête, mais que voulez-vous…! Alors à 6 mois de voyage je réfléchis encore beaucoup à ce à quoi j’aspire. Comment être moins stressée? Quelle variante puis-je changer? Si une chose ne peut pas changer, comment la vivre différemment? Difficile de prendre ce recul, difficile de se remettre en question sur ce point de mon comportement… Heureusement qu’il reste encore 4 mois!

A 6 mois de voyage je voyage avec mon amoureux depuis 3 ans pile. La pudeur m’interdit la suite mais disons que le voyage renforce et bonifie : quel plaisir et quelle chance.

A 6 mois de voyage on agrandit le carnet d’adresses de belles personnes rencontrées partout dans le monde.
A 6 mois de voyage, je serais heureuse de revoir mes proches car le voyage nous montre des gens bien mais aussi des gens enlaidis par une nature de l’homme définitivement pas très glorieuse.
A 6 mois de voyage j’apprécie d’avoir des gens beaux dans mon cœur car je sais la valeur qu’a l’amitié et la valeur qu’ont foncièrement ces gens.
A 6 mois de voyage, on est rejoints par une partie de la famille de Matthieu. C’est marrant de ne plus être qu’a deux, ça modifie le voyage et demande plus de planifications mais surtout plus de plaisir à être ensemble et partager notre périple. Ce sont les seuls (ou les premiers?) à nous rejoindre, autant dire qu’on profite à fond!

A 6 mois je vous dis à dans 4 mois!

Aude

Ahh 6 mois!! Et bien à 6 mois on manque un peu d’inspiration, tellement le voyage est toujours un plaisir, de rencontres de personnes, de culture, de paysages et même de trajets (Mais là, j’ai l’impression de me répéter…)!! Maintenant 3 ou 4 heures de voyages en bus ou dans un autre transport font partie de notre vie.
C’est un peu aussi une désillusion. Car je sais que l’homme est intelligent et peut être bon, mais ce n’est pas une habitude instinctive pour beaucoup. En efffet, ce ne sont pas nos grandes tètes pensantes ou les gens qui ont le pouvoir et l’argent qui agissent avec le cœur. Et ceux qui sont les moins égoïstes et les plus solidaires se retrouvent effectivement à être des “gen(s)bons”. CQFD
A 6 mois, l’Asie est derrière nous et ce sont des gens formidables dans l’accueil, la gentillesse, leur ‘serviabilité”. Et l’arrivée en Amérique du Sud nécessite d’être davantage sur ses gardes et d’éviter des oublis fâcheux (comme un Ipod et disque dur volatilisés dans un taxi… Le con!!!Putain).
On a nos habitudes de voyageurs bien installes mais j’accueille avec un grand plaisir mis parents et mon frère qui sont venus nous rejoindre sur le trajet et partager une partie de notre vie de voyageur. Merci a eux et a vous ils vous restent quelques 4 petits mois pour faire de même!

Matt

jeudi 19 février 2009

Salsa en Patagonie

Bon, on avait prévu une petite salsa aux Torres du Chili... Mais le W transformé en I, il a fallu improviser! Alors pas de salsa au Chili mais une salsa en Patagonie, ici au Perito Moreno...


Ca claque aussi, non?!

mercredi 18 février 2009

El Calafate

Nous quittons, ravis, la ville-fantôme de Puerto Natales, pour nous rendre en bus de l’autre coté de la Patagonie, en Argentine. Dès le trajet, le pays s’ouvre à nous et offre à notre vue ses atouts : lamas, autruches, condors, et bientôt, défile des grands espaces. L’Argentine est grande, et on en prend tout de suite la mesure.

Nous arrivons enfin à El Calafate où nous prenons, à défaut d’autre chose, quartier dans la guest la plus crade de notre tour du monde. WC qui fuient, draps qui puent, fond de tarte noircie par la pourriture et laissée en pâture aux mouches sur la gazinière de la cuisine… Les prix de l’Argentine s’annoncent corsés et heureusement qu’un autre hôtel propose le même prix pour un service de qualité car c’en aurait été trop de devoir rester dans ce bouge, en compagnie des parents de Matthieu en plus… Classe!

Mais après cet intermède hygiène, nous partons explorer la ville en quête de nourriture et découvrons le charme de cette station de montagne, les maisons aux airs de chalets illuminées par le soleil. Nous sommes ravis!

Un repas, une sieste, et on se rend sur internet pour organiser la suite. Voyager à 5, ça ne s’improvise pas et nous devons batailler avec nos deux contraintes : notre budget (qui décidément va se faire malmener en Amérique du Sud…) et le nombre que l’on est. Moi qui étais attachée à mon intimité, me voilà à réserver un dortoir… Gloups! Un apéro et un restaurant, le tango qui sort des boutiques comme véhicule, et me voilà transportée dans le charme de ce nouveau pays aux habitants si gentils. Ca fait du bien!

Le lendemain, nous louons une voiture et partons en direction de la Lago Rocca, balade toute en pente qui nous offre une vue magnifique sur le Perito Moreno.

Aller, ça se mérite!

Le vent, la montée, mais à l’arrivée, quel spectacle! Nous avons la chance de profiter du soleil pour admirer la vue : la laguna argentina s’étire sous nous et plus loin, coincé dans la chaine de montagnes, le fameux glacier Perito Moreno.


Il fait froid alors on ne reste pas longtemps. Surtout, il nous faut nous dépêcher d’aller à l’aéroport chercher Baptiste et voilà Martine, la maman de Matthieu, soit disant effrayée par la pente, qui fait le petit poney dans la descente! Elle galope tellement qu’on a du mal à la suivre! Le voyage à 5 s’annonce folklo!!


On rejoint donc bien vite la voiture et filons retrouver Baptiste, arrivé à Buenos Aires jusqu’au 17 avril, et qui nous rejoint dans notre périple patagoniesque. Nous voilà tous en famille, dans une ambiance détendue et agréable qui permet de quitter le mode “2” que nous connaissons depuis des mois sans anicroche.

Au retour à la guest nous faisons la rencontre d’Ana, une Argentine de Buenos Aires en vacances dans la région, l’occasion pour nous de goûter au maté. Véritable institution dans le pays (et on le verra, dans bien d’autres pays de l’Amérique Latine), le maté est une herbe (yerba maté) que l’on met en quantité dans un pot spécial, le plus souvent en calebasse (on évide le légume et on garde la peau en forme de poire épatée), et que l’on arrose d’eau chaude. Une fois préparé, le maté se boit en communauté à l‘aide d‘une pipette (qui tient rôle de filtre), tour à tour comme on fumerait un join, l’hôte servant à nouveau de l’eau sur la préparation pour le suivant. Pour avoir goûté, je dois dire que je préférerais figurer à la fin du tour tant le maté a un goût de thé trop infusé au début. Mais comme les Argentins en boivent toute la journée, sans renouveler la yerba maté, on comprend qu’au bout du 4e ou 5e ajout d’eau, le maté est bien moins fort. Merci à Ana en tout cas pour l’expérience et sa gentillesse!


Nous partons fêter les retrouvailles au restaurant, invités par les parents de Matthieu dans LE restau de la ville, j’ai nommé “La Tablita”. Et si on le mentionne, c’est pas pour rien. Ici la culture de la viande, c’est quelque chose, et si la viande ne se découpe quand même pas à la petite cuillère, je dois dire que les carnassiers qui m’accompagnent étaient ravis du concept de parilla (barbecue) ainsi que la découverte de la spécialité du coin : le bife de chorizo mariposa (papillon pour les bilingues en herbe). Jugez-en par vous-même…

Non, la main de la photo n’est pas celle de la petite fille du patron mais bien la mienne!!

Autant dire que tout le monde s’est régalé et que nous étions ravis de l’invitation : encore merci Martine et André, Matthieu n’a eu de cesse de chercher la saveur inégalée de cette viande pendant tout notre voyage : en vain!

Le lendemain, on se lève tôt pour aller au Perito Moreno au lever du soleil. En effet, le site est sans doute un des plus touristiques de la Patagonie et nous voudrions éviter la foule. Autre avantage, mais ça, il ne faut pas le répéter : l’accès au site est payant et très cher… sauf si on passe avant 8h! Ouh les vilains! Nous arrivons donc au Perito Moreno à 7h et découvrons le monstre de glace.

Le glacier est l’un des plus grands au monde, et est surtout connu pour être un des rares glaciers qui continue son avancée (2 mètres par jour au centre et environ 40 cm sur les cotés), à l’heure où tous les autres subissent les catastrophiques conséquences du réchauffement climatique. Les craquements immobilisent le ciel et parfois un bruit assourdissant éclate dans le silence de glace : le glacier glisse, craque, et fréquemment, en moyenne 3 fois par heure, des blocs se détachent. Processus naturel de l’avancée du glacier, nous considérons que ce morcellement n’a rien de grave ou de triste.


Pourtant, d’autres avis mettent en avant que l’avancée réelle du Perito Moreno n’est pas le fait d’une production active de glace, mais plutôt le triste résultat de la fonte des glaciers en amont sur le Campo de Hielo Patagonico Sur, comprenez mer de glace, étendue littéralement givrée de 13 000 km2 et 350 km de long. En bas de la chaîne, le Perito hériterait donc de la poussée inhérente à cette fonte. Moins glorieuse, l’avancée du glacier d’un coup, pas vrai?

Pourtant aucun guide ne mentionne cette explication et tout le monde continue à assister, satisfait, à la chute des blocs de glace.


Le glacier n’en reste pas moins spectaculaire avec sa taille gigantesque ; 50 à 55 mètres de haut, 14 km de long…

et ses dérivés de couleurs du blanc au bleu. Je ne vous la refais pas mais, cherchant à comprendre pourquoi la glace revêtait ses différents habits colorés, André a trouvé l’explication dans un guide et, fatigué, nous en a fait une retransmission des plus caucasses!

A retenir en fait que la glace peut être compacte ou habitée de bulles d’air et que cette variation de densité donne un écho différent aux ondes qui dictent la façon dont l’œil perçoit la lumière ; les ondes courtes seulement pénètrent la glace compacte et la font percevoir bleue alors que des ondes plus longues donnant la couleur blanche infiltrent la glace à bulles d’air. C’est fou quand même, non? Je veux dire de prendre volontairement un cours de physique à 8h du matin alors qu’il fait dehors un froid… glacial!


Aller, il est temps de rentrer prendre un bon petit déjeuner et nous mettre au chaud! Pendant que André et moi succombons lâchement au plaisir délicat de la sieste, Martine, Baptiste et Matthieu partent faire une balade dans la ville.

Je les accompagnerai le lendemain matin avant de prendre le bus, balade le long de la lagune d’Argentine, accompagnés de notre régiment de petits copains, parce que les chiens errants représentent une grande partie de la population locale et qu’il suffit qu’on lance un caillou pour que celui qu’on baptisera “caillasse” se jette dessous et ne nous lâche plus, rejoignant “Sparsky”, “paillasson” et “gros moche”… Sympa les balades à Calafate, non?!

Petite course aux cartes postales et nourriture et nous partons prendre le bus, direction El Chalten.