La mule partie devant avec un autre groupe, on marche dans un paysage sec, où je peux admirer le Condoriri enneigé, appelé comme cela, car ces 3 pics rappellent un condor aux ailes à demi ouvertes et il en impose.
En bordure de lac et à plus de 4000 mètres d’altitude, il fait frais mais je n’ai pas de souci pour marcher, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Sur le chemin, il y a essentiellement des lamas
et avec Mario, le guide, on s’arrêtera pour aider un berger qui soigne 2 de ses bêtes. Et la technique pour maintenir l’animal est simple : il suffit de le tenir par les oreilles, tête vers le bas, en résistant aux poussées du malheureux prisonnier. Finalement, après avoir coupé un bout de ficelle qui serrait la patte et l’handicapait, on repart et on rattrape le petit groupe de 3 mules, emmenées par leur propriétaire. Mario discute avec la dame pendant que moi je participe à l’avancée des 3 buritos. En effet, ne parlant pas l’Aymara, ayant du mal avec l’espagnol, je communique avec les bêtes! Il faut savoir que moi, avec mon petit sac, mes lunettes de soleil et mes chaussures de marche en fin de vie, je fais le malin. Mais les locaux ici marchent en sandales (parfois avec chaussettes), avec pour équipement, une tenture colorée et petit chapeau et il m’est impossible de rivaliser, tellement j’aurais un air ridicule et je souffrirais.
Toujours est-il que j’en profite pour faire la connaissance d’un petit groupe de 3 chileno-espagnols utilisant également les mules, afin de faire une ascension le lendemain. La discussion se fait en espagnol pour moi et eux me répondent en français, et ca marche! Dans un super site, on fait le campement avec vue sur le lac, le Condoriri, le Pica Negra et son troupeau de lamas. Apres une petit collation, je laisse Mario faire le dîner et je pars marcher dans la montagne, afin d’avoir une vue sympa sur l’ensemble du lieu. Bon je vais aussi marcher parce qu’il fait un froid d’enc… Et c’est là que je fais la rencontre des lamas. En effet, cet animal, fort de son long cou, de ses gros poils genre je crains rien, a un comportement assez comique. Voyant que tu arrives, il vient à ta rencontre, lentement, mais de manière assurée.
Puis, une fois assez proche, il s’arrête et défit un peu du regard. Disons qu’au début je me méfie, histoire de pas me faire défoncer, voire cracher dessus comme le dit la légende. Mais rien du tout! Une fois à l’arrêt, si je fais un pas en avant il se barre comme une fillette! Moi et mes 65 kilos (plus les 3 kilos de pull) je suis facile dans la montagne et même pas peur. Finalement, le soleil se couche doucement et je retourne vers le campement afin de profiter d’une bonne soupe et de pâtes ainsi que d’un maté pour me réchauffer. Il est 19h et c’est l’heure d’aller se coucher!
Là où j’étais, il y a pas grand-chose à faire si ce n’est se caler dans le duvet. Je crois que c’est à ce moment que j’ai cru presque mourir. En effet, je crois bien que je suis un peu malade et les toilettes à 2h du mat’, à la frontale, en T-shirt, par -3 degrés sous une lune absolument superbe (ah la bonne nouvelle!)
Finalement, on repart au petit jour, après une bonne nuit, pour quelques heures de marche qui nous amènent jusqu’au refuge de Huayana Potosi. On croise quelques lamas toujours dans un cadre de carte postale,
Finalement avec les recommandations de Mario je m’y lance ”il y a qu’un début de chemin, duquel il ne faut pas s’écarter et s’est assez dangereux, mais il ne faut pas aller tout en haut“. La montée devient un peu plus compliquée effectivement après une ½ heure, obligé de crapahuter un peu en faisant attention aux roches. Mais une fois arrivé là-haut, quelle jolie vue encore sur le lac artificiel, la vallée et les montagnes environnantes, la plus impressionnante étant le Huayana qui me fait face. Je reste un peu, le temps de profiter et de faire quelques photos.
Et je redescends voulant éviter une brume éventuelle et la nuit. C’est chose faite rapidement me permettant d’aller jusqu’au barrage de rétention hydroélectrique. Faisant parti d’un grand complexe, il participe à l’alimentation de La Paz jusqu’à Santa Cruz (je sais ça vous dit rien mais je fais comme si j’avais appris des trucs essentiels). Le soir, je partage le repas avec un Australien et 2 Israéliens, sympas, l’occasion de pouvoir parler un peu de cette culture, que je comprends encore moins qu’avant et du conflit du Moyen-Orient. Et c’est intéressant de parler avec l’un d’eux, qui me dira qu’effectivement les Israéliens ne sont pas forcement appréciés, peut-être par le fait qu’ils vivent constamment sans se soucier de ce qui se passe autour en se disant ouverts. En tout cas, eux n’ont pas fait l’armée et ont envie de paix, en se disant Israélien, mais voulant laisser la place à un état palestinien. Ca fait plaisir de rencontrer des gens modérés, intelligents et se souciant d’eux-mêmes autant que des autres avec qui ils sont obligés de partager un territoire. Ca se finira en partie de cartes, avant de refaire une nuit au chaud. Le lendemain matin, je profite du lieu prenant le temps du petit déjeuner et d’écrire un peu, avant de retrouver Mario accompagné d’un Français et un Autrichien, avec qui je vais partager l’expérience de l’andinisme. On fait connaissance autour du déjeuner, nécessaire avant l’accession au camp de base au pied des neiges éternelles, qui culmine à 5130 mètres. Apres 1h20 de montée, on se pose un peu avant de passer à un peu de pratique dans la neige.
Le réveil se fait à 1h pour un départ à 2h. On part finalement à 3 avec PE et Mario, Armin étant un peu malade et n’ayant pas dormi de la nuit (il fera l’ascension avec Martin, l’autre guide, en faisant des pauses, où il dormira dans la neige par ¼ d’heure…).
Pas besoin de frontale tant la pleine lune nous éclaire, faisant même apparaitre nos ombres sur la neige. On y va tranquillement en faisant quelques pauses. PE durant la montée va fatiguer un peu ; moi j’ai l’avantage d’être bien acclimaté et d’avoir marché en altitude 3 jours durant. Cela me permet de bien profiter de la montée et de vivre vraiment le moment présent. C’est une marche sur glace sur le début avec crampons et piolet avec une petite crevasse à traverser, une partie un peu plus technique, le tout encordé. Mais à l’approche du sommet, le terrain devient raide et il s’agit de bien planter son matériel et de s’y accrocher. Les derniers 150 mètres se font carrément en faisant corps avec la paroi, avant d’accéder à une corniche avec le vide de part et d’autre. En fait, on se retrouve à marcher sur un passage étroit de 40 centimètres avec un renfort de neige sur l’un des cotés. Autant dire qu’à ce moment là, il s’agit pas de se marcher sur les pieds, de se prendre la lanière des crampons ou de riper…
Finalement le sommet atteint, le soleil se lève sur la mer de nuages, d’où dépassent quelques pics, La Paz et le lac Titicaca : que du bonheur ! On profite du paysage, assis à 6088 m sur une congère ne reposant sur rien en fait. Mais il est déjà l’heure de redescendre, en repassant par ces petits passages qui mettent un peu d’adrénaline, le bonheur. Je commence à être à l’aise avec l’équipement et, comme je fais la descente en tête, c’est vraiment un très bon souvenir.
On regagne le refuge du camp de base sous le soleil à la fraiche, en déconnant et faisant des pauses photos, dans un décor enneigé et surréaliste. C’est comme si j’étais dans un documentaire… Bon en même temps, je l’ai fait, et pour moi ca a été une super expérience, à la fois plus facile que ce que je pensais, mais si hors du commun. Après une pause, on repart vers la vallée, chargés de nos gros sacs pour retrouver le véhicule qui nous ramène à la Paz, fin des 5 jours de montagne.
Quelle expérience mémorable….
Allez pour le plaisir quelques tranches d’andinisme…
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