jeudi 28 mai 2009

Machu Picchu

Depuis Ollantaytambo, nous allons nous rendre vers cette destination si attendue et touristique qu’est le Machu Picchu. Nous nous étions renseignés à Cusco pour s’y rendre et le mieux était de s’y rendre… bah par nos propres moyens. En effet, les seules possibilités pour y aller sont le train (qui avoisine les 100 dollars au minimum A-R) et la route jusqu’à un certain point. Comme d’habitude, on s’essaye au transport local de bus, ne voulant pas payer le prix fort du train, géré par un regroupement d’entreprises multinationales (on en est pas sûrs, mais vraisemblablement chilienne, américaine et allemande). Les péruviens eux-mêmes pour la plupart ne peuvent pas se payer ce luxe et tout l’argent récolté ne remplit pas les caisses de l’état, c’est pour cela, nous diront les péruviens, qu’ils encouragent les touristes à y aller par d’autres moyens juste histoire de faire la nique à ce qu’ils considèrent comme pas normal, et comme on les comprend! Du coup, c‘est 4 heures de bus pour aller de Ollamtaytambo à Santa Maria, dans des grandes routes de montagne, pas très larges, qui passent près des cimes de neiges éternelles, d’habitations de bord de route dignes des temps les plus reculés, avant de terminer sur une piste étroite, où on aura tout le loisir d’admirer la conduite habile du chauffeur… En effet, pris sur le passage du bus, on a eu le droit de faire les 3 premières heures debout dans les odeurs d’un clochard, avant de squatter l’allée avec les sensations de virages et autres rebonds dignes d’un très bon parc d’attraction (un grand moment!), avant d’être dans la cabine du pilote (musique cumbia à fond). On arrive donc à Santa Maria, où on a la chance de faire une connexion rapide avec petit repas à emporter nickel. Une piste de nuit étroite, à flanc de falaise, et on continue de faire confiance au chauffeur qui passe régulièrement à moins d’une largeur de pneu du ravin… C’est pas grave, on ne voit pas le fond, c’est que ça doit pas être dangereux… On lui lâchera quand même quelques petites injures pour se détendre! Nous voilà arrivés finalement à Santa Theresa , où l’on passe la nuit, après une bonne demi-journée de trajet. Le lendemain, il nous reste une petite liaison de 30 minutes pour aller à Hydroelectrica, terminus de la route d’accès au plus profond de la jungle. De là, il va nous falloir marcher le long de la voie ferrée pour aller jusqu’à Aguas Calientes, sur environ 2h30 - 3h. Au programme : traversée de pont, végétation luxuriante,
retour d’une chaleur humide et chant d’oiseau surprenant.

Pour moi, c’est l’occasion d’avoir une petite pensée pour mes parents et la Duche, sans doute passés par là, il y a plus de 30 ans. A l’époque, le train ne devait pas être aussi moderne et ne portait sans doute pas non plus le nom d’Hiram Bingham, illustre découvreur de la cité perdue en 1911. En son temps, quel périple cela avait-il dû être, accompagné par un jeune homme natif du lieux, habitant dans le site… Il est venu les années suivantes mettre l’endroit à jour, le faisant revivre. Le site s’était en effet éteint quelques 200 ans plus tôt alors que les derniers Incas s’en servaient comme dernier bastion de refuge face aux conquistadors qui avaient déjà détruit le reste de ces édifices de sauvages (et quand on voit la précision de ces constructions, elles n’inspirent pourtant que du respect).
Tout en haut, la silhouette du Machu Picchu
Après nos 3 heures de marche, on arrive alors dans cette ville qui semble en plein agrandissement, les hôtels poussant ça et là, à plus de 40 dollars la nuit, nourris par une armada de bus flambant neufs,
accueillis par une bonne centaine de gardes mobiles! Quoi? Il y a encore des Incas qui font chier? Ils veulent encore casser des cailloux, faire des prières pour le soleil? Et bien c’est presque ça : en fait les Indiens ou natifs manifestent et font une journée de grève et de blocage, afin de protester contre le gouvernement qui a cette fâcheuse tendance à tout privatiser…
Et le dernier projet porte sur l’accès à l’eau (jusqu‘ici gratuite)! Le problème c’est que les gens d’ici se rendent bien compte qu’une fois l’accès à l’eau restreint, la vie ne sera plus possible, d’autant que les gens ici ont toujours fonctionné avec ce partage et comment pourraient-ils payer cet accès? Ah cette recherche du profit…. Il me tarde de revenir dans cette société de consommation et de course à l’enrichissement personnel!
Toujours est-il qu’une fois l’”Hospedaje” trouvé, on se balade un peu dans la ville qui n’est qu’une grande étape touristique sans vraiment de charme. Nous préférons nous coucher pas trop tard afin de pouvoir se lever tôt le lendemain. Mais nos plans changeront après qu’un orage de type tropical ait sévi pendant plus de 3h. Nous attendrons donc un jour de plus à Aguas Calientes, sous une grisaille nous confirmant le choix de report de la visite du Machu Picchu, l’occasion de flâner, nous reposer, danser, mais rien de bien palpitant. On se couchera tôt en prévision de la longue journée du lendemain.
Celle-ci commence avec un réveil sur les 2 heu…3h30 en fait après un sursaut 40 minutes après le réveil! Une fois les paquets faits et quelques gâteaux dans le ventre, on part de nuit dans la ville endormie. On croise les guides et chauffeurs qui arrivent depuis Hydroelectrica, à croire qu’ils font le trajet tous les matins… Nous sortons de la ville accompagnés d’un petit chien qui nous suivra jusqu’à l’entrée et même dans le site de Machu Picchu après avoir réussi à frauder! Nous l’avons baptisé “oui-oui” en référence au bruit de la seule lampe que nous ayons en notre possession, écologique puisqu’elle se recharge en moulinant et faisant un bruit du tonnerre de dynamo (ouiiiouiiiiiiouiiiiiiiiouiiiii!)! Après 15 minutes sur la piste de bus, nous prenons le chemin escarpé qui monte directement à travers la jungle vers le Machu Picchu. Et autant dire que même à 5 heures du matin, il fait chaud et l’air est moite. On mettra un peu plus d’une heure pour arriver, là où un couple francophone attend, déçu de ne pouvoir entrer sans payer. Pour nous, ça nous convient de donner l’argent de l’entrée qui est versée pour le gouvernement et le peuple péruvien. Par contre, le site n’ouvre qu’à 6 heures et il est visiblement interdit de rentrer avec de l’eau sur le site ; ça annonce une bonne journée de déshydratation ça! On patiente jusqu’à l’ouverture magique du site et profitant avec grand bonheur de ces quelques minutes où le site est totalement vierge : quelle chance.

Pendant ce temps, le soleil fait son apparition...

Nous sommes les premiers du jour à venir,
on se fait une petite salsa seuls devant le Machu Picchu
avant d’avancer de peur de ne pouvoir accéder au Wayna Picchu, petite montagne donnant sur le site et où se trouve le temple de la Lune, accès qui a un nombre limité de places par jour. Habituellement le cotât est rempli dans le quart d’heure qui suit l’ouverture. Mais aujourd’hui est un jour un peu particulier car en raison de la grève de la veille, nous serons les 27 et 28 eme (petite dédicace pour le 28, jour anniversaire de ma Moman!), autant dire qu’il y a personne puisqu’hier aucun train n’a pu conduire le flot habituel de touristes. Nous pouvons donc monter tranquillement pendant une heure pour accéder au Sommet du Wayna Picchu et voir le soleil prendre possession du lieu dédié à son honneur.
Car en effet, tout est centré ici par rapport à la rotation du soleil avec une infinie précision. Chaque pierre a son utilité pour s’orienter en fonction d’un point cardinal, d’un rayon de soleil pour le solstice d’été qui éclaire une pierre donnant le début de la récolte. Celle-ci,
dressée face à l'observatoire astronomique, contient la gravure du symbole associé à la géographie du lieu, les trois cercles sacrés du Machu Picchu : la montagne Putucusi autour de laquelle s'organise le cercle du couple de montagnes Machu Picchu et Wayna Picchu, puis le cercle des montagnes alentour.
Les Incas avaient avec leurs croyances, une connaissance épatante de l’astronomie égalant les sciences européennes de l’époque, leur seul problème étaient que leurs croyances associées n’étaient pas les mêmes… Vu d’en haut, le site est d’une ingéniosité et d’une beauté harmonieuse avec l’environnement sans égal (et pourtant, Pétra, ça envoie). L’harmonie rassemble l’esthétique, les sciences, la religion, l’architecture, le savoir-faire, la fonctionnalité et le respect du cadre naturel. Impressionnant. Nous resterons en haut en pleine contemplation,
en présence de Zoé et Peguy, rencontrées en bas et qui pour la première fois depuis le début du voyage nous avaient interpellés “c’est vous qui dansez dans différents pays du monde?” C’est plutôt marrant… Voyageuses venues de France et arrivées ici en passant par l’Amérique Central, partie du continent visiblement moins modernisée, mais aussi fabuleuse (Nicaragua et Guatemala selon les dires), on discutera un bon moment alors que le site reste à notre bonne surprise vide! Après une balade sur les hauteurs, un essai pour rattraper un sac d’une touriste japonaise, nous redescendons par le petit sentier escarpé et à flanc de falaise. A l’arrivée, une petite pause sur les pelouses du Machu Picchu nous fera plutôt du bien.
Dès lors, il y a un peu plus de monde, sans que ce soit les 3000 personnes quotidiennes, et nous avons le loisir de pouvoir tenter d’observer, avec l’imagination des Incas (ils mâchaient pas que de la coca!) la tête de puma dans la montagne, le condor dans la roche (les Incas ont même taillé des terrasses pour figurer les plis de son cou!) et l’animal fabuleux (« saurien volant ») en forme de lézard représenté par l’architecture du site.

L’immensité des terrasses et le travail de construction reste épatant,
petit dédale entre les bâtiments,
escaliers aujourd’hui restaurés,
temple du soleil orienté et autel taillé au millimètre, nous feront faire une balade du Machu.
Pour ma part je suis un peu en manque d’énergie voire un peu malade, alors je souffle un peu. Nous irons tout de même jusqu’au pont Inca, construction montrant la technicité de leur construction puisqu’il s’agit d’un passage passant dans les montagne, restauré jusqu’à un certain point, avant qu’il ne parte à flanc de falaise.
Il étaient forts, les mecs du BTP à l’époque! Une salsa plus tard et il commence à être l’heure de repartir, car nous avons 3 bonnes heures de marche.


La descente du site sans eau sera motivée par les images fraîches que nous avons en tête et qui continueront de nous faire avancer sur le retour le long des voies ferrées. Car la journée se finissant, lorsque nous arrivons à Hydroelectrica, il fait déjà nuit depuis 1 heure, cela fait 16 heures que nous sommes réveillés et on en est à plus de 7 heures de marche, sans compter les déambulations sur le Machu Picchu... Autant dire qu’on en a plein les pattes et qu’à cette heure, il n’y a normalement pas de voiture pour Santa Theresa... Mais là, la chance nous sourit car il reste un unique taxi qui attend depuis une heure un groupe qui ne viendra jamais, mais qui nous fera faire le trajet. Ouf! On tentera de faire même la liaison pour qu’il nous ramène jusqu’à Cusco, mais la négoce tombera à plat avec l’arrivée du couple du matin. Petit coup de gueule sur ces gens qui essaient tout le temps de profiter de la situation en fionnant, en essayant de récupérer les bons plans, quitte à te pourrir le tien, que tu avais pourtant partagé avec eux, pour économiser 3 sous! Bref, nous sommes déjà contents de pouvoir manger un peu, dormir dans un bon lit, car ce n’était pas gagné d’avance, mais on a tenu! Le lendemain, on mettra pas mal de temps pour revenir à Cusco en taxi, finalement au même prix que le bus (et dire qu’on nous avait dit dans les agences, qu’il n’y avait que le train!). A l’arrivée, on est cuit de ces 2 jours et nous nous ferons le luxe de ne pas enchainer sur les 16 heures de bus pour aller à Lima, en prenant un billet d’avion avec décollage à 3200 m d’altitude et survol de montagnes et d’un volcan en éruption!
Pour la petite histoire, le matin du départ, je suis allé revendre mon duvet de plumes déplumé sur le marché de l’occasion, où tu peux retrouver d’ailleurs ce que tu t’es fait piquer dans la ville. Après la vente, je mets l’argent dans ma poche extérieure de polaire à fermeture éclaire. Evidement, comme le policier m’avait dit moins de 300 mètres plus loin, un mec me fait très habilement les poches sans que je ne sente rien ou presque, si ce n’est sa bousculade un peu appuyée… Ah ce plaisir que j’ai eu à le chopper, lui attraper sa main, mal dissimulée derrière lui, reprendre mon argent, avant de lui mettre un coup dans sa gueule!! Il a pris pour tous les autres, sans que je n’exagère puisqu’il avait l’air d’avoir trop respirer le plastique, mais je suis bien content d’avoir pu en chopper un quand même!

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