mardi 9 juin 2009

Vinales

Après un transport habilement réussi depuis La Habana, nous arrivons jusqu’à Pinar Del Rio, petite ville de transition, où nous irons dormir, faute de pouvoir trouver un bus pour faire les 25 km restant jusqu’à Vinales, car il et déjà trop tard le dernier de 4h vient de partir... Nous irons donc dormir encore une fois dans une “Casa particular” de toute beauté. Interpelés par le fils, nous irons dans cette maison, qui, bien que pas neuve, à l’avantage d’avoir de hauts plafonds, de grandes pièces carrelées, offrant de jolis volumes et qui s’ouvre sur un petit patio bien frais, au milieu duquel se trouve un petit jacuzzi… vide!! Déception du public! En effet, ici l’entretien des demeures, comme leur aménagement, n’est pas souvent fait à 100%. Mais peu importe, nous profitons du lieu pour une soirée, entre 2 sorties dans la ville pour manger et voir si une sortie est possible. Mais visiblement, la soirée est dans la rue principale et ressemble à une attente générale avec des files d’attente pour prendre des cornets de glace. Nous allons donc nous coucher après quelques Refrescos bien mérités.
Le lendemain, après un bref passage à internet (record à 5 euros de l’heure pour les amateurs!) nous décidons de continuer notre trajet routard à la rencontre des Cubains. Nous sortirons donc de la ville sur les premiers kilomètres dans une calèche tirée par un cheval, au milieu de la circulation. A noter, dans ce moment terrible pour le cheval subissant : les sifflements du cocher, la pollution des voitures et le poids de 14 personnes, le tout au galop, à noter donc la solidarité de Aude, qui s’étonne de voir l’animal effectuer son labeur. Enfin tu crois qu’elle serait descendue pour l’aider? Pas du tout, elle m’encourage même à manger une double ration de pizza au cas où ce serait trop facile pour la pauvre bête! Au bout d’une petite demi heure, nous sommes donc déposés au “terminus”, au milieu de la route, sous un superbe soleil. Le long de la route, nous profitons du paysage de campagne, des panneaux très présents de propagande de la Révolution cubaine qui fête cette année ses 50 ans, aux slogans patriotiques et souvent avec le visage du Che et de Fidel. Nous marchons un peu avant de nous poser sous un arbre et initier une tentative de stop. Nous réussirons à nous faire emmener dans la seule 206 de tout Cuba, non sans avoir attendu presque pendant 2 heures, nous permettant de retrouver un peu de bronzage. A l’arrivée, nous faisons confiance au guide du routard et dénichons une magnifique petite cabane, avec une superbe vue sur les champs, la montagne et les animaux partout autour de nous. Nous sommes à 3 minutes du centre ville, mais profitons d’un cadre unique dans une coquette maison... L’occasion de déguster un petit jus de mangue frais, en se prélassant dans une chaise à bascule, qui est ici l’accessoire obligatoire de toute terrasse. C’est dans ce petit havre de paix que nous allons nous poser, comme prévu pour nous reposer et profiter de ce mode de vie un peu à la campagne.

Notre hôte, Manzana, est très attentionnée et nous renseigne sur ce que l’on peut faire dans la région, balade à cheval, balade à pied, visite de la fabrique de séchage du tabac. Mais nous allons surtout nous reposer et profiter de la chaise à bascule de la terrasse, le lendemain, avec sieste l‘après-midi.

Le soir nous retrouvons le plaisir de pouvoir profiter de la pluie tropicale, de cette chaleur moite, de l’odeur du terrain chaud qui se gorge d’eau pour avoir de la fraîcheur en soirée. C’est aussi l’occasion pour nous de déguster une première fois de la langouste cubaine préparée en sauce, quel régal!! Du coup on refera la même le lendemain soir… Il faut savoir qu’ici la langouste comme le bœuf ne se mangent qu’au restaurant, la consommation étant interdite à titre privé pour les Cubains…
Sur les 2 jours suivants nous allons nous promener dans les environs.

Le premier jour, nous partons en direction de la montagne, en passant par les champs d’ananas, de café, pouvant croiser quelques pieds de tabac en petit nombre, car la récolte c’est terminée fin avril (le tabac n’aime pas l’eau nous expliquera un petit producteur). Durant notre marche, on pourra observer quelques gros lézards et nous faire survoler par de grands rapaces très présents dans la région visiblement. Car c’est un véritable ballet dans les airs, avec des ombres qui croisent notre sentier perpétuellement, à croire qu’ils attendaient qu’on s’écroule de soif….! Nous irons donc visiter la caverne de “la tête de vache”, parcourue à pied, qui ressemble effectivement avec beaucoup mais alors beaucoup, beaucoup d’imagination à…. Bah autant à une tête de vache qu’à un cul de poule, à croire qu’ici aussi, ils ont mâché de la coca! Le paysage de campagne nous transporte presque dans le temps tant ici tout se fait avec les outils, les animaux et la force de travail. Les bœufs retournent la terre, accompagnés des cris et injonctions des paysans. Après cette petite balade et une sieste plus tard, je repars seul pour un petit footing, à défaut d’avoir été invité à une partie de football, ce malgré ma sollicitation. Le soleil se couche doucement et les montagnes offrent de jolies ombres et couleurs tout le long de la chaîne appelée “les organes“, on ne saura pas pourquoi d‘ailleurs. Ce qui est sûr, c’est que ces montagnes nous rappellent les dômes de la Baie d’Halong et de Ban Ha au Laos, dans un paysage complètement vert et calme. En chemin, je croise un de ces enfants fier d’avoir trouvé un joli serpent et le tenant au bout d’un bâton aussi triomphant que méfiant vis-à-vis de l’animal. Au retour, il aura définitivement triomphé puisqu’il sera en train de faire un massacre à grands coups de bâton sur le reptile, du coup visiblement moins effrayant. Sur la route, je pense avoir croisé à peu près tous les moyens de locomotion terrestres possibles, de ceux tirés par des animaux aux véhicules motorisés de tous types (dédicace spéciale aux Ladas Tunnées…).
Pour le lendemain nous choisirons de louer des vélos pour aller jusqu’à un rio visiblement “muy Bonito” et potentiellement où l’on peut se baigner! Avec nos réserves en eau, nous prenons la direction de la “Cueva del indio“, plus grande grotte de Cuba et qui a la particularité de se visiter en partie en bateau. Effectivement la grotte est jolie, aménagée avec de beaux éclairages, jusqu’à une rivière souterraine, qui en amont est une cascade. Petit trajet sympa si ce n’est le bruit du moteur pour faire les 150 mètres de cave…

A la sortie, on craquera un peu les achats : parce qui si on peut remplir un colis de plus, on le fait! On continue notre route dans la campagne, toujours au milieu de champs d’ananas, de manguiers aux branches qui plient sous le poids des énormes fruits approchant la livre! Une fois le pont trouvé, après moult prises de renseignements, nous descendons le long de la rivière qui malheureusement est, comme on le pressentait, un peu boueuse. Pas grave, on profite de l’endroit pour “Faire un peu de salessa!” (à prononcer avec l’accent du sud), l’occasion de trouver le petit pas que nous réaliserons au pays de la salsa, de notre création! (comme dirait l’autre: “c’est en faisant n’importe quoi, que l’on invente n’importe quelle passe!”). Après cet interlude, nous prenons le chemin du retour, après un demi-tour d’ailleurs, “genre je connais le coin mais pas totalement”. Les maisons ici sont parfois sous tôles, parfois à l’ancienne en toit de palme et de forme pointue.

Mais après nos 3-4 bonnes heures de vélo, Aude a besoin d’un peu d’énergie (et malgré ce que les mauvaises langues diront, je ne parle pas de rhum, mais de sucre. Après effectivement, les 2 ne sont pas incompatibles). On s’arrête donc chez des gens, afin de leur demander un petit remontant. C’est avec une infinie gentillesse qu’ils nous inviteront à venir nous assoir chez eux pendant que le chef de famille prépare un ananas. Encore une fois, un arrêt improvisé nous comble de joie dans un échange simple, non mercantile ; enfin un vrai contact avec les Cubains! Après nous être régalés, nous les remercions mais ils en rajouteront une couche, en me demandant si j’ai de la place dans le sac pour nous offrir un ananas à emporter! Quelle gentillesse! Nous aurons un petit cadeau à leur donner comme on essaie de le faire dès que l’on peut. Nous rentrons tranquillement jusqu’à Vinales, où une petite sieste nous attend avant de faire un dernier repas dans ce coin perdu…. Perdu pas pour tout le monde, car quelle surprise en revenant de la cena dans notre chambre, d’avoir la visite d’une superbe tarentule à coté de laquelle je suis passé de nuit sans la voir. Aude, elle, l’aura bien remarquée, sans en être vraiment effrayée, car finalement, une araignée de la taille d‘une main au pied du lit, c‘est normal…. Cela n‘empêchera pas une fin tragique… Bim! Une claquette dans ta gueule!
Seul petit problème ici comme depuis le début ici, la note finale amenée par notre très serviable maitresse de maison Manzana... En effet, toutes ces propositions nous sont apparues finalement très intéressées, puisque le moindre bout de fruit consommé nous a été facturé... Certes, il s’agit d’un logement chez l’habitant, mais par sa gentillesse elle nous a proposé beaucoup de choses (“Vous prendrez bien quand même un fruit?…“), ce qui avait surtout pour but de nous faire dépenser de l’argent chez elle. Nous nous sommes méfiés, mais pas suffisamment pour finalement partir un peu déçus par une relation de sympathie qui nous est alors apparue que dans le but de nous faire “cracher de la tune“, comme c‘est écrit dans certains guides. En effet, elle nous a proposés, avec le sourire mais aussi insistance, beaucoup de choses gentiment tout en nous faisant remarquer très souvent que tel touriste leur avait acheté un cheval, ou tel cadeau offert par un autre, comme l’ordinateur qu’un autre touriste doit leur envoyer avec un téléphone portable… Du coup, nous nous posons un peu la question de la gentillesse des Cubains qui, dans un pays à étiquette communiste, sont les meilleurs capitalistes et semblent profiter des gens, avec une petite fourberie de bonne guerre sans doute. Même si cela me semble normal qu’il y ait des prix touristes et des prix pour les locaux, le différentiel est énorme lorsque les locaux nous font payer le prix multiplié par 50, le tout avec une argumentation fallacieuse, renforçant l’aspect profiteur plus qu’un réel besoin vital d’argent, même si leurs conditions ne sont pas toujours évidentes. Car l’éducation, l’accès au soin sont gratuits, chaque personne a un logement et il y a un minimum de nourriture “offerte” à toute personne, minimisant des conditions de vie difficile.
Si la gentillesse a un prix, à Cuba c’est celui de la vraie relation dès que l‘on touche au tourisme et c’est bien dommage.

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