jeudi 26 février 2009

San Antonio de Areco

Après une nuit de transit à Buenos Aires, nous prenons la route vers la Pampa. Et ici, les bus, c’est quelque chose.. Démonstration de la classe Américaine… du sud!

Dis donc, on se croirait en Quaker bus, nan?!
Les bus ici sont tous à étage, format obèse, avec de quoi vraiment incliner son siège et poser ses pieds, avec toilettes, service d’eau… Enfin bref, le genre de bus dans lequel tu hésites à demander au chauffeur de repasser tes chemises en plus (ah bon? C’était pas fourni?).

Nous arrivons finalement à San Antonio de Areco, petite ville à l’orée de la Pampa, réputée pour être la plus belle et posséder une grande richesse d’artisanat, en un mot la halte parfaite pour vivre au rythme de la campagne après nos prouesses sportives de la Patagonie!
Et effectivement, ce qui marque de suite en arrivant ici, c’est le calme olympien qui y règne. De petites maisons aux airs de maisons secondaires, des rues endormies profitant de l’ombre dispensée par les nombreux arbres, le soleil illuminant les façades ocres… Il faut dire qu’on arrive pendant la sieste qui est ici (ici = en Amérique du Sud!) une véritable institution. Tout ferme de 12h à 16h et pas question de déroger à la règle.


On part en éclaireurs avec les parents de Matthieu prendre des renseignements à l’office du tourisme où une jeune femme nous accueille chaleureusement et nous oriente vers la guest la moins chère (20 000 pesos par personne, enfin des prix normaux!). On prend nos quartiers dans le dortoir et partons nous balader dans la ville. Quelle douceur ici! L’air est crémeux, caressant le visage grâce à une petite brise délicieuse ; les maisons se réveillent tranquillement, semblant profiter du temps qui passe plus lentement ici qu’ailleurs. Une terrasse nous invite à la pause, à l’ombre des arbres de la place. Un peu comme en Méditerranée, la place est à San Antonio De Areco un lieu de vie privilégié, tant pour les jeunes qui s’y arrêtent en bande (bon c’est vrai qu’on n’en a pas vus beaucoup des jeunes…), les mamans qui s’assoient à coté de leur poussette et bien sûr les vieux qui regardent passer les voitures (à l’heure où on parle : 4. Ben oui, la sieste qu’on vous disait…).

Enfin pour nous, une bière fraiche et la vue délicieuse de ce petit cosmos, c’était le paradis!
Continuant notre promenade dans la ville, on prend la mesure de l’importance de l’artisanat ici : des dizaines d’artisans vendent leur travail d’orfèvrerie, de maroquinerie (avis aux amateurs de selle de cheval intérieur cuir et gentes alu…), d’argenterie (Mumm, un service de petites cuillères en argent!) mais surtout, ce qui retient notre attention, c’est la confection traditionnelle des fameux pots à maté et leur bombilla (la pipette).


Nous en avons pour 2 jours à arpenter les boutiques de la ville et franchement, l’artisanat est magnifique. Cependant, vous avouerez que pour nous, néophytes, le bol à maté fait dans le pied de bovin, c’est un peu too much, non?! Je regrette que mon cynisme et mon esprit sarcastique n’ait pas eu le dessus sur la condescendance qui m’a obligée à ne pas prendre cette horreur en photo! Mais que voulez-vous, quand on rencontre les artisans et qu’ils nous expliquent avec tant de passion leur métier, on fond! Nous avons été invités à voir les ateliers
et avons même eu les explications du maitre artisan sur les étapes de fabrication des bols à maté, découvrant ainsi la finesse de son travail et l’amour qui l’anime. Quelle chance, à heure de la célèbre mondialisation, commercialisation et autres trucs en -tion qui autorisent la dépouille des petits travailleurs locaux, quelle chance disais-je de pouvoir voguer dans les sphères du travail des petites mains (non, pas Chinoises, vous voyez comme vous êtes conditionnés!).

Et puis v’là ti pas qu’on récupère un compagnon de balade que je me dois de mentionner. Nous avions connu la fidélité de “caillasse” en Patagonie… Voila que Sparsky vient le détrôner… Sparsky, chien batard s’il en était, le regard gentil (et un peu con, c’est un chien quand même), l’oreille gauche immobile et l’oreille droite dressée, ne nous lâche plus d’une semelle, attendant aux portes des boutiques en pleurant que l’on sorte pour continuer la promenade avec lui… Sparsky qui, jusqu’au soir, nous attend à la sortie du restaurant. Il avait sans doute senti quel allait être notre repas…

Très fin, Matthieu, d’avoir déguisé le menu…

Aller Sparsky, des restes de nos assiettes et file!

Mais San Antonio de Areco c’est aussi le monde des gauchos. Et les gauchos c’est quoi? Direction le musée pour en avoir le cœur net… Le gaucho c’est l’ex-Espagnol ayant troqué son casier judiciaire du Vieux Continent pour se faire cow boy dans le Nouveau Monde. Comprenez, pour la belle histoire, le Lucky Luke de l’Argentine, celui qui ne rechigne devant aucun labeur, qui défend les terres indéfendables et sauve l’honneur avant tout. C’est celui qui revêt son habit traditionnel : pantalon bouffant maintenu par des guêtres de compèt, chemise blanche, chapeau, éperons de compèt (avec ça, je comprends que le cheval avançait!!!), lasso de série et chique obligatoire…. Mais le gaucho c’est aussi la brute épaisse, vaguement hors-la-loi, vaguement terreur locale qui ne respecte rien, celui à qui était confié la tache de décimer les indigènes… Chouette métier… Le musée en lui-même nous déçoit un peu ; beaucoup d’ustensiles gaucho mais assez peu d’explications finalement. Ca se finit très vite à apprécier la terrasse en attendant les parents de Matthieu!


Nous n’avons finalement pas exploré la Pampa et pour cause : la Pampa c’est avant tout des pâturages et encore des pâturages. San Antonio de Areco, c’était le lieu privilégié pour nous reposer et profiter de la douceur de vivre de la cité artisanale.

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