vendredi 21 novembre 2008

Kampot, Kep et Rabbit Island

A 1 heure de trajet, on se fait déposer en bord de fleuve à Kampot dans une guest tenue par des chinois, où l’on se pose.
En fait, pour tout dire, depuis que l’on voyage en Asie, on retrouve comme dans beaucoup d’autres pays, une communauté chinoise qui ouvre commerce et établissements de tourisme, de qualité d’ailleurs. C’est effectivement très sympa ces Chinatowns, c’est très agréable, vivant, joli. Le seul problème est de voir cette communauté s’installer, en faisant fi de plusieurs aspects de la culture locale, n‘hésitant pas essayer d‘arnaquer sur les prix, affichant un sourire lorsqu‘ils voient des gens susceptibles de posséder une carte de crédit et ne semblant pas du tout essayer de s’intégrer avec la population locale. Evidement, peut-être qu’il y a un fond de racisme dans ce que je dis et ce que je pense. Mais à partir du moment où cela se retrouve de manière redondante en Asie, qu’une partie des populations locales partage cet avis en lien avec ce que l’on observe ici et que l’on entend ce qui se passe au Tibet (rasage systématique des temples, destruction des textes sacrés, déplacement des populations), et bien il me revient cette citation du philosophe Ozoux dit Mr Y:“ Quand on voit ce que l’on voit et qu’on entend ce qu’on entend et bien on a raison de penser ce que l’on pense”.
Le grand pays veut retrouver sa grandeur et serait prêt à tous les sacrifices? Déjà que de le faire dans ses frontières c’est moyen, mais dans tous les pays frontaliers et plus loin encore, c’est plus que moyen. Nous nous sommes posés la question de notre racisme. Car assimiler un critère à un ensemble de population, c’en est! Alors je veux bien faire un effort sur ma pensée minimaliste mais ils ont aussi un truc à changer dans leur comportement vis-à-vis des autres. Fin de parenthèse, à vous de la continuer…
Kampot, c’est petite ville tranquille, où les gens font des matchs de volley avec un public détendu mais les joueurs jouent avec une concentration de derby national (sans doute quelque argent mis en jeu pour l’issue du match). Après un petit tour, on loue une moto pour la fin de journée et le lendemain. On s’arrête en terrasse bord de fleuve : bah oui c’est l’heure de l’happy hour!! Mojito et Long Island avec le plaisir des Pringles. On va essayer d’aborder le Cambodge un peu différemment…

Après une nuit sous averse, on se lève tôt et nous voila partis sur la 250 cm3 vers Kep. Paysage plat avec colline en arrière fond. Les palmiers poussent au milieu des rizières, comme les maisons des habitants sur pilotis.
Ca fait plaisir de rouler en moto dans ce décors, croisant tuk-tuk, motos, tracteurs, charrettes, route bordée d’encadrements de portes marquant l’entrée des temples bouddhistes, le tout sur fond de sourires et des coucous des gens croisés. Puis c’est le moment de tenter d’aller voir les plantations de poivre, en passant par des pistes crevassées par la mousson et les charrues où la poussière se lève : c‘est notre étape du Paris-Dakar. Finalement on verra les plantations mais pas de coopérative et les gens ne parlent pas l’anglais donc difficile d’avoir des explications sur le travail et la culture ici.
Pour le midi on s’arrête un peu par hasard dans un village au milieu de nulle part. Une fois la moto arrêtée, Aude est interpellée par les pleurs d’un enfant, on va voir le rassemblement autour de cet enfant. Surprise, la fille assise, pleure alors qu’un homme lui enfonce un pic dans l’oreille. C’est le pharmacien (ici, c’est une personne qui a un commerce de médicaments), qui essaie d’enlever un parasite niché dans l’oreille de la petite. Apres avoir essayé de participer à la trouvaille d’une solution avec notre pharmacie et nos idées, le mieux est de l’envoyer à l’hôpital. Le seul remède que l’on apportera sera de donner un petit livre. Dure réalité que de voir les conditions d’hygiène, de soins ici, avec une impuissance de notre part et peu de solutions à apporter. Mais les gens ici gardent le sourire, sans s’affoler outre mesure : Belle première leçon de vie de la journée. Après cet intermède, on s’installe dans le seul coin pour manger avec une télé dont le volume est à 50 sur une échelle de 1 à 10. On se régale d’une plâtrée de riz fris cantonnais. Avant que l’on soit interpellés par un jeune garçon sourd avec qui on pourra échanger par l’intermédiaire du gé-palémo. Il nous traduira en langage des signes bon nombre de mots (couleurs, véhicules,…), le tout avec un grand sourire, mais surtout modèle d‘intégration où tous les gens ici parlent la langue des signes et peuvent communiquer avec le garçon : Deuxième leçon de vie de la journée. Encore un moment sympa partagé avec une population souriante et agréable, et toujours surprise lorsqu’on demande des baguettes pour manger!!
On repart ensuite à travers les chemins jusqu’à Kep et son bord de mer où les crabes sont vendus avec la possibilité de les griller sur un BBQ. Le temps d’un tour en moto, d’une balade sur la colline et de 2-3 péripéties et l’on prend la décision d’aller sur Rabbit Island le lendemain en bateau. C’est un jeune homme que Aude rencontre sur la plage qui nous propose de nous emmener. C’est ce même jeune homme qui, en discutant sur les gens d’ici, confirmera que seul la misère et le manque de possibilité de gagner de l’argent, poussent les familles a sacrifier certaines de leurs filles à la prostitution, avec culpabilité et désarroi. Il n’y a pas de choix, si ce n’est celui instauré par les touristes munis de billets verts. On est loin d’un paradis venté par les proxénètes et les clients qui profitent de la misère...
Du coup, on repart le soir vers Kampot récupérer nos sacs pour prendre un tuk-tuk le lendemain qui nous emmènera au bateau : route de nuit cahoteuse, non-éclairée avec co-pilotage de Aude et moucheron party ou comment réinventer le sourire “ultra-brite“.
Le lendemain, on se met sur le bateau pour 30 minutes de traversée jusqu’à Rabbit Island, île sauvage avec bungalow, vous l’aurez deviné, en bambou
et une douche parfaite, que je vous laisse découvrir.

Comme quoi il y a pas besoin de grand-chose pour se laver (avec ce que ça implique sur la pollution, la consommation d’eau, les matériaux construction).

Ici on restera une nuit, le temps de faire baignade, tour de l’ile, profiter du cadre paisible de l’endroit et la rencontre de Tadeusz. Voyageur polyglotte, d’origine polonaise, empreint d’une grande sympathie et d’ouverture d’esprit aux visions et réflexions intéressantes et riches dignes sans doute de sa jeunesse d’esprit. Et à Rabbit Island, il y a surtout des repas de crevettes, mais c’est pas : “bonjour je voudrais des noodles avec crevettes”. Enfin la première fois on a cru cela et en fait tu te retrouves avec une assiette contenant 32 crevettes (Aude a compté!!) Et c’était pareil à chaque repas quand elle venait pas m‘en piquer dans mon assiette (si si je vous jure!!). Petit séjour mais bon temps sur cette île où l’on aura passé des moments agréables jusqu’au retour, où on voit cette femme qui pris le bateau avec nous en se prenant pour un morse. Aucun respect pour les morses, les autres et elle-même, s’affalant d’abord sur le bateau puis sur le quai, sans faire l’effort de rester sur ses jambes et se retrouvant le ventre à terre… Jolie vision du touriste obèse dans un pays où l’on observe de la malnutrition…

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