dimanche 31 mai 2009

Bilan du Pérou

Le Pérou...

- En rencontre : Ah ça c’est sûr que pour le Pérou encore, on a envie de commencer notre article par ça… Car ce qui est toujours ressortis des échos collectés à droite à gauche, c’est que le Pérou était le pays des voleurs. Autant vous dire que, non contents d’être restés 40 jours en Bolivie, amputant de 2 semaines ou presque notre temps au Pérou, on est arrivés dans ce pays avec une image du Péruvien peu glorieuse, genre les yeux fourbes et sournois, la démarche rapide et efficacement tournée vers le portefeuille de la poche intérieure droite de la chemise située sous la veste, la main baladeuse et la morale au fond à gauche (autrement dit dans les chiottes pour ceux qui n’ont pas encore remarqué que les toilettes étaient toujours au fond à gauche, mais là, je m’égare). Quasi paranos jusqu’à la récupération de TOUS nos bagages à l’aéroport de Sao Paulo au Brésil, nous avons donc envisagé chaque Péruvien comme un voleur potentiel… Pourtant, au fur et à mesure du temps passé dans ce pays, nous avons appris que surtout, les Péruviens étaient des gens d’une gentillesse absolue, serviables et aidants, joyeux et attentifs. Toutes les occasions étaient les bonnes pour échanger trois mots ou ne serait-ce qu’un sourire ; toutes les situations étaient les bonnes pour donner un conseil ou … signaler que notre poche était ouverte! Et si, au final, Matthieu aura pécho un voleur et lui aura fait payer pour l’Ipod et le disque dur volés au Chili (depuis le temps qu’il attendait d’en prendre un la main dans le sac pour se venger!!!), nous avons l’honneur et la grande fierté de vous annoncer que nous ne nous sommes rien fait voler au Pérou!! Champagne (Pardon : Pisco!)!!! Alors on se dit que c’est peut-être parce qu’on n’est resté que 2 semaines. Ou peut-être parce qu’on a toujours été très vigilants. Ou peut-être parce que des mesures ont été prises par les autorités pour lutter contre ce banditisme. Ou peut-être encore parce qu’on a eu la chance de ne pas nous trouver au mauvais moment au mauvais endroit. Mais ce qui est sûr c’est que, si l’on sait que le vol est bien réel au Pérou, nous retiendrons surtout la gentillesse des Péruviens, peuple hissé carrément au top 10 des gens adorables!

- En massage : Continuons donc sur les bonnes surprises de ce voyage : il y avait des massages ici! Je n’ai pas testé le massage Inca, à base de pierres taillées en étoile appliquées chaudes sur le corps (un peu trop cher quand même!), mais j’ai choisi le massage “basique” de tout le corps qui était assez doux et professionnel. Allongée sur une table au trou prévu pour la tête, le seul hic aura été que… la masseuse puait des pieds rendant moins agréable que prévu le massage de la partie haute du corps! Mais ça, c’est une autre histoire!!

- En paysages : N’ayant visité qu’une toute petite partie du pays, on ne va bien sûr pas vous parler des paysages du Pérou mais plutôt d’une partie Sud du territoire. Entre étendues semi-arides et poussiéreuses et forêt tropicale à l’approche du Machu Picchu nous avons été étonnés de rencontrer une diversité écologique telle. Vous l’avez vu sur les photos : le Pérou c’est beau!

- En nourriture : relativement identique à l’alimentation bolivienne, le repas typique péruvien consiste souvent en une assiette copieuse et équilibrée (riz, crudités, viande) précédée d’une soupe. C’est encore une fois pas la fête des végétariens mais ça, on commence à “avoir l’habitude”, hein Matthieu?!

- En musique : Aller! C’est pas comme si ça faisait des mois qu’on en bouffait… C’est reparti pour la fête de la cumbia… Le jour où je mets la main sur l’inventeur du synthé et ses rythmes pré-fabriqués, je vous assure que ce sera mon petit moment-justice à moi parce que franchement, c’est abusé cette musique! Quant à la réputation des Péruviens grands amateurs de flûte de pan… Ben c’est un peu vrai… Sur quasiment tous les sites, il y avait toujours quelqu’un pour jouer du flûtio! Assez balaise d’ailleurs car les flûtes dont ils jouent ici n’ont pas le bec de nos instruments de musique de collégiens, sinon une simple encoche dans l’embout et là, va jouer avec ça…

- En danse : heureusement, l’Amérique Latine est aussi grande consommatrice de salsa et, au-delà de l’avoir entendue dans la rue, nous avons pu la danser dans un bar. Le Pérou dispose bien sûr de danses traditionnelles, mais celles-ci s’observent souvent lors des fêtes ou des carnavals et nous n’avons pas eu la chance d’assister à ces manifestations. A noter à ce sujet que c’est au mois de juin que la plupart des cérémonies, fêtes et festivals ont lieu…

- Sur la route : On parlait de la route de la mort en Bolivie? Ben ici, on a connu des bons ravins aussi! Car si les routes oscillent entre piste vaguement carrossable et bitume clinquant, il existe aussi de nombreuses “routes” “à flanc de montagne”, l’expression est bien pauvre! En gros, la culotte sloggi est au string-ficelle ce que l’autoroute du Sud est à la route de montagne péruvienne… Gloups!

- En physique : bon, vous avez déjà tous pris le métro à Paris, non? Oh ça va, on peut rigoler aussi… J’ai le regret d’avouer que Matthieu a craqué sur les femmes péruviennes. Mais j’m’en fiche parce que les Péruviens ne sont pas (tous) dénués de charme non plus! La peau mate, les yeux légèrement bridés (au point tout de même de prêter à confusion certaines fois avec les Asiatiques), de taille et de corpulence moyenne, il est vrai que le physique péruvien a ses atouts!

- En argent : Un peu plus cher que la Bolivie, mais finalement pas tant que ça, le Pérou se paie en nuevos soles (5 soles environ pour 1 euro). Nous avons dépensé ici 21 euros par personne et par jour, soit environ 40 soles pour un repas pour 2, environ 25 soles pour une chambre double, 5 soles pour un timbre.

- En tout : Nous n’avons eu que 2 semaines pour apprécier ce pays qui nous a montré ses plus belles facettes… Rappelons ici que les Péruviens sont actuellement en lutte contre leur gouvernement qui bazarde ses richesses tant culturelles que naturelles - en ce moment privatisation de l’eau - pour un argent facile et immédiat, au détriment de la population et de l’avenir. Ceci n’est pas sans rappeler la braderie du Cambodge dont nous avons pu constater les effets terribles lors de notre séjour. Nous souhaitons donc au peuple péruvien de sortir victorieux de cette lutte… Le Pérou en tout, ces gens, son patrimoine historique et la beauté de ses paysages, c’est une des bonnes surprises de l’Amérique du Sud.

jeudi 28 mai 2009

salsa au Pérou

Nous y voila... Encore un beau lieu pour danser! Si les Incas savaient...!

Machu Picchu

Depuis Ollantaytambo, nous allons nous rendre vers cette destination si attendue et touristique qu’est le Machu Picchu. Nous nous étions renseignés à Cusco pour s’y rendre et le mieux était de s’y rendre… bah par nos propres moyens. En effet, les seules possibilités pour y aller sont le train (qui avoisine les 100 dollars au minimum A-R) et la route jusqu’à un certain point. Comme d’habitude, on s’essaye au transport local de bus, ne voulant pas payer le prix fort du train, géré par un regroupement d’entreprises multinationales (on en est pas sûrs, mais vraisemblablement chilienne, américaine et allemande). Les péruviens eux-mêmes pour la plupart ne peuvent pas se payer ce luxe et tout l’argent récolté ne remplit pas les caisses de l’état, c’est pour cela, nous diront les péruviens, qu’ils encouragent les touristes à y aller par d’autres moyens juste histoire de faire la nique à ce qu’ils considèrent comme pas normal, et comme on les comprend! Du coup, c‘est 4 heures de bus pour aller de Ollamtaytambo à Santa Maria, dans des grandes routes de montagne, pas très larges, qui passent près des cimes de neiges éternelles, d’habitations de bord de route dignes des temps les plus reculés, avant de terminer sur une piste étroite, où on aura tout le loisir d’admirer la conduite habile du chauffeur… En effet, pris sur le passage du bus, on a eu le droit de faire les 3 premières heures debout dans les odeurs d’un clochard, avant de squatter l’allée avec les sensations de virages et autres rebonds dignes d’un très bon parc d’attraction (un grand moment!), avant d’être dans la cabine du pilote (musique cumbia à fond). On arrive donc à Santa Maria, où on a la chance de faire une connexion rapide avec petit repas à emporter nickel. Une piste de nuit étroite, à flanc de falaise, et on continue de faire confiance au chauffeur qui passe régulièrement à moins d’une largeur de pneu du ravin… C’est pas grave, on ne voit pas le fond, c’est que ça doit pas être dangereux… On lui lâchera quand même quelques petites injures pour se détendre! Nous voilà arrivés finalement à Santa Theresa , où l’on passe la nuit, après une bonne demi-journée de trajet. Le lendemain, il nous reste une petite liaison de 30 minutes pour aller à Hydroelectrica, terminus de la route d’accès au plus profond de la jungle. De là, il va nous falloir marcher le long de la voie ferrée pour aller jusqu’à Aguas Calientes, sur environ 2h30 - 3h. Au programme : traversée de pont, végétation luxuriante,
retour d’une chaleur humide et chant d’oiseau surprenant.

Pour moi, c’est l’occasion d’avoir une petite pensée pour mes parents et la Duche, sans doute passés par là, il y a plus de 30 ans. A l’époque, le train ne devait pas être aussi moderne et ne portait sans doute pas non plus le nom d’Hiram Bingham, illustre découvreur de la cité perdue en 1911. En son temps, quel périple cela avait-il dû être, accompagné par un jeune homme natif du lieux, habitant dans le site… Il est venu les années suivantes mettre l’endroit à jour, le faisant revivre. Le site s’était en effet éteint quelques 200 ans plus tôt alors que les derniers Incas s’en servaient comme dernier bastion de refuge face aux conquistadors qui avaient déjà détruit le reste de ces édifices de sauvages (et quand on voit la précision de ces constructions, elles n’inspirent pourtant que du respect).
Tout en haut, la silhouette du Machu Picchu
Après nos 3 heures de marche, on arrive alors dans cette ville qui semble en plein agrandissement, les hôtels poussant ça et là, à plus de 40 dollars la nuit, nourris par une armada de bus flambant neufs,
accueillis par une bonne centaine de gardes mobiles! Quoi? Il y a encore des Incas qui font chier? Ils veulent encore casser des cailloux, faire des prières pour le soleil? Et bien c’est presque ça : en fait les Indiens ou natifs manifestent et font une journée de grève et de blocage, afin de protester contre le gouvernement qui a cette fâcheuse tendance à tout privatiser…
Et le dernier projet porte sur l’accès à l’eau (jusqu‘ici gratuite)! Le problème c’est que les gens d’ici se rendent bien compte qu’une fois l’accès à l’eau restreint, la vie ne sera plus possible, d’autant que les gens ici ont toujours fonctionné avec ce partage et comment pourraient-ils payer cet accès? Ah cette recherche du profit…. Il me tarde de revenir dans cette société de consommation et de course à l’enrichissement personnel!
Toujours est-il qu’une fois l’”Hospedaje” trouvé, on se balade un peu dans la ville qui n’est qu’une grande étape touristique sans vraiment de charme. Nous préférons nous coucher pas trop tard afin de pouvoir se lever tôt le lendemain. Mais nos plans changeront après qu’un orage de type tropical ait sévi pendant plus de 3h. Nous attendrons donc un jour de plus à Aguas Calientes, sous une grisaille nous confirmant le choix de report de la visite du Machu Picchu, l’occasion de flâner, nous reposer, danser, mais rien de bien palpitant. On se couchera tôt en prévision de la longue journée du lendemain.
Celle-ci commence avec un réveil sur les 2 heu…3h30 en fait après un sursaut 40 minutes après le réveil! Une fois les paquets faits et quelques gâteaux dans le ventre, on part de nuit dans la ville endormie. On croise les guides et chauffeurs qui arrivent depuis Hydroelectrica, à croire qu’ils font le trajet tous les matins… Nous sortons de la ville accompagnés d’un petit chien qui nous suivra jusqu’à l’entrée et même dans le site de Machu Picchu après avoir réussi à frauder! Nous l’avons baptisé “oui-oui” en référence au bruit de la seule lampe que nous ayons en notre possession, écologique puisqu’elle se recharge en moulinant et faisant un bruit du tonnerre de dynamo (ouiiiouiiiiiiouiiiiiiiiouiiiii!)! Après 15 minutes sur la piste de bus, nous prenons le chemin escarpé qui monte directement à travers la jungle vers le Machu Picchu. Et autant dire que même à 5 heures du matin, il fait chaud et l’air est moite. On mettra un peu plus d’une heure pour arriver, là où un couple francophone attend, déçu de ne pouvoir entrer sans payer. Pour nous, ça nous convient de donner l’argent de l’entrée qui est versée pour le gouvernement et le peuple péruvien. Par contre, le site n’ouvre qu’à 6 heures et il est visiblement interdit de rentrer avec de l’eau sur le site ; ça annonce une bonne journée de déshydratation ça! On patiente jusqu’à l’ouverture magique du site et profitant avec grand bonheur de ces quelques minutes où le site est totalement vierge : quelle chance.

Pendant ce temps, le soleil fait son apparition...

Nous sommes les premiers du jour à venir,
on se fait une petite salsa seuls devant le Machu Picchu
avant d’avancer de peur de ne pouvoir accéder au Wayna Picchu, petite montagne donnant sur le site et où se trouve le temple de la Lune, accès qui a un nombre limité de places par jour. Habituellement le cotât est rempli dans le quart d’heure qui suit l’ouverture. Mais aujourd’hui est un jour un peu particulier car en raison de la grève de la veille, nous serons les 27 et 28 eme (petite dédicace pour le 28, jour anniversaire de ma Moman!), autant dire qu’il y a personne puisqu’hier aucun train n’a pu conduire le flot habituel de touristes. Nous pouvons donc monter tranquillement pendant une heure pour accéder au Sommet du Wayna Picchu et voir le soleil prendre possession du lieu dédié à son honneur.
Car en effet, tout est centré ici par rapport à la rotation du soleil avec une infinie précision. Chaque pierre a son utilité pour s’orienter en fonction d’un point cardinal, d’un rayon de soleil pour le solstice d’été qui éclaire une pierre donnant le début de la récolte. Celle-ci,
dressée face à l'observatoire astronomique, contient la gravure du symbole associé à la géographie du lieu, les trois cercles sacrés du Machu Picchu : la montagne Putucusi autour de laquelle s'organise le cercle du couple de montagnes Machu Picchu et Wayna Picchu, puis le cercle des montagnes alentour.
Les Incas avaient avec leurs croyances, une connaissance épatante de l’astronomie égalant les sciences européennes de l’époque, leur seul problème étaient que leurs croyances associées n’étaient pas les mêmes… Vu d’en haut, le site est d’une ingéniosité et d’une beauté harmonieuse avec l’environnement sans égal (et pourtant, Pétra, ça envoie). L’harmonie rassemble l’esthétique, les sciences, la religion, l’architecture, le savoir-faire, la fonctionnalité et le respect du cadre naturel. Impressionnant. Nous resterons en haut en pleine contemplation,
en présence de Zoé et Peguy, rencontrées en bas et qui pour la première fois depuis le début du voyage nous avaient interpellés “c’est vous qui dansez dans différents pays du monde?” C’est plutôt marrant… Voyageuses venues de France et arrivées ici en passant par l’Amérique Central, partie du continent visiblement moins modernisée, mais aussi fabuleuse (Nicaragua et Guatemala selon les dires), on discutera un bon moment alors que le site reste à notre bonne surprise vide! Après une balade sur les hauteurs, un essai pour rattraper un sac d’une touriste japonaise, nous redescendons par le petit sentier escarpé et à flanc de falaise. A l’arrivée, une petite pause sur les pelouses du Machu Picchu nous fera plutôt du bien.
Dès lors, il y a un peu plus de monde, sans que ce soit les 3000 personnes quotidiennes, et nous avons le loisir de pouvoir tenter d’observer, avec l’imagination des Incas (ils mâchaient pas que de la coca!) la tête de puma dans la montagne, le condor dans la roche (les Incas ont même taillé des terrasses pour figurer les plis de son cou!) et l’animal fabuleux (« saurien volant ») en forme de lézard représenté par l’architecture du site.

L’immensité des terrasses et le travail de construction reste épatant,
petit dédale entre les bâtiments,
escaliers aujourd’hui restaurés,
temple du soleil orienté et autel taillé au millimètre, nous feront faire une balade du Machu.
Pour ma part je suis un peu en manque d’énergie voire un peu malade, alors je souffle un peu. Nous irons tout de même jusqu’au pont Inca, construction montrant la technicité de leur construction puisqu’il s’agit d’un passage passant dans les montagne, restauré jusqu’à un certain point, avant qu’il ne parte à flanc de falaise.
Il étaient forts, les mecs du BTP à l’époque! Une salsa plus tard et il commence à être l’heure de repartir, car nous avons 3 bonnes heures de marche.


La descente du site sans eau sera motivée par les images fraîches que nous avons en tête et qui continueront de nous faire avancer sur le retour le long des voies ferrées. Car la journée se finissant, lorsque nous arrivons à Hydroelectrica, il fait déjà nuit depuis 1 heure, cela fait 16 heures que nous sommes réveillés et on en est à plus de 7 heures de marche, sans compter les déambulations sur le Machu Picchu... Autant dire qu’on en a plein les pattes et qu’à cette heure, il n’y a normalement pas de voiture pour Santa Theresa... Mais là, la chance nous sourit car il reste un unique taxi qui attend depuis une heure un groupe qui ne viendra jamais, mais qui nous fera faire le trajet. Ouf! On tentera de faire même la liaison pour qu’il nous ramène jusqu’à Cusco, mais la négoce tombera à plat avec l’arrivée du couple du matin. Petit coup de gueule sur ces gens qui essaient tout le temps de profiter de la situation en fionnant, en essayant de récupérer les bons plans, quitte à te pourrir le tien, que tu avais pourtant partagé avec eux, pour économiser 3 sous! Bref, nous sommes déjà contents de pouvoir manger un peu, dormir dans un bon lit, car ce n’était pas gagné d’avance, mais on a tenu! Le lendemain, on mettra pas mal de temps pour revenir à Cusco en taxi, finalement au même prix que le bus (et dire qu’on nous avait dit dans les agences, qu’il n’y avait que le train!). A l’arrivée, on est cuit de ces 2 jours et nous nous ferons le luxe de ne pas enchainer sur les 16 heures de bus pour aller à Lima, en prenant un billet d’avion avec décollage à 3200 m d’altitude et survol de montagnes et d’un volcan en éruption!
Pour la petite histoire, le matin du départ, je suis allé revendre mon duvet de plumes déplumé sur le marché de l’occasion, où tu peux retrouver d’ailleurs ce que tu t’es fait piquer dans la ville. Après la vente, je mets l’argent dans ma poche extérieure de polaire à fermeture éclaire. Evidement, comme le policier m’avait dit moins de 300 mètres plus loin, un mec me fait très habilement les poches sans que je ne sente rien ou presque, si ce n’est sa bousculade un peu appuyée… Ah ce plaisir que j’ai eu à le chopper, lui attraper sa main, mal dissimulée derrière lui, reprendre mon argent, avant de lui mettre un coup dans sa gueule!! Il a pris pour tous les autres, sans que je n’exagère puisqu’il avait l’air d’avoir trop respirer le plastique, mais je suis bien content d’avoir pu en chopper un quand même!

vendredi 22 mai 2009

Cuzco et la vallée sacrée

Nous arrivons à Cuzco après de nombreuses heures de bus (quand je dis nombreuses, c’est 16h plus l’attente de la connexion…), autant dire un peu fatigués et du coup pas très motivés pour aller à la rencontre d’une ville. Pourtant, une fois la guest trouvée, nous découvrons des rues et des places faisant davantage penser à une petite bourgade qu’à une ville. De jolis pavés, des murs Incas défiant toute concurrence espagnole (ouais enfin sauf qu’en fait les murs “incas“ de la ville espagnole, ils viennent très probablement des sites archéologiques alentour, dépouillés pour l’occasion. Alors? toujours aussi classes, les murs de Cuzco?!), bâtiments coloniaux, belles églises
et, en se faufilant, magnifiques demeures populaires avec patio et balcons intérieurs en bois. Quel dommage qu’on ait fait les feignants : aucune photo pour vous montrer tout ça! Aller, on se motive, direction les agences pour réfléchir à la possibilité de faire un trek entre le Choquequirao (site semblable au Machu Picchu découvert plus récemment) et le Machu Picchu. Première claque : c’est 7 jours minimum quand on en a que 5, raté pour le trek. Ne nous laissant pas décourager pour autant, nous filons à l’office du tourisme. Deuxième claque : aux alentours de Cuzco, il faut payer TRES cher un ticket touristique global qui ne laisse pas la possibilité de choisir les sites que l’on veut visiter… C’est le ticket cher pour 5 sites ou rien du tout… Bien! On n’a que très peu de temps au Pérou, on accepte les règles du jeu. Surtout, on voit bien qu’encore une fois il est impossible de demander quelque chose qui sortirait un petit peu du moule. C’est marrant d’ailleurs à quel point on observe ça souvent ici. Ils proposent des jus de fruits mangue-orange et fruit de la passion-banane, mais si on demande un mangue-passion, c’est la panique! Il faut pas s’étonner que la xénophobie fasse partie de ce monde quand rien qu’une demande non inscrite sur une carte déclenche la panique, remarque judicieuse de Matthieu…
Bref, nous avons donc accepté les conditions et commençons notre circuit touristique par le musée des Incas. On passe le coté céramique du rez-de-chaussée.. On aurait pu refaire la vidéo d’Alep tellement dès la première salle on a dû partir s’aérer dehors pour se remotiver! Mais c’est chose faite au deuxième étage. La collection enseigne une partie de la vie des Incas et, si nous avons encore l’impression de manquer de culture sur le sujet, nous en savons maintenant un peu plus sur ce peuple colonisateur colonisé.
Mais ce qui nous attire le plus, c’est la culture in vivo alors direction notre premier site Inca : Saqsayhuaman (je sais, c’est imprononçable. Alors comment s‘en sortir? Prononcez “Sexy Woman“, c‘est marrant et surtout efficace!). Situé sur la montagne qui domine la ville (justement pour son positionnement stratégique),
Saqsayhuayman était un temple du soleil avant d’être considéré comme une forteresse du fait de la lutte menée contre les envahisseurs Espagnols. Ce qui est de suite saisissant, au-delà de la dimension magistrale du site (le deuxième plus grand après le Machu Picchu), c’est l’art mis en œuvre pour sa construction.
Les blocs de pierre, allant jusqu’à plus de 100 tonnes, étaient taillés les uns par rapport aux autres en se basant sur la moulure en argile des pierres avoisinantes pour la découpe du bloc dans la carrière, puis le bloc était alors taillé sur place en fonction des détails de chaque pierre. D’autre part, les blocs, plus gros à la base et diminuant d’étage en étage pour rappeler la perfection existant dans la nature, étaient érigés légèrement penchés pour des mesures antisismique...
Alors là, on dit bravo.
Nous rentrons donc dans le site, armés de notre livre sur la vallée sacrée pour nous servir de guide, et arpentons une colline au hasard pour découvrir plus avant ce site épatant. Ici, un toboggan naturel fait la joie des enfants, mais pas seulement!


Une autre surprise : on ne lasse pas de s’étonner de la “lenteur” de l’archéologie, toujours active sur ce site, pourtant “redécouvert” il y a bien longtemps. L’histoire continue de nous surprendre… Le nom du site désigne, en fonction de la prononciation, soit une signification ésotérique en lien avec le puma, soit (grosso modo) le condor content tant ce lieu a été le théâtre du massacre orchestré de ce qui fut en son temps un des bastions des derniers Incas… Pourtant face à nous s’élève toute la majesté et la beauté de ce site parfait.
Bon OK, le vrai trône est là...

On distingue même, grâce à notre livre, on vous avoue!, là un serpent dans la pierre,
là un oiseau,
là un poisson!
Ils sont forts, ces Incas!
Mais nous décidons bientôt de quitter ce site pour gagner celui de Qenqo, accessible à pied avant la tombée de la nuit. Sauf qu’en chemin, Matthieu déniche une partie de foot à jouer, tout de suite et spontanément invité par les jeunes du coin. C’est parti (c’est le cas de le dire…) pour une demi-heure de sport, au soleil couchant,
et là, je suis bien contente, parce que ce sera la première fois que, les mains sur les genoux et la respiration courte,
mon amoureux ressentira l’effet de l’altitude, effet que je connais TRES bien depuis la Bolivie!
Bref, après quelques pas bien agréables sous les arbres, nous arrivons sur le site de Qenqo. Passée l’impression du simple bloc de pierre (prédominant en accédant au site), nous tentons de mettre à profit les caravanes de touristes qui se succèdent pour que Micheline fasse la photo cheveux recoiffés devant la pierre du crapaud (avec BEAUCOUP d’imagination bien sûr… Les Incas, c’est bien une culture différente et avec elle, toute une vision du monde!!), que Roberto remette ses lunettes qui ne servent plus à rien vue la pénombre pour se faire tirer le portrait sur le trône… Vous l’aurez compris, le seul intérêt des groupes de touristes pour nous, c’est définitivement l’absorption de quelques commentaires ça et là pour en apprendre davantage sur le site. Résultat la pierre s‘anime : là un autel des sacrifices, là une fontaine, là une zone astronomique. Poursuivant notre découverte du site par la lecture des informations données par notre bouquin, on avouera avoir retenu exclusivement que le site était d'un ésotérisme absolu, d'une perfection dédiée à la symbolique absolument... imperméable à nos esprits européens! On n'a rien compris aux couches successives d'explications sur les lignes qui figurent le temps mais rapporté à l'espace intersidéral au point de croire rencontrer bientôt un vaisseau spatial!
Mais le soleil se couche et nous devons redescendre sur Cuzco. Le lendemain, nous pénétrons dans la vallée sacrée… Après avoir bataillé un peu pour rejoindre le bon bus, nous partons pour Pisac, son marché traditionnel et ses ruines Incas. On nous avait dit que ce marché était un lieu d’échange, de troc, du fait de la rencontre entre les producteurs de produits frais des bas et l’artisanat des hauts. Mais à défaut d’intercambio, nous trouvons surtout un marché d’artisanat très touristique, avec interpellations en anglais tous les mètres et prix indiquant clairement qu’ici, ils ne sont pas là pour enfiler des perles. Mais vous connaissez déjà notre grande capacité d’adaptation en matière d’économie régionale et notre bonté n’ayant d’égale que notre souplesse, nous troquons l’option on-laisse-un-sac-à-Cuzco-pour-voyager-léger contre sa concurrente on-se-blinde-d’artisanat-à-ramener-en-France… Quel talent! Ben oui et puis avec tout ça, on a aussi mis l’intercambio au service du temps, troquons par la même occasion le beau temps de la matinée pour le marché couvert contre les premières gouttes de pluie pour monter au site… Nan vraiment, bien joué! Et pourtant nous apprenons que pas moins d’une bonne heure de montée nous attend,
traversant les terrasses agricoles et débouchant sur quelques ruines au rythme de l’orage qui tonne au loin et envoie le mauvais présage du gris sombre de ses nuages. Pisac est décidément un lieu épatant. Ici étaient centralisées les tâches administratives et le grenier de la région, sur les montagnes dominant la vallée et ses cultures en-dessous.
Les ruines, quoique effectivement moyennement bien conservées (il faut quand même l’aide du bouquin et notre imagination pour visualiser ce qu’était le site à l’époque des Incas), mettent en scène toute l’organisation dont savaient faire preuve les Incas. Les terrasses quant à elles étaient issues de l'ingéniosité agraire des Incas, fruits de la recherche technologique avancée et mises en place pour créer des écosystèmes capables de résister au froid, au vent et aux problèmes d'irrigation.
Cette incroyable technologie, associée à une sélection scrupuleuse des semences, a permis aux Incas de développer par exemple pas moins de 17 variétés de maïs dans la zone!
Au bout du chemin, traversant un tunnel et passant une porte Inca, nous arrivons finalement au cœur du site pendant que le chœur de l’orage nous nargue de sa voix puissante. Succession d’habitations,
fontaines au système ingénieux dont l’efficacité à traversé les âges, bains, les constructions défient le temps pour nous donner une vision peut-être plus précise du système Inca.
Seules les perles du tonnerre nous incitent à partir, préférant le taxi (négocié pendant quelques minutes, l’occasion d’une bonne partie de rigolade avec les chauffeurs, pas dupes de leurs propres prix!) à la redescente humide par le même chemin.
En bas, on finit nos emplettes et profitons d’une chance incroyable de trouver un bus pour Ollantaytambo dans les 10 minutes… Quel timing!
Nous rejoignons ce quatrième site Inca à seulement une heure de bus un peu plus loin dans la vallée, arrivant à la tombée de la nuit, juste à temps pour dénicher une super adresse, l’hostal El Tambo - Matacuy, situé à un cuadra et demi de la place principale et offrant une chambre dans une belle maison, la terrasse en mezzanine donnant sur un petit jardin ravissant et profitant de l’accueil simple et chaleureux de la propriétaire. Nous empruntons les magnifiques rues pavées au son joyeux des rigoles d’eau qui courent le long des murs pour manger un poulet frit et rentrons nous coucher. Quelle n’est pas notre surprise de découvrir le lendemain matin le vue sur la montagne et le site Inca juste là, depuis la balustrade. Le ciel bleu et le soleil nous offrent les promesses d’une belle journée et c’est reposés et tout contents d’être là que nous montons vers le site archéologique. Nous passons donc quelques magnifiques maisons ayant pignon sur pavés dans ce village entièrement rénové, semblant aujourd’hui vivre au rythme d’un autre temps,
puis nous grimpons dans la montagne pour atteindre bien vite les premières ruines. De là, nous avons vue sur la ville
et, profitant de notre guide de papier glacé, nous nous adonnons à une petite lecture culturelle.

Ollantaytambo était connu pour être le berceau du maïs, plante qui a carrément donné sa forme au village (en forme d’épi de maïs donc). C’est en effet ici que les premiers essais de culture transgénique ont été réalisés! Oui, c’est qu’ici les Incas ont développé de nombreuses variétés de maïs, mettant à profit leurs connaissances de la nature pour modifier les conditions d‘ensoleillement, d‘irrigation etc. A moins que le village n’ait la forme d’un arbre coupé? Ben oui, c’est que ce qu’il y avait de bien avec les Incas, c’était leur imagination et leur capacité d’une part à chercher à organiser leur vie dans des représentations de la nature, d’autre part à faire coïncider leur environnement avec ces représentations, profitant des détails de paysage pour, agrémenté de deux trois constructions, leur faire épouser totalement la forme souhaitée. Alors? Arbre coupé ou épi de maïs?


Mais trêve de culture, deux Françaises dont l’une rencontrée en Bolivie, ont rejoint l’endroit où l’on se trouve, l’occasion de papoter un peu. On apprécie beaucoup ces moments d’échanges impromptus et spontanés où l’Etranger est perçu plus comme une Rencontre possible que comme un quelconque opportunateur (oui je sais, ça se dit pas). Peu importe l’issue de ces moments puisque sur toutes les personnes rencontrées dans notre voyage, peut-être que nous ne garderons contact qu’avec le dixième mais et alors? Le voyage, comme selon nous la vie, c’est aussi prendre le temps de partager ces moments sans calcul de compatibilité ou de viabilité de la relation.
Aller, j’arrête les épanchements affectifs, merci juste à ces deux joyeuses voyageuses dont on ne connait pas le nom mais dont on se rappelle des sourires, pour ce moment passé ensemble. Ouais enfin tout ça c’est bien joli, mais c’est qu’il se fait tard dans la matinée et, comme on voulait réussir à rejoindre les pieds du Machu Picchu dans la journée, nous préférons gagner l’autre coté du village, le site principal,

délaissant le monastère à quelques encablures de là.
De toute façon c’est d’en face que nous pouvons le mieux admirer le visage du site sur lequel on était… En effet, les Incas, toujours super forts pour trouver des formes improbables aux montagnes, et cherchant un protecteur pour leur nouveau village, on profité d’un promontoire dans la roche qu’ils ont taillé jusqu’à lui donner la forme du profil d’une divinité Inca, Wiracochan ou Tunupa, maître de la connaissance du temps.

Celui-ci est représenté portant sur son dos tel le Père Noël une hotte, le grenier de la région. C’est d’ailleurs là que les 2 hangars de nourriture ont été construits. Le monastère est à ses pieds, parachevant avec perfection la concordance complète entre éléments naturels et constructions humaines… C’est donc en face que se trouvent les sites les plus importants d’Ollantaytambo. Terrasses agricoles, constructions,

pierres colossales

laissant juste apparaitre de petits promontoires lisses destinés à des usages astronomiques.

Car ici, nous sommes dans LE lieu Inca de l’astrologie. Nous avouons avec déception avoir raté l’instrument le plus sophistiqué… Il s’agit de l'observatoire astronomique d'Inticcahuarina, une roche taillée de laquelle saillent quelques hauts-reliefs de quelques centimètres, dont l’ombre, lors du solstice d’été entre très précisément à 12h30 exactement dans les encoches taillées en-dessous. Cette concordance parfaite annonçait donc l’entrée dans l’été, événement agraire de la plus haute importance. D’ailleurs, les effets d’ombre et de soleil n’étaient jamais laissés au hasard ici : le visage de Tunupa dans la roche parait avoir les yeux fermés le matin, ouverts l’après-midi ; le soleil éclaire, au moment du solstice d’été, exactement les carrés de cultures (le Pacaritanpu, succession de 9 terrasses de culture) représentant l’origine non seulement des Incas et de la vie mais aussi celle du maïs, passant d’un lever de soleil à gauche d’une montagne à un lever à droite à partir du solstice… Rajoutez à cela l'image de la constellation du lama qui se “réveille” au moment du solstice et vous comprendrez que les exemples sont tellement nombreux sur ce site d’Ollantaytambo qu’il serait fastidieux de les recenser ici. Mais disons que ce site nous a vraiment donné le sens de l’art Inca, au point qu’on se demande bien pourquoi les Espagnols les ont pris pour des sauvages, eux qui, certes sans instruments sophistiqués, arrivaient au moins au même savoir astronomique que les Conquistadors, eux moins respectueux…
Nous quittons Ollantaytambo le cœur gorgé d’admiration pour ce que cette civilisation à mis en place comme savoir-faire et comme art au service de leurs croyances.