samedi 28 février 2009

Buenos Aires

Nous restons plus d’une semaine à Buenos Aires, c’est vous dire si la capitale nous a séduits par son charme et son éventail de possibilités. Nous qui d’habitude n’aimons pas les grandes villes!
Notre visite commence par le musée des beaux arts via le métro, et quel métro!


La vieillesse de la rame lui donne un air de poussière et du coup une certaine humanité. Quant au musée en question, il expose au premier étage une collection d’œuvres latino-américaines. Nous commençons par la partiepré-colombienne, une succession de quelques salles exposant des objets type céramique ocre aux motifs géométriques ou gravés de blanc pour faire apparaitre un dessin. On retrouve une caractéristique de cette époque : le T du visage, comprenez les barres des sourcils et du nez en un seul bloc. Toujours la même rengaine par contre, à savoir que je suis déçue de n’avoir pas d’explications par exemple sur la signification de cette symbolique. Autrement dit, cette représentation en T est très caractéristique… oui mais de quoi?! A moins que le manque d’explications ne cache un manque de culture… Mais ça, c’est un autre débat…
La suite de la visite, ce sont des tableaux qui suscitent moins mon intérêt, je l’avoue. Des toiles de style italien (merci Martine la connaisseuse!) sont transportées dans le temps pour être produites ici bien plus tard. On apprendra par la suite que le pays ne disposant pas de courant propre, les artistes locaux ne faisaient que copier ce qu’ils voyaient, c’est-à-dire les toiles d’imminents artistes Européens inconnus importées ici. Les codes vestimentaires, de couleur ou encore de texture avaient toute leur importance puisqu’un système bien précis permettait d’établir la hiérarchie ou des traits de la personne tels son caractère. Le peintre chargé de faire le portrait travaillait donc avec la réalité physique, les courants européens, et les contraintes de prestance, tout ça étant parfois bien éloigné… Finalement l’exposition retrace les différents courants dans la peinture argentine, jusqu’à la fameuse période contemporaine, que je qualifierais de… libre! Enfin moi, l’art contemporain… Encore quelques marches et nous débouchons sur une expo photos très intéressante avec l’adulée Evita, morte à 33 ans d’une leucémie après avoir, en peu de temps, offert des avancées sociales incroyables aux Argentins : création d’écoles, d’hôpitaux, de centres de vacances, mais encore mise en place d’un salaire minimum, réduction du temps de travail ou syndicats. On comprend l’impact que cette femme a eu sur ce peuple qui, pourtant si machiste, continue à arborer le visage de la sacrée Evita sur les panneaux de grévistes ou dans les manifestations. Evita reste celle que les Argentins cherche derrière chaque visage politique, LA référence absolue, celle qui a obtenu tous les suffrages. Autre photo qui retient l’attention, celle du Che mort. On ne connaît pas beaucoup cet aspect de la…vie du Che, capturé sur dénonciation alors qu’il combattait dans la forêt bolivienne en vivant aux yeux de tous, pour être finalement, après 3 jours de détention et interrogatoires, “assassiné” c’est-à-dire fusillé de plusieurs balles dans le dos. La photo intervient juste avant que le corps du symbole de la révolution ne soit tout bonnement balancé dans une fosse commune (on ne le retrouvera que de nombreuses années plus tard). La grosse classe, comme fin d’une idole, quoi. Dernière partie du musée, le rez-de-chaussée qui présente des œuvres européennes qui ont eu toute l’attention de Martine, peintre et amatrice d’art. Matthieu, Baptiste, André et moi, nous, on se contentera d’une visite éclair (vous savez, genre “ça oui… ça ok…”), préférant finalement regarder les trombes d’eau qui se déversent à présent dehors (prenez votre temps Martine, on n’est pas pressés de sortir!).

Aller, on a bien mérité une petite pause déjeuné ; direction Tea connection, LE lieu consacré au thé dans lequel ils ont quand réussi à embaucher un serveur qui, dubitatif quant au filtre contenant le thé, fini avec l’air de rien par jeter les 4 feuilles dans la théière et repartir avec ledit filtre! Balaise, non, un mec qui ne connait rien au thé à ce point dans un salon… de thé?!
Avec tout ça, il est déjà l’heure d’aller au foot… Mais Matthieu vous racontera ça mieux que moi, hein!

Le lendemain, guidés par les parents de Matthieu, nous visitons la ville et ses monuments,
traversant la célèbre place du 25 de mayo.
Cette place a en effet été le théâtre d’une bonne partie des plus grands événements du pays, depuis le 25 mai 1810, formation du premier gouvernement argentin indépendant jusqu’aux lamentations des mères des desaparecidos, ces victimes de la dictature tués en étant jetés d’un avion en plein vol (si, rappelez-vous, ce que Berlusconi, alias Monsieur “c’est comme un week-end de camping” la vie sous tente après le tremblement de terre… a récemment qualifié de détail de l’histoire… Ah ce Berlusconi, toujours le mot juste…). On tente ensuite le musée historique qui s’avère fermé, comme la basilique. Bon, retour sur le plan
ça y'est! On a trouvé quoi faire!
et direction Caminito, la célèbre rue coloré du quartier de la Boca.
Caminito c’est un peu le foyer du tango et de la culture footballistique, une sorte d’huile essentielle de l’âme argentine.
Nous y decouvrons la danse traditionnelle gaucho, sponsorisee par les cordonniers…

Ce sont ses maisons colorés dignes des BD les plus fantaisistes

dans lesquelles évoluent badauds, touristes, danseurs de tango à même le pavé, vendeurs de photo souvenir façon vieille fête foraine, la tête dans le trou du dessin grandeur réelle, et mannequins débauchées posant en bas résille et vêtements de prostituées, la main sur le sein. Caminito c’est-ce métissage d’art, d’artisanat et de populaire. En un mot : superbe.
Je rentre avec Baptiste pendant que Matthieu et ses parents continuent la visite dans un autre quartier, San Telmo, dans lequel nous irons ensemble plus tard. Quant à moi, je me confronte avec ma petite robe noire, à la culture latino… Impossible de marcher toute seule habillée comme ça dans la rue sans me faire suivre, sifflée ou interpelée, au point où je demande renfort au pauvre Baptiste, embauché comme garde du corps de la demoiselle désormais en jogging genre “c’est moche, là?”, pour faire les boutiques de chaussures de tango! Et là je dois tirer mon chapeau parce que faire du shopping avec une femme, c’est une chose, mais se retrouver téléporté dans le monde de la paillette et du strass, c’en est une autre! Quel courage! C’est donc parti pour arpenter la rue Florida,

rue piétonne et commerçante, et dénicher la paire de talons qui va bien pour me mettre au tango!
Une bonne nuit de sommeil plus tard et nous repartons en direction de San Telmo, quartier des antiquaires que nous découvrons pour la balade poussiéreuse mais aussi pour les vêtements pas chers (!) ce jour et plus tard, pour son incroyable animation le dimanche. En effet, le jour du seigneur ici le quartier se transforme en foire à la brocante et à l’art des rues.
Un fourmillement de stands vendant souvenirs typiques, croûtes en tout genre et curiosités locales dans lequel s’immiscent des artistes colorés. Danseurs de tango bien sûr, mais aussi jongleurs, statue-man, musiciens,
guérisseur au didjeridoo, clowns, magiciens, marionnettistes…
On se croirait revenus en arrière, le regard attiré de tous les cotés par tant de charme désuet.
Le petit plus de San Telmo le dimanche? Un type plutôt de carrure balourde s’interpose dans le spectacle de deux danseurs de tango pour kidnapper la danseuse et finalement s’avérer être très bon danseur de tango… et de salsa!
Son regard malicieux guette les réactions des touristes… Ni une ni deux, je confie tout ce que j’ai dans les mains à Matthieu et relève le défi : me voila à faire le spectacle à mon tour dans la rue! En 5 lettres, pas mieux, une salsa dans la rue, en toute simplicité!

Un moment vraiment particulier de se retrouver de l’autre coté dans ce monde de représentation, et le souvenir du temps des démonstrations de salsa!

Buenos Aires c'est aussi le lieu où les chemins familiaux se séparent et où nous disons au revoir aux parents de Matthieu qui repartent après plus de 2 semaines passées avec nous. Nous nous retrouvons à trois, heureux des moments que nous avons partagés au temps des 5. Merci à Martine et André de nous avoir rejoints, merci pour leur gentillesse et leur humour au quotidien : ce fut un vrai plaisir!
Nous terminerons notre visite de la ville, non sans avoir profité du temps sur place pour ne rien faire parce que ça aussi, c’était important!, par le musée du tango. Beaucoup de noms d’artistes disséminées sur des panneaux manquant cruellement d’autres formes d’explications… Il n’est pas facile de comprendre quelque chose à ce dédale labyrinthique de célébrités. Le tango par contre nous aura bien transporté tout au long de notre séjour à Buenos Aires, motivant carrément un article propre à suivre.
La capitale de l’Argentine, c’est fini et à regret tant nous avons adoré notre séjour ici… Direction le Nord-Ouest du pays qui s’annonce tout aussi passionnant…

Aucun commentaire: