mercredi 26 novembre 2008

Battambang

On arrive à Battambang en bus et comme d’habitude, c’est la course des tuk-tuk pour nous emmener au centre-ville. On est un peu fatigués par le voyage et cette “pression” nous agace un peu alors on zappe les “tuk-tuk? Tuk-tuk? Tuk-tuk sir?” et on part à pied à la recherche d’une guest. Tiens, pour une fois, certaines sont pleines, on doit donc en faire plusieurs pour en trouver une à bon prix. Et franchement, une fois chose faite, on n’a qu’une envie : croûter! Lecture, sieste et écriture sont donc les activités principales de notre première journée avec même en soirée la surprise de tomber sur “Un air de famille” à la télé! “Le plus dur c’est pour les enfants… Heureusement qu’ils n’en ont pas…” et “Tiens tu sais pas ce qu’il m’a fait cette semaine?? Une otite!”, on ne s’en lasse pas!
Le lendemain, fatigués encore mais armés de la meilleure volonté du monde (enfin après une grasse mat’ quand même…), on part manger sur le marché pour un bon petit repas de nem, noodle soup et poulet. Au dessert on se prend une bonne tarte : ici les mendiants attendent ton autorisation pour prendre les restes de ton assiette, et quand je dis restes, j’inclus les rognons de poulet que Matthieu n’a pas complètement sucés… Ici le mot “faim” veut vraiment dire quelque chose et, si à Phnom Penh on nous a “appris” qu’il ne fallait pas donner aux enfants, de voir ces jeunes aux cheveux décolorés et au ventre gonflé par le manque de je ne sais plus quelle vitamine et la malnutrition en général, ça donne vraiment envie de leur payer à bouffer… Comment ne pas être maladroit face à cette misère? Quelle attitude adopter? Le Cambodge continue décidément à nous poser question…
Sans transition on part chercher une location de moto pour explorer les environs. Les prix sont prohibitifs, et de toute façon mon amoureux et moi on est en de très bonnes dispositions pour nous lancer dans une activité collage, on décide donc de retourner à l’hôtel regarder le film “S21”, film sur le lieu du même nom confrontant avec force 2 survivants (ils étaient 7 seulement…) dont un peintre, et d’anciens bourreaux. Le peintre, Nath, est celui qui a peint les tableaux exposés au musée (vous en avez 2 photos dans l’article sur S21) et développe une force considérable pour aller, bras dessus bras dessous avec son ancien tortionnaire, faire une confrontation avec la réalité, comme pour demander confirmation au geôlier qu’il n’a pas rêvé toutes les scènes de torture qu’il affiche dans ses toiles… Chapeau… Le cinéaste propose également à un ancien bourreau de retourner dans la cellule qu’il gardait et de reproduire les gestes et paroles quotidiennes, ce qui sera d’une réalité absolument poignante tant cet homme, qui n’était qu’un gamin à l’époque (la majorité des gardiens de cette prison avaient pour la plupart entre 11 et 14 ans…), a l’air d’être resté dans son rôle, de n’avoir pas encore saisi la notion de bien et de mal. Le cinéaste reste d’ailleurs à l’extérieur de la cellule, expliquant dans le making of qu’il aurait eu l’impression de marcher sur les gens s’il était rentré tellement on avait l’impression que toute la scène était réelle… Ce film a été sélectionné à Cannes et, vous l’aurez compris, on vous en recommande le visionnage tant que ce n’est pas en plateau télé-pizza-c’est-fou-c’qu’on-s’éclate…
Aller, cette fois-ci on ne fait pas rien de notre journée! On se tire les doigts du … et on accepte la proposition du tuk-tuk qui nous a interpelés dans la rue pour nous conduire sur les sites intéressants de la campagne de Battambang. Mauvaise pioche car il nous conduit au Bamboo train, petit train de bambou sans doute sympa à faire mais absolument hors de prix (et pas du tout ce qu’on avait prévu de faire), on fait donc demi tour. Quelques péripéties plus tard qui ne méritent pas d’être mentionnées ici, on décide carrément de laisser tomber ce tuk-tuk… Retour à la case départ en centre-ville… Vouff! Que c’est dur de trouver la motivation! Vous savez quand vous n’avez pas trop envie et qu’en plus ce que vous tentez n’a pas l’air de marcher?… Mais non, on va pas de laisser aller! on opte, finalement, pour une location de vélo. Là on s’engage sur une piste improbable, arrosés copieusement et régulièrement de la poussière soulevée par les véhicules, voitures et camions, qui ne considèrent vraisemblablement pas les trous et les cailloux du sol comme un souci pour rouler aussi vite dessus. Bref, c’est dans ce décor… qu’on ne voit pas!, couverts d’un voile jaunâtre de particules de route, que la crevaison intervient. Ben oui, il ne manquait plus qu’elle! Qu’à cela ne tienne, on fait réparer la roue (on en achète même une neuve tellement le pneu était crevé de partout…) et on s’arrête manger dans le bled. On a la chance de trouver une petite dame et sa cuisine ambulante, arrêtée dans la cour d’une maison, l’occasion d’un bon repas sous le regard bienveillant et enjoué des maitresses de maison, mais aussi d’une distribution de livres pour enfants via les grands-mères (pour qu’il y ait partage des livres équitablement entre les enfants du bled).
C’est parti pour une session de lecture, les petits penchés sur l’épaule des plus grands qui peuvent lire. Aller, c’est pas tout ça mais on va pas non plus s’acharner : on rentre sur Battambang prendre une bonne douche!
Le soir on assiste à la première du deuxième spectacle de la compagnie de cirque “Phare Ponleu Seloak”, compagnie recueillant les enfants des rues et leur offrant cette possibilité de formation artistique. On s’attendait à un cirque nouveau intéressant du point de vue social mais on vous assure que cet aspect caritatif disparait très vite et laisse la priorité à l’enchantement, la grâce, l’humour et le respect devant tant de talent de la part de ces jeunes qu‘on ne voit plus comme des gamins mais bien comme des artistes.
Le thème de leur spectacle est le désir et la première scène donne tout de suite le la : les artistes se meuvent péniblement sous une moustiquaire géante, comme engourdis, pris au piège, ne parvenant pas à sortir de ce cocon, métaphore de la toile Khmer Rouge qui, telle une araignée, emprisonne et endort la population… Les scènes se succèdent mêlant humour et poésie. Voici un extrait du brio des artistes…


Battambang c’est fini : on prend le bateau pour Siem Reap, bateau qui emprunte les canaux parfois les plus étroits, tout le monde entassé sur le toit à profiter du paysage des villages flottants perdus au milieu de nulle part, des filets de pêche chinois, de paysages changeants et, dès 11h, de la température réchauffée!
Un itinéraire qu’on nous avait chaudement conseillé et qu’on a effectivement bien apprécié.

lundi 24 novembre 2008

Voyage Kampot - Phom Penh


Pour notre retour sur Phnom Penh, nous choisissons de la tenter en stop afin de rencontrer peut-être plus facilement la population. Ca ne traîne pas : en 5 minutes on a notre voiture, et laquelle! Une nonne conduite par son neveu et accompagnée de 2 militaires! Nous sommes donc 4 à l’arrière et la discussion s’engage facilement avec la nonne qui parle Français! Quelle chance! Nous sommes ainsi partis pour 2h30 de conversation d’une richesse insoupçonnée. Cette femme d’un certain âge comme on dit nous a vécu l’enfer des Khmers Rouges, perdant ainsi son mari, officier de Marine donc tué parmi les premiers et ses parents, morts d’épuisement dans les camps à cause des conditions de malnutrition, de fatigue et de mauvaise hygiène… Matthieu et moi sommes pris de bouffées de chaleur et je pleure discrètement pour ne pas froisser la pudeur de cette femme… Quelle malheur… Je me rappelle de la chaleur de sa voix, du sourire présent jusque dans ses cordes vocales et de ses rires de circonstances qui ponctuent son discours quand elle continue à évoquer la vie de restrictions, paysanne pour une citadine qui n‘avait jamais cultivé la terre… “Je devais être la meilleure à planter le riz si je voulais survivre”… Et de cacher qu’elle parlait le Français car bien sûr, parler une langue étrangère, comme porter des lunettes (!), classait les gens dans la catégorie “intellectuels” donc personne à tuer… C’est ça, le régime Khmer Rouge… En effet, tous les habitants des villes ont été systématiquement et à plusieurs reprises déportés vers les campagnes et exterminés par couches de population pour faire des Cambodgiens un peuple rural, dénué de toute hiérarchie sociale (même si la population était du coup divisée en Combattants, Anciens c’est-à-dire les populations “libérées” en premier par le Khmers Rouges en 1970, et les Nouveaux, les Cambodgiens d’après le 17 avril 1975 date de la prise de Phnom Penh)… Il serait difficile de résumer ici toutes les horreurs qui nous sont parvenues à propos de ce régime…
Mais ce n’est pas tout. Car cette femme au caractère bien trempé, nonne dans un centre de méditation depuis 13 ans pour “apaiser l’âme, le cœur et la parole” (après ce qui a été vécu, tu m’étonnes…), continue sur le présent du peuple Cambodgien. “Ici on ferme la bouche”… Corruption, délation, présence des anciens tortionnaires au gouvernement et système de la terreur toujours bien en place, les anciens Khmers Rouges et leurs successeurs savent bien comment faire pour garder la main mise sur la politique… Tu parles, tu dénonces le régime? Ben t’es tué mon pote… Jusqu’à l’assassinat pour avoir eu des idées contraires au parti principal… On se demande si elle risque quelque chose à nous parler comme ça (heureusement elle est la seule à comprendre le Français) et elle nous explique bien : “ moi je peux parler, je suis vieille, je dis la vérité, ils peuvent bien me mettre en prison”… Comme ça c’est fait… Dans ces conditions, comment croire à la liberté de penser? Comment imaginer refermer cette page de l’histoire tellement d’actualité encore… “ Il faudra 10 à 20 ans” nous dit-elle… Ben oui, le temps que les gens meurent… Quel gâchis… On est tristes pour ce peuple dont on comprend à quel point ils sont pieds et mains liés. On éprouve de la compassion pour l’histoire de cette femme qui nous a ouvert les portes de sa voiture mais tellement plus encore… Nous mesurons la chance de notre rencontre et remercions chaleureusement cette femme qui, dans ses sourires, porte toute la fatigue de cette vie de lutte et de malheur…

vendredi 21 novembre 2008

Kampot, Kep et Rabbit Island

A 1 heure de trajet, on se fait déposer en bord de fleuve à Kampot dans une guest tenue par des chinois, où l’on se pose.
En fait, pour tout dire, depuis que l’on voyage en Asie, on retrouve comme dans beaucoup d’autres pays, une communauté chinoise qui ouvre commerce et établissements de tourisme, de qualité d’ailleurs. C’est effectivement très sympa ces Chinatowns, c’est très agréable, vivant, joli. Le seul problème est de voir cette communauté s’installer, en faisant fi de plusieurs aspects de la culture locale, n‘hésitant pas essayer d‘arnaquer sur les prix, affichant un sourire lorsqu‘ils voient des gens susceptibles de posséder une carte de crédit et ne semblant pas du tout essayer de s’intégrer avec la population locale. Evidement, peut-être qu’il y a un fond de racisme dans ce que je dis et ce que je pense. Mais à partir du moment où cela se retrouve de manière redondante en Asie, qu’une partie des populations locales partage cet avis en lien avec ce que l’on observe ici et que l’on entend ce qui se passe au Tibet (rasage systématique des temples, destruction des textes sacrés, déplacement des populations), et bien il me revient cette citation du philosophe Ozoux dit Mr Y:“ Quand on voit ce que l’on voit et qu’on entend ce qu’on entend et bien on a raison de penser ce que l’on pense”.
Le grand pays veut retrouver sa grandeur et serait prêt à tous les sacrifices? Déjà que de le faire dans ses frontières c’est moyen, mais dans tous les pays frontaliers et plus loin encore, c’est plus que moyen. Nous nous sommes posés la question de notre racisme. Car assimiler un critère à un ensemble de population, c’en est! Alors je veux bien faire un effort sur ma pensée minimaliste mais ils ont aussi un truc à changer dans leur comportement vis-à-vis des autres. Fin de parenthèse, à vous de la continuer…
Kampot, c’est petite ville tranquille, où les gens font des matchs de volley avec un public détendu mais les joueurs jouent avec une concentration de derby national (sans doute quelque argent mis en jeu pour l’issue du match). Après un petit tour, on loue une moto pour la fin de journée et le lendemain. On s’arrête en terrasse bord de fleuve : bah oui c’est l’heure de l’happy hour!! Mojito et Long Island avec le plaisir des Pringles. On va essayer d’aborder le Cambodge un peu différemment…

Après une nuit sous averse, on se lève tôt et nous voila partis sur la 250 cm3 vers Kep. Paysage plat avec colline en arrière fond. Les palmiers poussent au milieu des rizières, comme les maisons des habitants sur pilotis.
Ca fait plaisir de rouler en moto dans ce décors, croisant tuk-tuk, motos, tracteurs, charrettes, route bordée d’encadrements de portes marquant l’entrée des temples bouddhistes, le tout sur fond de sourires et des coucous des gens croisés. Puis c’est le moment de tenter d’aller voir les plantations de poivre, en passant par des pistes crevassées par la mousson et les charrues où la poussière se lève : c‘est notre étape du Paris-Dakar. Finalement on verra les plantations mais pas de coopérative et les gens ne parlent pas l’anglais donc difficile d’avoir des explications sur le travail et la culture ici.
Pour le midi on s’arrête un peu par hasard dans un village au milieu de nulle part. Une fois la moto arrêtée, Aude est interpellée par les pleurs d’un enfant, on va voir le rassemblement autour de cet enfant. Surprise, la fille assise, pleure alors qu’un homme lui enfonce un pic dans l’oreille. C’est le pharmacien (ici, c’est une personne qui a un commerce de médicaments), qui essaie d’enlever un parasite niché dans l’oreille de la petite. Apres avoir essayé de participer à la trouvaille d’une solution avec notre pharmacie et nos idées, le mieux est de l’envoyer à l’hôpital. Le seul remède que l’on apportera sera de donner un petit livre. Dure réalité que de voir les conditions d’hygiène, de soins ici, avec une impuissance de notre part et peu de solutions à apporter. Mais les gens ici gardent le sourire, sans s’affoler outre mesure : Belle première leçon de vie de la journée. Après cet intermède, on s’installe dans le seul coin pour manger avec une télé dont le volume est à 50 sur une échelle de 1 à 10. On se régale d’une plâtrée de riz fris cantonnais. Avant que l’on soit interpellés par un jeune garçon sourd avec qui on pourra échanger par l’intermédiaire du gé-palémo. Il nous traduira en langage des signes bon nombre de mots (couleurs, véhicules,…), le tout avec un grand sourire, mais surtout modèle d‘intégration où tous les gens ici parlent la langue des signes et peuvent communiquer avec le garçon : Deuxième leçon de vie de la journée. Encore un moment sympa partagé avec une population souriante et agréable, et toujours surprise lorsqu’on demande des baguettes pour manger!!
On repart ensuite à travers les chemins jusqu’à Kep et son bord de mer où les crabes sont vendus avec la possibilité de les griller sur un BBQ. Le temps d’un tour en moto, d’une balade sur la colline et de 2-3 péripéties et l’on prend la décision d’aller sur Rabbit Island le lendemain en bateau. C’est un jeune homme que Aude rencontre sur la plage qui nous propose de nous emmener. C’est ce même jeune homme qui, en discutant sur les gens d’ici, confirmera que seul la misère et le manque de possibilité de gagner de l’argent, poussent les familles a sacrifier certaines de leurs filles à la prostitution, avec culpabilité et désarroi. Il n’y a pas de choix, si ce n’est celui instauré par les touristes munis de billets verts. On est loin d’un paradis venté par les proxénètes et les clients qui profitent de la misère...
Du coup, on repart le soir vers Kampot récupérer nos sacs pour prendre un tuk-tuk le lendemain qui nous emmènera au bateau : route de nuit cahoteuse, non-éclairée avec co-pilotage de Aude et moucheron party ou comment réinventer le sourire “ultra-brite“.
Le lendemain, on se met sur le bateau pour 30 minutes de traversée jusqu’à Rabbit Island, île sauvage avec bungalow, vous l’aurez deviné, en bambou
et une douche parfaite, que je vous laisse découvrir.

Comme quoi il y a pas besoin de grand-chose pour se laver (avec ce que ça implique sur la pollution, la consommation d’eau, les matériaux construction).

Ici on restera une nuit, le temps de faire baignade, tour de l’ile, profiter du cadre paisible de l’endroit et la rencontre de Tadeusz. Voyageur polyglotte, d’origine polonaise, empreint d’une grande sympathie et d’ouverture d’esprit aux visions et réflexions intéressantes et riches dignes sans doute de sa jeunesse d’esprit. Et à Rabbit Island, il y a surtout des repas de crevettes, mais c’est pas : “bonjour je voudrais des noodles avec crevettes”. Enfin la première fois on a cru cela et en fait tu te retrouves avec une assiette contenant 32 crevettes (Aude a compté!!) Et c’était pareil à chaque repas quand elle venait pas m‘en piquer dans mon assiette (si si je vous jure!!). Petit séjour mais bon temps sur cette île où l’on aura passé des moments agréables jusqu’au retour, où on voit cette femme qui pris le bateau avec nous en se prenant pour un morse. Aucun respect pour les morses, les autres et elle-même, s’affalant d’abord sur le bateau puis sur le quai, sans faire l’effort de rester sur ses jambes et se retrouvant le ventre à terre… Jolie vision du touriste obèse dans un pays où l’on observe de la malnutrition…

Impressions a trois mois de voyage

A 3 mois de voyage, je me sens fatiguée de toute cette guerre dans l’histoire des pays qu’on traverse. Je me sens triste de constater la nature profondément belliqueuse de l’homme, et j’en viens à ressentir profondément ce que Bizot écrit dans son saisissant livre “le Portail” (sur sa détention auprès des Khmers Rouges”) : “Je hais l’idée d’une aube nouvelle où les homo sapiens vivraient en harmonie, car l’espoir que cette utopie suscite a justifié les plus sanglantes exterminations de l’histoire.”
Cela fait plusieurs jours voire semaines que l’on voit les traces guerrières si présentes et si actuelles en Asie du Sud-Est et que cette réalité me révulse. J’honnis la guerre entre les peuples, les luttes de pouvoir et les sanglants conflits qui en résultent. Je vomis l’implication des civiles dans des enjeux qui les dépassent ; “frappes chirurgicales”, peut-on songer expression si absurde comme le faisait remarquer Betty à Nong Kiaw?…
Toute cette terreur et cette violence me donnent le tournis, je voudrais faire voir à mes yeux autre chose et pourtant, à 3 mois de voyage, je finis par ne voir que ça : le sourire si doux des Cambodgiens n’est-il pas le masque parfait qui leur ficelle la bouche pour ne surtout pas dénoncer leurs tortionnaires-voisins qui, encore au pouvoir, continuent à imposer leur régime de terreur?…

A trois mois de voyage je suis heureuse d’être avec mon chéri, et ça c’est déjà gagné! Je suis heureuse de constater comme notre sensibilité est proche, permettant une compréhension aussi identique que complémentaire du monde que nous découvrons tous les deux. A trois mois de voyage, je suis heureuse de trouver refuge dans notre intimité pour refaire mon cocon, pour me rassurer des atrocités que l’on peut emmagasiner dans certaines de nos journées…

A trois mois de voyage on commence à avoir envie de grasses mat’ et de prendre du temps pour ne rien faire dans une journée!
A trois mois de voyage, on se dit : “Déjà trois mois!!“
Mais surtout on est vachement contents de pouvoir se dire : “Encore 7 mois devant nous!!” et là, on sent bien qu’on vous fait rager! ;)
Aude


Bon ca fait déjà 3mois ou que 3 mois.
Finalement la deuxième réponse me correspond aussi davantage. Et c’est toujours aussi bon de prendre le temps de découvrir les gens, des lieux qui se succèdent et parfois se ressemblent sans jamais être les mêmes.
Plaisir renouvelé à chaque arrivée dans une ville où il y a tant de choses a voir.
Amusé, excédé, fatigué ou heureux de voir les gens nous sauter dessus pour 1 dollar.
Négociation sur les prix où cela se joue parfois sur ce même dollar, symbole aussi bien de radinisme ou souci d’économie que de recherche de respect pour ne pas être pris pour le pigeon. Cela se joue souvent dans la bonne humeur, comme un jeu de poker menteur ou celui qui bluffe en premier peut se faire avoir à son propre jeu.
Toujours avec une impression de ne pas avoir le temps de tout faire, tout en prenant le temps de ne rien faire parfois, ou tout simplement de le faire à notre rythme.
Le temps qui passe et nous marque de ce que l’on voit, de ceux que l’on rencontre pour une minute ou davantage avec un lien qui se crée…
Effectivement, je mesure, sans la découvrir, la chance que j’ai de pouvoir prendre le temps, d’avoir les moyens de le prendre. Ce temps permet la réflexion et d’essayer de comprendre davantage le monde dans lequel on est. D’essayer d’avoir quelques éléments sur la nature humaine dans ces différences (culturelles, religieuses, coutumières) et de ce qu’elle a de commune. Mais c’est finalement impossible, ce que je comprends de celle-ci rend les événements et l’histoire dépendants de nos faiblesses et de l’irrespect que l’on a vis-à-vis de ce qui nous entoure. Le drame Khmer encore présent ici, comme l’influence de la colonisation dans le sud-est asiatique, les invasions croisées au Moyen Orient ou le carnage de ce soir à Mumbai me renvoient ces questions de la nature humaine. De ce qui fait qu‘il n‘est en fait qu‘un animal ayant la suprématie sur le reste des espèces mais ne réagit en fait que selon des instincts cachés derrière des concepts, des idéologies, des pensées, qui sont autant d‘apparat…
Il vaut mieux être un doux rêveur et profiter du bonheur que j’ai, que l’on a et que vous avez aussi en fait. Les duretés de la vie peuvent parfois paraitre comme un mur infranchissable mais tout est relatif et finalement chacun fait ses choix avec les ressources qu’il a.
Je me sens l’envie de comprendre en essayant malgré moi de ne pas juger trop vite et d’avoir un peu d’empathie, de compassion, de tolérance et de respect.
Mais sinon le voyage est toujours heureux et plein de bonnes surprises qui me laissent de belles images (même si bien évidement je fais un tour de bocal de temps en temps!). Le plaisir de trouver la bonne alchimie avec …comment elle s’appelle déjà ( ca va je peux bluffer aussi avec elle!!!). En tout cas, je n’ai plus aucun contact avec la cuisine, le ménage, la paperasse, le téléphone (sauf pour la maman), le travail, les problèmes de voitures, le chat qui miaule, les rdv en retard si jamais je les ai pas oubliés, le rachat du truc que j’ai perdu ou cassé, le truc que je me souviens pas que je dois faire demain. Pour le reste, je pense à vous de la métropole jusqu’à la Réunion, rassurez-vous, vous ne me manquez pas. Je profite maintenant pour le grand plaisir de vous retrouver plus tard.
Matt

jeudi 20 novembre 2008

Sihanoukville

Un bon départ retardé, réveil fatigue et manque de place dans le bus, pour Sihanoukville (de Sihanouk, roi au règne paisible et stable, interrompu par le régime Khmer rouge), ville du bord de mer réputée pour sa douceur de vivre et lieu de vacances privilégié des gens: c’est un peu la côte d’azur. Après 5h de bus, on arrive et on trouve un petit bungalow tout mignon en bambou/bois avec une petite piscine et restaurant en terrasse à une centaine de mètres de la plage. Comme il fait nuit tôt, on sort manger rapidement histoire d’en profiter pour faire un apéro-billard. Et en allant faire un tour, on trouve la rue des bars et restos, sauf que … bah c’est la ville de la prostitution, où tout bon voyageur est occidental, de sexe masculin, plutôt seul (voire en groupe de 2, 3 maximum), la cinquantaine, le regard pervers, avec cet air d’homme assuré qui peut tout acheter. Salut les gars on va se marrer, Aude est aux anges!!
C’est sympa ce genre de rencontres et d’échange culturel. Mais en plus des filles exposées, les employés de restauration sont traités avec mépris et suffisance, comme si les dollars étrangers suffisaient à établir la hiérarchie entre les êtres. Autant dire que le billard terminé et le riz fris avalé, on a pas vachement trainé.
Du coup les jours suivants, pas énorme motivation pour visiter les environs, on en profite pour faire grasse mat‘, massage, piscine, internet avant de rencontrer un couple de Français sympa venu de Rochefort qui nous conseille un bon resto, tenu par un Français et une Cambodgienne aux recettes fameuses. Effectivement très bon Lok-lak (préparation de viande avec une fameuse sauce) et un double sauté de crevettes pour la demoiselle.
Le lendemain, on prend toujours le temps, avec une flemme, parce qu’on se dit quand même, après tout ce qu’ils se sont pris dans la gueule les Cambodgiens, il y a des “occidentaux” qui en remettent une couche pour consommer les enfants de ceux qui s’en sont sortis. C’est la culture qui continue à être piétinée, puisqu’une fille, qui vend des bijoux, viendra me proposer une passe alors que nous sommes à table en bord de plage. Ce qui provoquera une bonne montée d’émotion de ma chérie…Comment peut-on en arriver là? Cela veut dire que si c’est si facile, ça se consomme comme ça en tout impunité.
Ce qui nous amènera le soir même, pour fêter nos 3 mois de voyages, à discuter avec un patron français de l’un des bars (tous les bars sont tenus par ces mêmes “occidentaux”), qui réussira avec une grande facilité à faire bouillir Aude RRRR.
En effet, rapidement on lui pose la question de la conception de la prostitution, à ce cher Franck:
- “en fait, grâce aux occidentaux les filles on la chance de pouvoir accéder à un bonheur plus rapidement”.
- “bah oui mais il y a peut-être d’autre chose à développer pour faire travailler ces gens?” ( on essaie de pousser la machine)
- “c’est les américains qui ont apportés cela et les filles s’en sortent plutôt très bien, elles n’en sont pas victimes. Moi j’en connais une qui bossait pour moi et un jour elle m’a demandé d’arrêter, parce qu’elle était avec un riche russe (le gars qui a fait fortune avec la mafia, venu avec ses potes et qui rachète une île ici, fait construire un hôtel grand luxe et actuellement il finit le pont qui va la relier au continent. ndlr). Et ben maintenant elle est blindée d’argent et c’est pas sûr que ce soit elle la victime du système”
- ”????”
- “jvtdrdufu“ (la machine commence a bugger)

Je crois qu’on a commencé à le perdre. Alors Aude a voulu l’aider à revenir avec ses 2 pieds sur le sol :

- “Tu te ferais enculer toi pour 5000 dollars par un mec?”
- “Pour combien?……. Non, mais je suis pas homo” (jolie repartie).
Alors là, on a atteint des sommets de bêtises !
- “Et puis, c’est très bien accepté dans les familles puisque la religion bouddhiste est orientée sur la vie prochaine, sans avoir d’importance pour le corps mais plutôt pour subvenir aux besoins de la famille par la récolte d’argent”.
- “ #&#!%$*” (allo Houston?).

Un expat qui exploite les femmes d’ici et justifie l’injustifiable en prostituant Bouddha… A moins que les temples soient des bars à putes? Ca peut-être un concept d’établissement : ”Le fuckin’ Monk”.
C’est à ce moment que l’on s’est quitté et que l’on est reparti manger dans l’excellent resto Koh lin, histoire de se refaire une santé avec le patron blagueur et dont la cuisine nous a ouvert ses portes pour une vidéo culinaire.
Pour le reste, on est rapidement partis plus à l’ouest trouver une autre ville balnéaire…

lundi 17 novembre 2008

Phnom Penh

L’arrivée dans Phnom Penh, on doit le dire, est vachement marquée par la saleté ambiante… Des amoncellements de détritus ponctuent le chemin comme de petits supporters au bord de la route. Pas top!
On règle nos dettes au chauffeur de bus et on file à la guest. Il est tard ; après manger, on file se coucher.
Le lendemain, on part à l’ambassade du Myanmar faire nos demandes de visas et on retrouve Véro, ma copine ortho du Cambodge (et oui! Ortho au Cambodge!), et son ami Dom. C’est super de trouver des visages connus aussi loin. On s’installe en terrasse d’un beau resto, le lieu rêvé pour que Véro puisse nous faire part de leur vie d’expat’ mais aussi la dure réalité de la corruption dans le pays, l’appât du gain au service des intérêts personnels et la non-lutte contre les anciens Khmers Rouges. Le premier ministre est connu et apprécié pour avoir racheté les anciens tortionnaires, offrant des postes haut-placés et des avantages en nature en l’échange de l’arrêt des combats dans les montagnes… Ainsi les Cambodgiens vivent-ils avec leur voisin ex-bourreau à coté d’eux… Très curieux pour nous comme concept… Dans un autre registre, nous apprenons aussi que tous les sites les plus intéressants du pays tant du point de vue de l’histoire et du tourisme que des ressources naturelles à exploiter sont vendus à des sociétés privées. On doit ainsi payer un droit d’entrée à un investisseur japonais pour accéder au charnier de la ville, un dur coup supplémentaire asséné aux nombreuses familles des victimes pour qui le deuil est on ne peut plus en suspend… C’est gai…
C’est dans ce contexte que nous partons avec Coco, la française des 4000 îles, heureusement croisée par hasard dans la rue, pour Tuol Sleng, le musée du génocide. Cette visite nous a tellement posé question, au point de nourrir une deuxième visite 1 semaine plus tard, que nous avons décidé d’en faire un article à part que nous vous invitons à découvrir plus loin. Toutefois nous pouvons dès ce poste, noter que la présence joyeuse et l’allant de Coco nous ont aidés autant que l’inverse est vrai et que les deux visites se sont soldées par une bonne bière et des séances de rire neveux, blagues de merde à l’appui pour moi, le temps que le malaise passe.
On rejoint (au mauvais moment au mauvais endroit, encore désolés du retard Véro!!) Véro et Dom pour un repas crêpes! Puis nous errons dans la ville à la recherche d’un lieu pour sortir… Mais non! Y’a pas plus de salsa ou d’animation dans les bars un mardi soir à PP qu’ailleurs!
Le lendemain nous faisons la visite de Watt Phnom avec Véro.

Le temple est construit sur une petite colline parsemée d’arbres, habités par les singes. L’histoire veut que ce soit Mme Phnom qui ait fondé ce temple et que la ville, lors de ses différents déplacements, ce soit toujours organisée autour de ce lieu, sans avoir jamais eu le droit de le dépasser en hauteur. Nous prenons le thé chez Véro

puis on part manger chez Friends, l’association qui recueille des jeunes dans la rue pour les former à la restauration. On y rencontre deux Français avec qui on reste discuter un petit moment, un vrai plaisir! Et puis on file au musée national. Accueilli dans un superbe bâtiment (belle façade, magnifique toiture, tout en portes-fenêtres ouvertes sur un jardin extérieur…),

l’exposition en elle-même ne nous émeut pas des masses. Ce que l’on a plaisir à observer c’est le régionalisme de chaque statue tant les représentations de Bouddha et des divinités indoues diffèrent ici de ce que l’on a pu voir au Laos ou en Inde. Nous quittons finalement le musée pour nous rendre à l’association “Think”, qui s’occupe des enfants des rues. Le message est simple : donner aux enfants qui mendient dans la rue les enferme dans cette mendicité et les prive de toute possibilité de réinsertion. Donner de l’argent c’est participer à la mendicité, acheter la boisson qu’ils demandent c’est courir le risque qu’il y ait un deal avec le vendeur (l’enfant redonne au vendeur et prend une commission), offrir des cadeaux c’est pousser à le revendre pour avoir de l’argent. Franchement je suis dépitée car que pouvons-nous faire alors? Regarder ces pauvres enfants et constater leurs carences alimentaires sur leur physique sans rien faire?? Trop c’est trop, on rentre à la guest où une bonne surprise nous attend : Matthieu retrouve par hasard Christophe, son maitre-nageur d’il-y-a-longtemps-mais-quand-même-ils-se-sont-reconnus! Ca fait bien plaisir de se trouver là! Le lendemain on part à Sihanoukville pour revenir sur PP une semaine après, récupérer nos visas de la Birmanie et faire un petit tour au marché. L’artisanat local ressemble un peu à celui du Laos, on gardera donc notre raisonnable ici… Ouf! On retourne ensuite une nouvelle fois à S21, le musée du génocide pour prendre des photos afin de témoigner de l’horreur sur notre blog mais aussi pour comprendre. Essayer de comprendre. La visite est aussi éprouvante que la première fois, avec la petite touche en plus : les vieilles femmes qui cherchent visiblement des visages connus sur les portraits… pathétique. Matthieu a en plus le “plaisir” de discuter avec des Français qui comparent le régime Khmers Rouges génocidaire au communisme Français actuel… Juste ce qu’il faut pour rajouter une dose d’énervement… Mais merde!
Nous rejoignons Véro pour une consultation… Ben oui, les psychomotriciens ça court pas les rues au Cambodge alors voila Matthieu enrôlé de son plein gré dans une séance de travail avec une famille! L’ambiance est détendue et on finit tous ensemble à l’apéro. Discussion intéressante sur la prostitution qui règne partout ici mais surtout ambiance de pastis et saucisson, qui l’eut crut?! On repart pour retrouver Christophe à la guest pour notre dernier soir à Phnom Penh.
Le lendemain, on attend notre bus pour Battambang en écrivant dans un lieu idyllique conseillé par Véro, le Pavillon : cadre de verdure autour de la piscine, jolis fauteuils et délicieux petits pains au petit dej! On apprécie beaucoup le calme qui règne ici, et je dois dire tout autant que la pancarte signalant qu'on refusait la prostitution dans l'établissement! Ah! Tres bonne initiative!

dimanche 16 novembre 2008

S 21

S21, et c’est parti pour l’horreur…
S21, alias Tuol Sleng, c’est le musée du génocide Khmers Rouges par lequel un peuple a tenté d’exterminer les siens.
Comment “raconter” ça. Cette question m’a longtemps suivie, moi qui suis si sensible à la violence et à l’injustice et qui ai eu tant de mal à absorber cette visite. J’ai failli pleurer en lisant les commentaires du lonely planet, je savais que ça allait être dur.
2h30 de visite nous ont fatigués physiquement et moralement au point de ne pas finir la visite pour ma part, préférant trainer des pieds jusqu’à un banc dehors, y rester l’air hagard, à tenter de faire le point sur ce que j’avais vu.

S21.
S21 ça ne se raconte pas car quels mots pourraient contenir l’histoire et l’abomination que ce lieu recouvre?
S21, c’est ça






Voila.
S21, un monde d’horreur où l’humain a perdu son humanité, tant pour les bourreaux quand on voit ou imagine les sévices qu’ils faisaient endurer à leur victime, que pour les victimes qui étaient reléguées au rang d’animaux.

Ancien collège aux 3 bâtiments de classes, S21 est devenu un no man’s land, un passage entre la vie et une mort obligée (7 survivants sur tous les pauvres gens qui sont “passés” par là).
Je garde le souvenir des visages photographiés et de la réalité que recouvrent ces portraits. L’un d’eux n’avait même plus de profil tellement son visage semblait avoir été écrasé. Certains regards, certains visages sont là, dans ma tête. Ce sont les fantômes de Tuol Sleng. Tous sauf un regardent l’objectif, ce qui me semble totalement fou. Et les enfants, des photos d’enfants qu’on a conduits ici…
Les larmes d’émotion du musée se transforment en colère d’incompréhension. On emmenait les gens ici pour obtenir d’eux, après torture, qu’ils “avouent” une raison de les tuer (car la machine à morts ne tuait jamais arbitrairement…). Mais à 3, 4, 5 ans, quel crime peut-on avoir commis?? Pol Pot, dont la paranoïa était à l’origine de toute cette folie, a même tué tous ses rangs par deux fois disant qu’il préférait tuer 10 innocents plutôt que de prendre le risque de laisser courir un coupable. Mais les enfants??

Lieux de torture laissés intacts, photos de cadavres découverts sur place, là, en noir et blanc, en l’état, traces noires (de sang?) sur le carrelage, visages, listes de charniers, tableaux décrivant les scènes de torture. Sous les Khmers Rouges l’humanité était bannie.
Pas d’humanité.
Un poète énumère la liste des interdictions. Se marier? Pas par amour mais pour donner de la main d’œuvre à mettre au service de l’idéologie. Pas de chant, pas de plaisir, pas d’amour, pas de rire. Pas de religion, pas d’éducation, pas de monnaie, pas de commerce. Pas de déplacement personnel, pas de communication, pas de style. Pas de propriété privée, pas de vie privée.

Et les récits des anciens tortionnaires, retournés comme si de rien n’était à leur vie quotidienne, insérés dans la société comme on dit. Ils sont là, partout, c’est connu, reconnu. Leurs histoires sont exposées ici, les faits commis connus et admis par tous mais aujourd’hui?? On sortira du musée en se demandant qui sont les plus de 40 ans dans ce pays?…
S21 c’est aussi comment faire d’un lieu de torture un musée en l’espace de 6 mois seulement… Pas de recul, pas de réflexion, on tourne la page et on passe à autre chose.
On quitte ce musée dépités et plongés dans un abîme d’incompréhension. On ne comprend pas que la justice ne soit pas rendue, que les Cambodgiens visitent ce musée, connaissent tout ça et acceptent que les anciens bourreaux vivent paisiblement leur vie, et quelle vie…
Des images reviennent, hantent. Des enfants lancés en l’air pour être tirés au fusil… Mais ça va pas la tête?… Ces vieilles femmes qui pointent du doigt certains portraits, regroupant les familles décimées et cherchant sans doute des visages connus…
“Je ne comprends pas”. Cette phrase de la petite vieille entendue dans le documentaire du musée obnubile nos cerveaux. On est rincés.
Plus exactement notre cerveau droit oscille entre compassion pour ce peuple qui ne peut pas réagir : trop frais, trop près, trop peur et aucun soutien international (au contraire?…) ; et rage pour ce que cette inertie représente, pour ce peuple qui ne se bat pas (“qui ne dit mot consent”, c’est bien ça?…). Des questions émergent des ténèbres de mon émotivité : jusqu’où faut-il oublier pour vivre? Peut-on accepter l’inacceptable? Que veut dire “ vivre avec”? Et maintenant : peut-on faire le deuil d’une plaie encore ouverte? Bien sûr que non. Sauf que le temps passe et que cette inertie qui nous pose tant question va vite coûter cher… Dans une cinquantaine d’années au plus tard, tous les bourreaux seront morts et la page se refermera sur elle-même. Comment se reconstruire comme ça?

S21 c’est l’histoire du déchirement d’un pays sous l’impulsion délétère d’un fou et de sa clique.
S21 c’est être face à une triste facette de la réalité : l’être humain est mauvais par essence.. Car sinon, comment expliquer l‘endoctrinement de ces centaines de gens et la gratuité de la violence dont la plupart ont su faire preuve? Il y en a juste certains qui se dominent plus que d’autres… (dont vous faites tous partie bien sûr!)

Nous sommes au début de notre périple au Cambodge… Nous déconseillons vivement aux voyageurs de commencer leur séjour par cette visite qui, si l’on prend le temps de s’y intéresser, entache pendant un certain temps la vision de la réalité de ce pays et fait regarder le peuple cambodgien au travers du prisme de l’abomination Khmer Rouge.

vendredi 14 novembre 2008

Ban Lung

Apres un lever à 6 heures pour prendre le bateau, on profite une dernière fois du cadre des 4000 iles et je file en moto récupérer un peu d'argent. Ca y est, après le minibus où dès le démarrage le coffre s'ouvre laissant les bagages sur la chaussée, on passe la frontière pour le Cambodge en compagnie de Français avec qui on pourra discuter un peu. Un changement de bus plus tard, on quitte la route pour prendre une piste de terre rouge, sur laquelle le chauffeur roulera pendant 3 heures à pleine vitesse tout en croisant des camions à ras. Autant dire qu'étant tout devant sur le trajet, quelle détente de faire une petite étape de Rallye! Finalement on arrive à Banlung, ville du nord assez tribale, où l’on prendra nos quartiers dans une très bonne chambre avec grand lit, télé, tout carrelé : le luxe.
On se loue une petite moto le lendemain pour aller voir les waterfalls, mais on est un peu déçus, car le problème c’est que le concept de cascade est valable à partir d’un bon mètre.


A l’entrée de l’une d’elle, il y a un petit singe en laisse qui tourne en rond et se fait taper dessus par la femme qui en est la propriétaire. Etrange dans un pays bouddhiste où il y a la réincarnation… J’espère juste que c’est pas son père! On hésite à se baigner dans un des bassins, mais l’eau est pas vraiment chaude et bon prétexte : il commence à pleuvoir un peu. Un enfant nous invite à s’abriter à l’entrée de son échoppe/maison qu’il garde en faisant des mathématiques. Visiblement pas complètement à l’aise avec l’addition, on s’amuse le temps d’une bonne averse à l’exercer avec son ardoise et il réussi finalement à trouver là où il avait eu faux. La maman nous offrira des bananes pour ce bon échange dans une langue seulement de chiffres. Ils nous serons traduit en Cambodgien par le garçon non sans difficultés …pour nous.
On repart sur la moto et là c’est le drame car en plus de la pluie qui retombe, la roue est à plat. Du coup, l’une attend pendant que l’autre va faire réparer la moto par un petit jeune dans un des nombreux garages en bord de route en 2 7 5. Puis on repart, pour aller manger dans un petit restaurant avec vue…

Apres le repas, on avoue qu’on a pas été enchanté par les paysages et que malgré tout le contact avec la population reste difficile en l’absence de langue commune. Mais aussi parce qu’on a l’impression que les gens semblent hésiter à établir un contact, comme si l’on dérangeait un peu lors de nos tentatives de rencontre et ce n‘est pas le but. On préfère rentrer rendre la moto et là c‘est bonne partie de rigolade à “boulande, là où la route est un chemin de gadoue : tes pieds ressemblent à ceux de Shrek“. Sauf qu’en ramenant le véhicule, le réservoir est quasi-plein et le loueur peu compréhensif, nous dit qu’il considère cela comme un cadeau, genre “vous avez pas le choix”. Mauvaise pioche mon petit bonhomme, tu me connais pas, faut pas trop nous prendre pour des billes. Du coup je repars voir la petite famille qui nous a vendu l’essence et avec qui je négocie la récupération de celle-ci. Seulement il faut faire ressortir le liquide et le seule moyen est de siphonner, comme ça je l’aurais fait! Pas mauvais! Beurk ! Et je rends l’essence à la famille en leur laissant davantage d’argent, car c’est leur gagne pain et je préfère leur donner à eux qu’au loueur trop prétentieux, à qui on rend la moto avec un minimum d’essence.
Pendant ce temps Aude est à discuter avec Bernard, français, très sympathique qui voyage en Asie, hors des sentiers battus. On ira manger le soir avec lui et l’on parlera voyage avec lui, qui a bien barouder et est plein d’idées surprenantes sur bien des choses (voyage, conception de maison, vision du voyage et du monde).
Mais le départ sonne déjà le lendemain et avec lui, la résolution de notre principal problème durant ces 2 derniers jours, à savoir qu’on a pas une tune! L’hôtel nous a fait crédit et c’est en arrivant à Phnom Penh que l’on redonnera l’argent pour les nuits, le transport.
Merci au réceptionniste de l’hôtel pour sa gentillesse et sa confiance encore une fois..

jeudi 13 novembre 2008

Bilan du Laos


Bilan du Laos
- En rencontre : une fois n’est pas coutume, nous avons fait de super rencontres au Laos. D’une part parce que les Laotiens sont des gens vraiment adorables. Nous avons été invites chaleureusement à participer à un mariage, mais aussi à entrer découvrir les pratiques locales quand nous étions arrêté sur le bord de chemins. D’autre part, nous avons apprécié de rencontrer beaucoup de routards vraiment chouettes pendant notre tour au Laos. Le tourisme ici a l’air d’attirer une population particulière, qui nous a vachement convenue! Coucou aux routards de Nong Kiaw!
- En paysages : nous ne connaissons presque que le Nord qui est un paysage de montagnes absolument fantastique. On se croirait parfois à la baie d’Ha Long à voir des reliefs si découpés. Et le contraste entre le vert-argent de la montagne, le vert tendre presque fluo de la rizière et la rivière au milieu… C’est somptueux! Les 4000 iles au Sud nous ont donne un aperçu plus plat, mais toujours le long du “mythique Mékong”…
- En nourriture : nous avons adoré la nourriture laotienne. Riz frit, noodles soup ou fried (l’Asie, quoi!) mais aussi le laaf, préparation de poisson ou viande cuite dans une feuille de banane avec de l’ail et de la citronnelle, des nems et le fameux stiky rice, un riz collant que le Laotiens (pauvres) mangent du matin au soir.
- En massage : pour résumer j’écrirais ceci “et pourtant, on en a essayé plein!”… En gros, la règle du bas en haut, celle de la symétrie entre les deux cotés ou tout simplement le cadre du massage, tout ça nous fait sentir de suite que les masseuses au Laos ne sont vraiment pas professionnelles…! Et puis très honnêtement, y’a eu plus d’une fois où on s’est demandé si, à nous coller des baffes comme ça, elles nous préparaient à un combat de kung-fu ou si elles étaient juste un peu énervées! On a donc pas particulièrement accroché avec le massage laotien!
- En physique : les Laotiens sont beaucoup plus en chair que les Vietnamiens. Le visage est relativement rond, les lèvres épaisses, les yeux bridés (sans déconner…), le nez un peu épaté et la peau assez mate. On retrouve la même diversité de physique que dans le Nord Vietnam concernant les ethnies. A noter que nous ne rencontrons particulièrement pas de papi alors que les vieilles femmes sont toujours à garder la maison et les enfants. Nous en concluons, pathétiques, que la plupart sont morts avant l’âge, victimes directs ou indirects de la guerre… C’est glauque…
- En musique : alors qu’on se le dise, ici la musique c’est karaoké sinon rien (rien!), avec petit synthé, voix langoureuse et grand renfort de batterie (le fameux toudoudoudoudoudoupchch). Quant aux clips, il est toujours question d’infidélité, c’est facile! La musique traditionnelle fait intervenir plein d’instruments traditionnels dont des gongs, des instruments à cordes et une sorte de xylophone.
- En danse : les gens dansent tous un peu de la même façon : pour ce qui est des pieds, on fait comme quand on sait pas danser (pied droit touche gauche - revient - pied gauche touche droit - revient) et les bras remuent légèrement, poings fermes ou mains ondulant, du moment que les coudes restent près des côtes. Sinon dans la danse traditionnelle, le bassin est presque immobile pour que toute l’attention soit focalisée sur le gracieux mouvement de torsade des doigts.
- Sur la route : Première chose, et pas des moindres, ici on ne klaksonne pas! Il parait que la moto est la première cause de mortalité chez les touristes. Et à la fois, comme disait Julie, sinon ils mourraient de quoi?! Les routes sont quand même assez mauvaises et il faut prévoir, dans la montagne, du 20 km/h de moyenne…
- En argent : La monnaie locale est le kip (10 000 kip = 1 euro). Au total on a depense 21,74 euros précisément, ce qui est peu nous direz-vous mais imaginez qu’en plus les achats représentent une part que je qualifierais de considerable dans ce budget! A titre informatif, une chambre nous coutait entre 30 000 et 50 000 kip, un repas pour 2 entre 25 000 et 90 000 quand on se lachait vraiment!
- En tout : Le Laos est un gros coup de cœur pour nous. Des gens extrêmement adorables, de belles rencontres, des paysages magnifiques, des sites intéressants à visiter, une histoire édifiante… Il nous aura juste manquer du temps ; tant pis, c’est une bonne raison d’y retourner!

mercredi 12 novembre 2008

4000 Iles

Après quelques heures de trajet et changements de bus, on arrive à quai pour prendre le bateau en direction des 4000 iles : estuaire sur le Mékong à la frontière du Laos et du Cambodge, idéal pour se balader et être loin de la civilisation, puisqu’il n’y a pas de réel accès à internet, téléphone, banque ou véhicule à 4 roues.

C’est ici que l’on verra notre maitre du rest-like (nom donné à un trébuchement dû à une butée du pied. Ne pas confondre avec moonlike: espèce de glissement involontaire comme un moonwalk loupé à la Jackson). Disons que le touriste réussira en moins de 2 minutes à chuter près de 3 fois, dans des circonstances et des positions que les plus grands acrobates n’osent réaliser: le gars avec son gros sacs qui trébuche et se retrouve plier en 2, la tête face au tibia et qui se fait emporter en courant par le poids du sac en avant sans pouvoir rétablir l‘équilibre. Heureusement un guide laosien l’arrêtera avant qu’il n’arrive dans la rivière! Enorme moment de rigolade qui aurait mérité les 10000 euro de vidéo gags...
Sur le bateau on fait la connaissance de Coralie, française de Haute-Savoie d’une grande fraicheur et spontanéité, avec qui on partagera la vue des bungalows, où l’on logera en bord de Mékong.
Nous sommes sur Donekhone, île au décor de cocotiers sur fond de forêts et de rizières aux déclinaisons de verts (dont on ne se lasse pas) et ou le Mékong peut serpenter avec sa couleur boueuse.

Dans cet environnement, le fleuve se révèle aussi calme sur la largeur, occasion pour nous de voir les bateaux de course traditionnel en action, que tumultueux dans des gorges, où il se déverse en torrent assourdissant.

Ici c’est un petit avre de paix, ou l’on prend le temps de se balader a vélo en faisant le tour de l’ile, de s’arrêter voir les gens travailler aux champs et les enfants qui jouent dans les chemins sous le regards des grands-mères qui les gardent, en égrenant les épis de riz sur le tambour à pédale.


Ce sera l’occasion aussi pour nous de pouvoir observer les dauphins d’eau douce a bord d’ une barques qui glissent sur la ligne de frontière. En fin observer, on dira plutôt apercevoir, car avec l’eau opaque il est impossible de savoir a l’avance ou ils sortent et il répondent pas non plus a l’appel de Flipper.



En tout cas quel plaisir de profiter du calme environnant, avec un batelier qui préfère la rame au moteur pour approcher les dauphins. Bon en même temps, c’est certainement davantage par souci économique qu’écologique, mais le résultat est le même!
Le coucher de soleil sur la rizière reste un très joli souvenir dans de superbes couleurs rougeoyantes, où les palmiers se découpent en ombres chinoises.
On en profite jusqu’à la nuit en rentrant par les chemins caillouteux. Et a notre arrivée au village, on a la bonne surprise de recroiser Louis et Valérie avec qui on partagera la soirée autour d’un bon repas a la biere, avant d‘être rejoint par Coralie.
Malgré une petite crevaison, une séparation de votre binôme de choc durant une demi-journée pour cause d’erreur de parcours, on serait bien rester davantage, même si on a bien profité. Mais le “planning”, en temps, ne nous le permettait pas plus que notre mauvaise anticipation financière , en l’absence de distributeur…

mardi 11 novembre 2008

Vientiane






Autant dire qu’après avoir été malade, je n’envie pas trop les gens qui prennent leur bain quotidien dans la rivière à 5h30 du matin, heure de notre départ pour Ventiane. A l’arrivée dans la capitale laosienne, c’est la demoiselle qui a la lourde tache de trouver une guest et vue les prix affichés c’est un défi qu’elle a relevé brillamment. Par contre, ce sera la chambre la plus pourrie de notre voyage: propreté douteuse, des lits grinçants dont les pieds sont dans des boites de conserves pour ne pas abimer un lino déjà complètement déchiré et charmante compagnie de multiples petits insectes, avec qui on partagera la chambre…Idéal pour se refaire une santé!
Forcément on préfère sortir, faire quelques visites, comme le Wat Si Siket, seul temple à avoir résisté aux différents bombardements subit dans les dernières décennies et qui se veut un sanctuaire des représentations bouddhiques, puisqu’il en regroupe près de 12000.
Les statues sont de toutes tailles, en différents matériaux, parfois brisées après les pillages subis et datent de différentes époques. C’est un vrai régal de variétés même pour des non bouddhistes. Bon c’est sûr qu’après, je plains la femme de ménage, parce que c’est un vrai bordel de bibelots à nettoyer! L’endroit est calme et très agréable avec la lumière de fin de journée…

Apres avoir perdu quelques forces, surtout pour le fiévreux, on fait péter un bon gros resto avec saumon fume et steak tartare (on vous laisse deviner qui a pris quoi!!) à la française. Tellement Français qu‘on aura même le droit à la chanteuse nationale… le patron de l’établissement nous mettra la femme de Nico, comme si c’était indispensable! Sacre Carla, elle a failli nous gâcher le repas!

On visitera également le musée national qui retrace une fois de plus les horreurs des colonialistes Français, avant d’être sous un protectorat Français permettant l’établissement de frontières indiscutable entre autres face aux Thaïs. On retrouve également Ho Chi Minh, libérateur du pays contre les américains, et qui pour le détail était a Tours dès 1920, à la fondation du PCF.
Finalement, on ne reste pas très longtemps dans cette ville, qui regroupe un palais présidentiel qui ressemble à un palais miniature, voire maison de poupée. Disons que l’ambassade américaine pas loin en impose plus, tellement sécurisée que l’on a cru au début que c’était une prison: d’ailleurs il faut faire quelque chose pour ces gens, essayons de les libérer, non?!
Peut-être qu’il faudrait juste qu’ils soient un peu plus tolérant, comme Luang Pu Bunluea Sulilat, sorte de chamane-yogiste, un peu illuminé.Cet homme a su regrouper dans un jardin, différentes statues des religions bouddhiste et hindouiste. L’endroit est au bord du Mékong dans la verdure, à l’écart de la ville, ou il fait bon s’y balader. C’est ici que l’on verra notre premier grand Bouddha couché, très impressionnant!

Mais on approche de la fin de notre séjour ici et on prend un bus avec couchette pour faire le trajet de nuit et l’avantage c’est que le karaoké est à volonté durant tout le trajet!! Les clips ne sont pas racontables il faut les voir…

dimanche 9 novembre 2008

Vang Vieng

Nous avons passés une bonne partie de la nuit dans le bus et nous arrivons à Vang Vieng à 4h du matin. On doit dire que la recherche d’une guest à une heure aussi tardive est un article à lui tout seul… Mais pour résumer, ça donne marche de nuit dans les chemins chargés de l’eau accumulée de la journée, pour arriver on ne sait en fait pas vraiment où, si ce n’est dans l’entre de Morphée… Alors on finit par laisser tomber l’utopie de trouver un lit à cette heure et bénissons la population de se lever tôt le matin! On a donc attendu 1h sur la terrasse d’un boui-boui que ses propriétaires se réveillent et nous fassent visiter leurs magnifiques bungalows : “paradise island” porte bien son nom pour nous!
Je tombe de fatigue pendant que Matthieu, attiré par les paysages splendides que le jour naissant laisse apparaitre, part faire une petite virée dans les rizières enclavées dans les somptueuses montagnes…

Il est donc super tard quand on se réveille. On loue des vélos et on s’arrête manger dans un boui-boui (qu’ils étaient bons mes nems…!),
en discutant avec 2 Suisses. Apres quoi on tourne en ville pour trouver l’office de tourisme : belle balade-découverte de la ville mais c’est officiel, y’a plus d’office de tourisme ici! La ville est très agréable, calme, entourée de montagnes dignes de la baie d’Ha Long et bercée au rythme de la rivière. Malgré l’appel de nos vélos à partir à la découverte de la campagne, nous sommes contraints de rentrer car Matthieu ne se sent pas bien. Il a de la température, frissonne… Le reste de la journée passe à attendre que le mal passe mais le lendemain ne voit pas plus de guérison venir… On tente une petite sortie en ville malgré tout pour aller manger. Mais au retour Matthieu culmine à plus de 39 de température. Et comme les médicaments n’agissent pas, nous décidons de faire de Vang Vieng la capitale du tourisme hospitalier. Très sincèrement, autant là on fait un peu les marioles à vous raconter nos mésaventures comme ça, autant sur le moment on ne faisait pas les fiers ni lui ni moi… Allongé sur son lit d’hôpital, Matthieu passe un test de palu : prélèvement de goutte de sang à la bucheron puis on attend 5 minutes. Ouf, le test est négatif. Le médecin ne donne pas de diagnostic mais prescrit du paracétamol et des anti-rhumatismes. Ce traitement ne tarde pas à faire effet heureusement et au final ça aura été presque plus de peur que de mal (là on voit bien que c’est pas moi qui ai souffert pendant 2 jours, pas vrai?!). Mais nous sommes obligés de partir sur Vientiane car le temps passe et le Cambodge attend… Adieu donc aux belles balades en vélo et au fameux “tubbing” (on vous installe dans des énormes bouées et vous glissez sur la rivière de bar en bar). Vang Vieng ce sera pour un prochain voyage au Laos!

samedi 8 novembre 2008

Salsa au Laos

Et nous voici sur le site de la Plaine aux Jarres.
Un grand merci a Greg, de la Reunion, qui LUI AU MOINS, est LE SEUL a nous avoir envoye des passes par internet... Je veux pas dire mais pour l'instant en tout cas, c'est lui qui gagne le concours... Juste pour vous rappeler qu'on attend vos passes sur nos boites mail... MERCI GREG!!!



Comme quoi, danser avec des chaussures de marche sur des cailloux ca facilite pas les tours... Merci de votre comprehension...!

vendredi 7 novembre 2008

Plaine des Jarres

Nos derniers sandwiches au Nutella à la main (snif…!), nous partons de Luang Prabanb en bus pour 9h de trajet. Nous nous félicitons de ne pas être malades et profitons des superbes paysages de montagne avant d’arriver de nuit dans ce qui s’avèrera être le haut lieu de la guerre Américaine au Laos : Ponsavanh. Partout c’est blindé d’armes récoltées sur les champs de bataille qui ont ici remplacé la culture du riz… tout simplement horrible… Rien que dans notre guest, les murs sont recouverts de vitrines regorgeant de grenades, cartouches et autres fusils ayant servi pendant la guerre. On peut aussi vous proposer un “bomb BBQ”, traduisez un barbecue dans une bombe désamorcée…

Ca met en appétit, non?… Bref, on part manger avec Anja et Saskia, nos deux compagnes Allemandes depuis quelques jours, une bien agréable compagnie!
Le lendemain c’est parti pour la plaine des Jarres avec Anja (Sakia est trop malade… On l’est tous un peu à vrai dire…), non sans avoir dévalisé le marché de beignets banane, gaufre, riz et petits cakes! Nous partons en minibus car l’accès au site est a priori réglementé. L’arrivée au site n1 donne tout de suite le la : deux grandes pancartes informent sur l’UXO (bombes non explosées), l’une pour dénombrer les 300 bombes et 31 000 débris retirés sur la petite zone, l’autre pour nous interdire de quitter le petit sentier car tout autour c’est toujours UXO land… Triste héritage de la “guerre secrète” avec les Américains… Et pourquoi secrète me direz-vous? Ben parce que malgré le massacre de civiles perpétré ici et malgré les victimes que l’UXO continue à faire depuis, les USA continuent à nier être intervenus au Laos! MDR jaune, quoi…
Alors avec tout ça, le marquage au sol pour délimiter la zone saine de la zone bombée, les histoires de notre guide en rapport avec la vie pendant la guerre et les cratères de bombes partout autour de nous, c’est difficile de s’imprégner du mystère pourtant fascinant de ces énormes jarres, taillées dans la roche de la lointaine montagne…

Datant de plus de 2 000 ans, l’usage de ces jarres restent non élucidée. Une française les a étudiées au début du siècle et a conclu à un usage funéraire (elle a trouvé des ossements dans une des jarres), mais nous préférons l’histoire de notre guide qui explique les jarres comme des fûts géants à alcool de riz! Alors, vous en pensez quoi?…


En tout cas les jarres gracieuses et imposantes laissent la vedette à la guerre et ses ravages puisque le site est devenu le champ de bataille, pas moins que ça, pendant la guerre contre les Américains…

Sur le site n2, moins de jarres mais la même histoire. Au moins le paysage, avec ses pins sur la colline, nous ravit bien plus que la désolation à perte de vue du premier site…
C’est l’occasion pour nous de faire une petite danse! Nous partons manger dans un petit boui-boui en admirant les jeunes jouer au volley-foot : vraiment trop fort cette habilité avec laquelle ils jonglent avec la balle de bambou…




Enfin nous rejoignons le site n3... Pour la même histoire et toujours des jarres ;)


Historiquement parlant cette journée, qui se poursuit avec la visite d’un tank russe (Tiens, les Russes! Un vrai terrain d’entrainement à la guerre froide quoi!), aura été édifiante… Mais heureusement qu’on termine par la découverte de la fabrication du lao-lao qui donne une touche plus gaie à notre journée…
On rentre, on se prend la tête autour de l’achat de cartouches à ramener avec nous… Un dernier moment avec Anja et on prend le bus de nuit direction Vang Vieng.

lundi 3 novembre 2008

Luang Prabang

L’absence de distributeur d’argent qui nous a obligés à partir si vite du lieu idyllique dans lequel on se trouvait à Nong Kiaw… Alors pour en partir, on continue les économies, dommage pour le trajet en bateau… et on arrive à 14h en bus à Luang Prabang.
La ville nous avait été décrite comme touristique donc on s’attendait à croiser beaucoup de monde. Nous nous y étions préparés et c’est donc sereinement qu’on découvre la multiplicité des guests du coin et le nombre de tuk-tuk.

Le quartier est très joli, le long du Mekong, avec de belles maisons et de ci de là quelques magnifiques temples. On part ensuite en direction du marché. Je vous dis pas comment ça frémit à ce moment dans mon porte-monnaie (“notre“, ok…) tant l’artisanat ici est beau : bijoux, tentures, vêtements, étoles, lampions… Tout donne envie!

Mais nous nous réservons pour plus tard (toujours regarder d’abord pour se faire une idée!) alors on se lâche sur la bouffe! Il y a partout des petits stands et on est interpelés par 3 sœurs Laotiennes vivant en France et aux USA en voyage dans leur pays et une Ecossaise. Ca envoie, l’ambiance! Et question saveurs, c’est sans doute le meilleur repas végétarien du pays! De la pate de cacahouète et différentes choses enroulées comme des nems dans de la feuille de chou… Tout simplement à tomber par terre! La journée passant on va se faire masser… enfin quand je dis masser… C’est plutôt une séance de Ninja à se faire broyer comme ça! Bref, un bon dodo arrangera tout ça et le lendemain, on découvre avec délice une autre spécialité culinaire de Luang Prabang : le pain au Nutella!!! Si!!!
Quelques gourmandises plus tard on part visiter le musée national. Le cadre est magnifique car c’est dans l’ancien palais royal (pas si ancien que ça car il date de 1904), mais l’intérieur ne nous emballe pas des masses.

Seul intérêt réel à nos yeux : le Bouddha d’or appelé “Pha Bang”, qui a ainsi donné son nom à la ville. Dérobé avec les 2 autres Bouddha d’émeraude et de jade, il est le seul à avoir été rendu au Laos (c’te honte!). Certains supposent du coup, par peur du vol, que le vrai Pha Bang serait caché dans un coffre à Vientiane ou quelque part dans une grotte…
Nous quittons le musée pour monter à Phu Si, temple qui domine la ville du haut de sa colline, en passant par un escalier bordé de frangipaniers, l'embleme du pays (beaucoup plus agréable que notre coq national…).

De là on peut en bons touristes, acheter un oiseau pour lui rendre sa liberté… Ben voyons… Nous on a choisi de donner des offrandes au chat gardien du temple!

On apprécie la vue sur la jolie végétation qui parsème la ville puis on redescend pour assister au ballet qui se tient au théâtre, dans le parc du palais (classe, non!). Le spectacle commence par une danse collective d’une quarantaine de filles : grace des mains et poignets et peu de mouvements du reste du corps. Puis plusieurs scènes se succèdent, restituant sans doute une partie de l’histoire du Laos.


Des hommes vêtus de costumes traditionnels et de masques se campent sur leurs pieds, martèlent le sol en râlant ou gémissant

C’est très chouette d’assister à ce spectacle!
Et puis après tant de culture, c’est le 2e soir : on débride le porte-monnaie!! Et comme tant d’achats donnent faim, on se termine avec DEUX sandwichs au Nutella…

Lamentable!
Au 3e jour, on a rendez-vous avec nos copines Anja, Saskia et Julian qui ont eu la bonne idée de louer un tuk-tuk pour aller à Kuang Si Waterfall. On arrive assez tôt pour profiter du site tout seuls : ferme des ours (soi-disant là pour être soignés mais vu le nombre, nous pensons que ça va maintenant, ils vont bien…) et succession de petits bassins aux eaux oscillant entre le jade et le turquoise…

Plus loin chute une vraie grande cascade.

On essaie de grimper pour aller surplomber la chute d’eau mais on est juste trempés de marcher sous cette chaleur! Le temps de profiter encore des bassins



et on rentre tranquillement sur Luang Prabang pour louer des vélos. Vraiment, c’est LE moyen de transport à adopter ici, parce qu’il permet de prendre toute la mesure du calme de cette ville. Sortis du coin des guests, la ville s’aère et se fait Bouddhiste. Nous en profitons pour flâner le long des belles maisons coloni
ales qui font face au Mekong puis pour visiter Wat Xieng Thong, temple le plus célèbre de la ville et pour cause. Le temple principal est immense, aux toits superposés de bois sculpté,

et dont les murs intérieurs sont recouverts de peintures. Même les portes sont magnifiques.

On se balade dans le charme des lieux, seulement déçus de ne pas s’autoriser à prendre plus de temps dans ce type d’endroit tellement l’ambiance toute particulière qui y règne nous séduit.

Finalement on prend la direction de Ban Phanom, un petit village proche. Dans une petite rue des barnums abritent des tables et un orchestre joue. On s’approchant un peu nous voila invités à un mariage! Cool! Typiquement, tout le monde se cuite la gueule à la bière! On remplit le verre (avec des glaçons!), on trinque et de là on est amenés à boire cul sec et à se faire re-remplir le verre!

On reste un moment à boire (pas le choix!) puis on rencontre le couple de mariés, visiblement bien déchirés!

Ils portent des bracelets blancs aux poignets, offerts par les anciens pour porter bonheur (un peu comme on connait les bracelets brésiliens). Finalement je vais danser.

Vraiment génial la danse, pour ce qu’elle inhibe toutes les frontières entre les gens. On passe ainsi de supers moments très spontanés avec ces gens adorables et c’est l’approche de la nuit qui sauve nos gamma GT : on quitte le mariage un peu allumés, sur nos vélos, de nuit, sans lumière…! Alors là je demande une minute de silence car j’ai perdu une de mes savates, qui a cassé après tant de mois de bons et loyaux services et de pays visités… Sylvie comprendra à quel point le deuil a été long et douloureux… Snif…
Bref, on va manger indien et je pars me faire masser pendant que Matthieu rentre écrire à la guest.
Le lendemain, grosse déception : on avait pris le parti de rester un jour de plus car je voulais suivre un cours de cuisine laotienne et nous en aurions profité pour apprécier encore cette ville si plaisante…. Mais je suis malade, contrainte à garder le lit. On fait une tentative de sortie qui nous fait rencontrer dans la rue un petit papi qui nous sollicite en Français et nous parle de son passé dans l’armée française, combattant contre les Viets… Mais je suis trop faible, et on loupe une chouette rencontre… Argh! Ce n’est que plus tard dans la journée qu’on peut bouger pour compléter nos achats et donner à notre hôte du mariage (qui est vendeuse sur le marché) les quelques photos prises la veille. Elle insiste alors pour nous offrir ce qu’elle vend. Nous voulons la payer mais sommes très touchés par la générosité de cette femme qui nous donne tout ce qu’elle a. La journée et notre séjour à Luang Prabang s’achèvent sur cette pensée, tout en douceur…