lundi 9 mars 2009

Rosario

Nous quittons Buenos Aires pour atteindre Rosario 3h plus tard. Rosario est connue pour être la ville de naissance de Messi (les filles, c’est un mec qui court après un ballon) mais surtout pour l’ambiance le long du rio Parama et ses entrepôts réhabilités. Vue l’heure qu’il est, on profite des dernières lueurs du jour pour flâner dans la rue piétonne bordée de boutiques pour rejoindre le fameux monument de la bandera, c’est-à-dire le monument du drapeau national parce que quand même, un drapeau, ça compte… Le soir tombant nous profitons de l’éclairage magnifique qui illumine les statues baignant dans les jolis bassins à débordement

qui nous emmènent dans le panthéon local où trône une flamme en mémoire du soldat inconnu (qui visiblement se fiche complètement de l’écologie!).

Devant nous s’élève alors le monument de la bandera, éclairé majestueusement aux couleurs de l’Argentine.
Bleu et blanc avec le soleil au milieu

Nous décidons de poursuivre notre balade en longeant les quais afin de nous immerger dans l’atmosphère particulière des anciens entrepôts maquillés de graffitis

ou convertis à l’usage artistique. Ici gît l’âme des temps passés tandis que là les arts des rues ont colonisé ces grands espaces propices à la créativité.
Nous débouchons enfin sur la promenade très pratiquée par tous types de sportifs, des courses fractionnées en groupe de plusieurs filles au footing lent des joggeurs du dimanche. Un escalier? Très bien, justement, je voulais travailler mon cardio dis donc! Et voila un nombre incroyable de personnes qui se donnent rendez-vous sur le lieu sportif à la mode. Quelle ambiance! Pour un peu je me serais vue prendre mes running!
On est sous le charme de ce petit coin à l’espace infini paraitrait-il et en profitons pour rester manger là. Une petite brise vient alléger l’air : que c’est bon le chaud du soir, sans pull…


Cependant, nous traversons une période particulière à ces 7 mois passés de voyage. Matthieu se fait pessimiste et se laisse aller à l’obscurité des abîmes humaines. Qu’il est difficile de se trouver régulièrement confrontés tant à la dureté de l’homme dans l’histoire (quel pays n’a connu ni guerre ni dictature durant les 50 dernières années?)

que dans la noirceur quotidienne… Bien sûr nous faisons des rencontres formidables et la plupart des gens qui croisent notre route se montrent aimables et souriants. Mais le mal prend le dessus et obscurcit le tableau. Même rengaine : arrêter d’être “le seul à être gentil”, le seul à faire cet effort-là ou continuer à prendre le risque de se faire enfiler tous les jours? Matthieu énonce des propos qui nous attristent, Baptiste et moi. Il dit changer et pouvoir se formater pour devenir moins social, lui le révolutio-égalitaire au cœur de Robin des bois. Pour ma part, moi qui ai connu misères et emmerdements bien assez tôt et bien assez fort, j’ai déjà choisi ma réponse et préfère garder ma dignité et ma morale en essayant d’être vigilante, mais en prenant le risque si souvent réalisé de me faire marcher dessus. Aller, il est temps d’aller nous coucher ; la nuit porte conseil.


Le lendemain, nous partons visiter le monument de la bandera, dressé en mémoire de Belgrano, créateur du drapeau. Et attention, c’est une véritable institution… Non contentd d’avoir quand même érigé un monument gigantesque à la mémoire ce cet homme, les Argentins lui ont carrément construit une sépulture et le drapeau original trône dans une salle spéciale… Waouh! Vous n’en faites pas un peu trop les gars?! Bon en tout cas, nous on était venus aussi pour profiter de la vue sur la ville du haut du monument et effectivement, on n’est pas déçus!

On arrive même à être plus hauts que les immeubles qui se tirent pourtant la bourre à savoir qui ira le plus haut!

Mais on n’allait quand même pas nous arrêter en si bon chemin et nous voilà partis pour le musée des drapeaux latino-américains, dans lequel figurent quand même l’Espagne et l’Italie! Aller comprendre? Ben les Italiens représentent quand même près d’un tiers de la population nationale! Quant aux Espagnols, au vu de la langue locale et du physique des gens ici, on ne rentre pas davantage dans les explications, hein! Ca méritait bien un petit drapeau!


Aller, assez de patriotisme endiablé, on retourne nous balader sur les quais.

En chemin, on regarde, attristés, les “carpinteros”, les “cartonneurs”, ces gens victimes de la crise qui se retrouvent à faire les poubelles pour survivre…

Matthieu parle encore d’emboiter le pas à la méchanceté et à l’égoïsme humain alors le cœur n’y est pas trop. Et quoi de mieux pour se remonter le moral qu’un bon vieux musée de la mémoire, musée, on l’aura compris, consacré aux dictatures! Hein? Sauf que… nan!

Un peu de concentration! On monte pour voir si une exposition existe dans ce musée et on tombe sur la documentaliste du musée qui nous exposera, visiblement très émue, la dure réalité des desaparecidos. Nous questionnons : pourquoi beaucoup de musées historiques sont fermés? Y’a-t-il actualité dans ce que dénoncent des musées de la mémoire? La femme explique la difficulté de mettre la vérité au grand jour. Les mères et grands-mères des victimes de la dictature sont mourantes et n’ont pas forcement l’énergie pour entamer une procédure. Les choses sont en cours, ça avance ; mais doucement, par étape. Un pays qui se reconstruit, qui se relève de tant de violence. Je regrette de ne pas réussir à comprendre davantage l’espagnol de cette femme à l’accent relevé et au débit rapide. Nous comprenons finalement plus le trouble dans lequel le sujet la met et préférons nous retirer. Etonnant tout de même que cette femme dont c’est le travail quotidien se montre si sensible à l’abord de cette conversation…

Finalement, après une petite marche dans la rue, on tombe sur un cours de tango gratuit, mentionné précédemment, et qui met en scène un ensemble de professeurs réunis par leur passion et leur envie de la faire partager. C’est donc dans une ambiance détendue mais perfectionniste que nous prenons à 3 l’un de nos meilleurs cours de tango.
Un petit resto de pizza libre (oui c’est ça : à volonté! La communauté italienne qu’on vous disait!) et il est déjà l’heure de partir. On quitte Baptiste pour quelques jours dans le Nord-Ouest Argentin avant de le retrouver à Buenos Aires…

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