Ça y est, on arrive vraiment sur le sol d’Amérique du Sud, à Santiago. Nous sommes un peu chargés (sac à dos, planche de Morey, souvenirs de l’île de Pâques et le cadeau de Jeannette à notre départ) et dans la capitale Chilienne, c’est un peu compliqué de trouver une guest car ce sont les vacances et les Chiliens sont de bons voyageurs. Donc après 3 hôtels complets, on réussit à trouver notre bonheur grâce aux renseignements pris par chouchoute à l’aéroport. Bien joué! Le soir même, on profite de la sympathie de nos voisins de table, qui nous inviteront à les accompagner pour un diner-apéro. L’occasion pour Aude de prendre, avec des locaux, des renseignements pour danser la salsa. Et ici il y a pas des soirées salsa, il y a des salsotecas!!
La salsoteca, comprenez discothèque salsa, c’est un petit monde en soi. Le premier soir, nous y allons à deux. Super plaisir à danser avec mon amoureux et heureusement parce qu’ici, personne n’invite! Ah oui, le snobisme du “milieu”… On regarde, mais personne ne se décide à m’inviter et on rentre finalement assez broucouilles de cette première soirée. Mais je ne m’arrête pas en si bon chemin et le lendemain je renchaine, seule cette fois, Matthieu ayant eu sa dose la veille…! Là, les choses sont un peu différentes. Seule, je deviens accessible et je découvre l’autre aspect du “milieu” à savoir la drague internationalement connue des Latino-Américains… Qu’à cela ne tienne me dis-je, je suis là pour danser, alors allons! Cependant, ce ne sont que les débutants qui m’invitent, les masters me jaugeant de loin. Invitera, invitera pas… Non mais se laissera inviter ou pas serait plus exact. Pas top en un mot et surtout dommage car le niveau des meilleurs est vraiment bon, comme en atteste la qualité des shows auxquels j’assiste. Quelle chance! Présentés par une magnifique femme d’une cinquantaine d’années à la Almodovar, costume de scène fendu jusqu’à la taille, maquillage de soirée et chant sensuel au micro, me voila tout de suite en Amérique du Sud… Les danseurs arrivent et donnent le la : ici, les démonstrations de salsa ont un air de Dirty dancing avec mise en scène et acrobaties. Et quand je dis acrobaties, moi qui étais si près de la scène, je me suis demandé si finalement ça ne m’évoquais pas «y’a-t’il un pilote dans l’avion»! N’empêche que le spectacle était bien au rendez-vous et que j’ai été ravie d’admirer ces démos!
On restera à Santiago durant 6 nuits et autant vous dire que notre séjour n’a pas été très productif, avec un peu de fatigue accumulée, une espèce d’inertie, bref! On optera pour des grasses mat’, en se levant pour le petit déjeuner et en profitant de l’accueil grand sourire de Maria, le préparatrice du desayuno et femme de ménage, qui profite du voyageur pour discuter avec gentillesse. La ville ne nous a pas plus emballée, si ce n’est quelques visites.
Le musée d’art précolombien permet de donner certains éléments sur les populations locales avant les conquistadors. On retrouvera ici le culte de l’homme oiseau, rencontré sur l’île de Pâques (croyance détrônant celle des statues Moai). Il y a pas mal d’objets usuels ou liés aux croyances, en poterie, bois, souvent en lien avec des représentations peintes ou en forme d’animaux. La comptabilité nécessaire à la civilisation Inca trouvera ici une forme de lasso, auquel chaque tribu sera symbolisée par un fil équivalent au tribut paye (longueur de fil pour la quantité et la couleur pour le type de denrée). En effet ici, tout le monde connait la grande civilisation Inca (Aztèque en Amérique centrale), car elle a unifié les populations du continent. Mais après 2h c’en est déjà trop, car il n’y a dans le musée aucun fil conducteur que ce soit sur l’espace ou le temps. Du coup on voit des trucs mais on comprend pas toujours à quoi ça correspond, dommage! Sans être motivée, on profite des rues piétonnes
où on tombe sur un concert de musique classique qui se joue sur le pavé, l’occasion de prendre un petit verre.
En passant un peu de temps à l’hôtel on fera connaissance de Gé, Alex et Yannick, 3 Français venus en Amérique du sud pour faire un peu de trek. L’occasion pour nous de prendre quelques renseignements sur la Patagonie, ses balades et les conditions climatiques visiblement fraîches (et pourtant les glaces fondent!?), le tout autour d’un petit repas précédé d’un apéro au piscosour (boisson locale qui réchauffe, ndlr).
Sur leurs conseils, nous irons au musée national qui retrace l’histoire de la nation : c’est à dire à partir du moment où les Espagnols sont arrivés (j’aurais juré qu’il y avait quelqu’un avant leur débarquement?! Vous savez ceux avec des plumes, un petit os dans le nez…). Toujours est-il que les premières années de conquête sont ponctuées par : essayons de trouver ensemble la solution…
A - des guerres de pouvoir
B - massacre et esclavagisme des populations indigènes
C - évangélisation et invasion par les amis de Benoit XVI
D - modernisation par l’abatage de tout ce qui est vivant ( homme, animal et végétal)
Attention plusieurs réponses sont possibles, car la modernisation permet de faire plusieurs choses en même temps.
Effectivement, ce qui est vraiment dommage, c’est de voir à quel point les époques se ressemblent. Du début des conquistadors chrétiens, premier tableau du musée, à l’ultime affiche, on y trouve que de la joie et de la bonne humeur.
La dernière salle de ce musée est consacrée à la chute de Salvador Allende, aidé à se suicider par la révolte militaire de Pinochet. Dans la dernière vitrine gît encore la demi monture de lunettes du président mort en exercice, les traces de poudres encore sur le verre. Pourquoi l’histoire du Chili s’arrête à 1974? Et bien parce que le sujet de l’histoire moderne de ce pays fait encore débat. En effet, le pays est divisé en 2, entre les pro-Pinochet et les anti-Pinochet. Pour les premiers, il est le symbole d’un modernisme et d’une accession au confort (électricité, voie de communication, ouverture du marché pour le commerce). Là où il fallait faire la queue durant des heures pour pouvoir espérer avoir à manger, il est possible d’avoir accès à un choix plus large en quantité. Cependant l’autre frange de la population se souvient d’un pan plus noir de ces années de gouvernance, avec les fameux “disaparecidos” qui resteront pour toujours des disparus.
En effet, le modernisme à la Pinochet ne c’est pas fait pour tous. Les petites classes sociales n’en n’ont même pas été les premières victimes, car les indiens Mapuche ont fini pour la plupart d’être massacrés ( c‘était au cas où ils auraient des choses à revendiquer, genre des droits, des territoires,..). Dictateur ou con-qui-s’adore? Autre temps, mêmes mœurs. Mais il reste des gens pour affirmer que ce n’est pas vrai. Serait-ce du négationnisme? Même époque, même mœurs.
Pour ma part les Chiliens paient encore ce régime de Pinochet, bien que condamné. Tous les visages dans la rue sont ceux d’Européens, aucun indien. Toute une culture disparue mais bien gardée en vitrine…
Pinochet n’a jamais voulu faire rentrer le Chili dans une économie sud-américaine avec le MERCOSUR, préférant des accords unilatéraux de préférence avec les Etats-Unis d’Amérique (ceux-là même qui l’ont aidé à sa prise de pouvoir). Et cela s’en ressent, car les Chiliens ont malheureusement la palme de la malbouffe avec des snacks vendant Hamburger et autre Pancho pour une somme dérisoire, toutes boissons gazéifiées et sucrées étant moins chères que l’eau (sauf peut-être celle de la Coca-Cola Company : elle rachète les compagnies d’eau pour se dédouaner de vouloir imposer une consommation et aligne des prix défiant la concurrence des eaux minérales. Même quand tu bois pas de Coca, du bois du Coca-Cola, CQFD).
Les Chiliens n’en restent pas moins très sympathiques et bienveillants à notre égard, nous rappelant régulièrement que ici, on ne porte pas de sac à dos, mais plutôt un sac à ventre…Afin de ne pas se faire dépouiller.
Après cette petite semaine, on a décidément du mal à profiter des grandes villes, car il est difficile de rencontrer les gens, c’est pourquoi nous mettrons cap sur le Sud du Chili à Punta Arenas. Ah, enfin un peu de fraicheur!!
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