Bref, nous avons donc accepté les conditions et commençons notre circuit touristique par le musée des Incas. On passe le coté céramique du rez-de-chaussée.. On aurait pu refaire la vidéo d’Alep tellement dès la première salle on a dû partir s’aérer dehors pour se remotiver! Mais c’est chose faite au deuxième étage. La collection enseigne une partie de la vie des Incas et, si nous avons encore l’impression de manquer de culture sur le sujet, nous en savons maintenant un peu plus sur ce peuple colonisateur colonisé.
Mais ce qui nous attire le plus, c’est la culture in vivo alors direction notre premier site Inca : Saqsayhuaman (je sais, c’est imprononçable. Alors comment s‘en sortir? Prononcez “Sexy Woman“, c‘est marrant et surtout efficace!). Situé sur la montagne qui domine la ville (justement pour son positionnement stratégique),
Nous rentrons donc dans le site, armés de notre livre sur la vallée sacrée pour nous servir de guide, et arpentons une colline au hasard pour découvrir plus avant ce site épatant. Ici, un toboggan naturel fait la joie des enfants, mais pas seulement!
Une autre surprise : on ne lasse pas de s’étonner de la “lenteur” de l’archéologie, toujours active sur ce site, pourtant “redécouvert” il y a bien longtemps. L’histoire continue de nous surprendre… Le nom du site désigne, en fonction de la prononciation, soit une signification ésotérique en lien avec le puma, soit (grosso modo) le condor content tant ce lieu a été le théâtre du massacre orchestré de ce qui fut en son temps un des bastions des derniers Incas… Pourtant face à nous s’élève toute la majesté et la beauté de ce site parfait.
Mais nous décidons bientôt de quitter ce site pour gagner celui de Qenqo, accessible à pied avant la tombée de la nuit. Sauf qu’en chemin, Matthieu déniche une partie de foot à jouer, tout de suite et spontanément invité par les jeunes du coin. C’est parti (c’est le cas de le dire…) pour une demi-heure de sport, au soleil couchant,
Bref, après quelques pas bien agréables sous les arbres, nous arrivons sur le site de Qenqo. Passée l’impression du simple bloc de pierre (prédominant en accédant au site), nous tentons de mettre à profit les caravanes de touristes qui se succèdent pour que Micheline fasse la photo cheveux recoiffés devant la pierre du crapaud (avec BEAUCOUP d’imagination bien sûr… Les Incas, c’est bien une culture différente et avec elle, toute une vision du monde!!), que Roberto remette ses lunettes qui ne servent plus à rien vue la pénombre pour se faire tirer le portrait sur le trône… Vous l’aurez compris, le seul intérêt des groupes de touristes pour nous, c’est définitivement l’absorption de quelques commentaires ça et là pour en apprendre davantage sur le site. Résultat la pierre s‘anime : là un autel des sacrifices, là une fontaine, là une zone astronomique. Poursuivant notre découverte du site par la lecture des informations données par notre bouquin, on avouera avoir retenu exclusivement que le site était d'un ésotérisme absolu, d'une perfection dédiée à la symbolique absolument... imperméable à nos esprits européens! On n'a rien compris aux couches successives d'explications sur les lignes qui figurent le temps mais rapporté à l'espace intersidéral au point de croire rencontrer bientôt un vaisseau spatial!
Mais le soleil se couche et nous devons redescendre sur Cuzco. Le lendemain, nous pénétrons dans la vallée sacrée… Après avoir bataillé un peu pour rejoindre le bon bus, nous partons pour Pisac, son marché traditionnel et ses ruines Incas. On nous avait dit que ce marché était un lieu d’échange, de troc, du fait de la rencontre entre les producteurs de produits frais des bas et l’artisanat des hauts. Mais à défaut d’intercambio, nous trouvons surtout un marché d’artisanat très touristique, avec interpellations en anglais tous les mètres et prix indiquant clairement qu’ici, ils ne sont pas là pour enfiler des perles. Mais vous connaissez déjà notre grande capacité d’adaptation en matière d’économie régionale et notre bonté n’ayant d’égale que notre souplesse, nous troquons l’option on-laisse-un-sac-à-Cuzco-pour-voyager-léger contre sa concurrente on-se-blinde-d’artisanat-à-ramener-en-France… Quel talent! Ben oui et puis avec tout ça, on a aussi mis l’intercambio au service du temps, troquons par la même occasion le beau temps de la matinée pour le marché couvert contre les premières gouttes de pluie pour monter au site… Nan vraiment, bien joué! Et pourtant nous apprenons que pas moins d’une bonne heure de montée nous attend,
Au bout du chemin, traversant un tunnel et passant une porte Inca, nous arrivons finalement au cœur du site pendant que le chœur de l’orage nous nargue de sa voix puissante. Succession d’habitations,
En bas, on finit nos emplettes et profitons d’une chance incroyable de trouver un bus pour Ollantaytambo dans les 10 minutes… Quel timing!
Nous rejoignons ce quatrième site Inca à seulement une heure de bus un peu plus loin dans la vallée, arrivant à la tombée de la nuit, juste à temps pour dénicher une super adresse, l’hostal El Tambo - Matacuy, situé à un cuadra et demi de la place principale et offrant une chambre dans une belle maison, la terrasse en mezzanine donnant sur un petit jardin ravissant et profitant de l’accueil simple et chaleureux de la propriétaire. Nous empruntons les magnifiques rues pavées au son joyeux des rigoles d’eau qui courent le long des murs pour manger un poulet frit et rentrons nous coucher. Quelle n’est pas notre surprise de découvrir le lendemain matin le vue sur la montagne et le site Inca juste là, depuis la balustrade. Le ciel bleu et le soleil nous offrent les promesses d’une belle journée et c’est reposés et tout contents d’être là que nous montons vers le site archéologique. Nous passons donc quelques magnifiques maisons ayant pignon sur pavés dans ce village entièrement rénové, semblant aujourd’hui vivre au rythme d’un autre temps,
Mais trêve de culture, deux Françaises dont l’une rencontrée en Bolivie, ont rejoint l’endroit où l’on se trouve, l’occasion de papoter un peu. On apprécie beaucoup ces moments d’échanges impromptus et spontanés où l’Etranger est perçu plus comme une Rencontre possible que comme un quelconque opportunateur (oui je sais, ça se dit pas). Peu importe l’issue de ces moments puisque sur toutes les personnes rencontrées dans notre voyage, peut-être que nous ne garderons contact qu’avec le dixième mais et alors? Le voyage, comme selon nous la vie, c’est aussi prendre le temps de partager ces moments sans calcul de compatibilité ou de viabilité de la relation.
Aller, j’arrête les épanchements affectifs, merci juste à ces deux joyeuses voyageuses dont on ne connait pas le nom mais dont on se rappelle des sourires, pour ce moment passé ensemble. Ouais enfin tout ça c’est bien joli, mais c’est qu’il se fait tard dans la matinée et, comme on voulait réussir à rejoindre les pieds du Machu Picchu dans la journée, nous préférons gagner l’autre coté du village, le site principal,
délaissant le monastère à quelques encablures de là.
De toute façon c’est d’en face que nous pouvons le mieux admirer le visage du site sur lequel on était… En effet, les Incas, toujours super forts pour trouver des formes improbables aux montagnes, et cherchant un protecteur pour leur nouveau village, on profité d’un promontoire dans la roche qu’ils ont taillé jusqu’à lui donner la forme du profil d’une divinité Inca, Wiracochan ou Tunupa, maître de la connaissance du temps.
Celui-ci est représenté portant sur son dos tel le Père Noël une hotte, le grenier de la région. C’est d’ailleurs là que les 2 hangars de nourriture ont été construits. Le monastère est à ses pieds, parachevant avec perfection la concordance complète entre éléments naturels et constructions humaines… C’est donc en face que se trouvent les sites les plus importants d’Ollantaytambo. Terrasses agricoles, constructions,
pierres colossales
laissant juste apparaitre de petits promontoires lisses destinés à des usages astronomiques.
Car ici, nous sommes dans LE lieu Inca de l’astrologie. Nous avouons avec déception avoir raté l’instrument le plus sophistiqué… Il s’agit de l'observatoire astronomique d'Inticcahuarina, une roche taillée de laquelle saillent quelques hauts-reliefs de quelques centimètres, dont l’ombre, lors du solstice d’été entre très précisément à 12h30 exactement dans les encoches taillées en-dessous. Cette concordance parfaite annonçait donc l’entrée dans l’été, événement agraire de la plus haute importance. D’ailleurs, les effets d’ombre et de soleil n’étaient jamais laissés au hasard ici : le visage de Tunupa dans la roche parait avoir les yeux fermés le matin, ouverts l’après-midi ; le soleil éclaire, au moment du solstice d’été, exactement les carrés de cultures (le Pacaritanpu, succession de 9 terrasses de culture) représentant l’origine non seulement des Incas et de la vie mais aussi celle du maïs, passant d’un lever de soleil à gauche d’une montagne à un lever à droite à partir du solstice… Rajoutez à cela l'image de la constellation du lama qui se “réveille” au moment du solstice et vous comprendrez que les exemples sont tellement nombreux sur ce site d’Ollantaytambo qu’il serait fastidieux de les recenser ici. Mais disons que ce site nous a vraiment donné le sens de l’art Inca, au point qu’on se demande bien pourquoi les Espagnols les ont pris pour des sauvages, eux qui, certes sans instruments sophistiqués, arrivaient au moins au même savoir astronomique que les Conquistadors, eux moins respectueux…
Nous quittons Ollantaytambo le cœur gorgé d’admiration pour ce que cette civilisation à mis en place comme savoir-faire et comme art au service de leurs croyances.
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