dimanche 14 juin 2009

Playa Larga, baie des Cochons

Nous voici donc ENFIN arrivés sur le lieu de nos vacances. Nous projetons en effet de rester là quelques jours pour respirer, profiter de la plage et de la mer Caraïbes, nous relaxer et faire la transition du rythme de voyage à notre retour proche.
A peine débarqués du bus (qui quand même nous dira qu’on aurait pu lui dire “avant” qu’on descendait ici?>!%..> Mais José, tu as mis la destination sur nos bagages en soute, tu l’as lue sur nos tickets et tu nous l’as demandée quand on est montés!!), nous sommes accueillis par un homme, visiblement seulement de passage, qui nous renseigne aimablement sur notre orientation. Tiens, un Cubain désintéressé, nous disons-nous, bien que méfiants compte-tenu de notre expérience cubaine… On suit quand même ses directives pour arriver au “centre-ville”, une vague place sur laquelle broute un cheval. On se fie finalement au guide du routard pour atterrir chez Amerys et Félix, deux adorables Cubains à qui on explique de suite qu’on veut être prévenus de ce qui sera payant ou non, racontant nos déboires et pariant sur cette explication pour vivre sereinement notre séjour chez eux. Amerys, femme forte de caractère et la tête bien sur les épaules, hallucine littéralement de ce qu’on lui raconte et nous assure que chez elle, les fruits sont gratuits et que nous sommes ses HOTES. Effectivement, prenant nos quartiers dans la chambre, nous avons par la même occasion pris nos quartiers dans la maison ; la chambre, ouverte sur le salon et face à celle des logeurs, donne au voyageur sa qualité d’habitant de la maison plus que de touriste.
Nous partons faire une petite balade dans le village, juste assez pour recroiser le monsieur de tout à l’heure et vérifier la thèse de la gentillesse gratuite (quel plaisir…), ainsi que de tester l’avidité des moustiques! Nous apprenons à nos dépends que nous sommes dans une zone marécageuse… Un peu d’ombre et hop! Une attaque armée en règle! Ceci n’est pas sans rappeler l’attaque armée de la baie des cochons où nous nous trouvons… De toute façon, celui qui l’aurait oubliée aurait vite été remis au parfum vu le nombre de panneaux de propagande qu’on trouve ici… On n’a pas pu les prendre en photo de peur de nous faire confisquer l’appareil (Fidel, apparemment, n’aime pas trop l’exportation de sa propagande…), mais les panneaux mentionnaient tantôt la gloire de la Révolution dans sa face armée (“ici la Revolution a triomphé de l’impérialisme Yanki” etc),

tantôt dans sa face quotidienne (“La Revolution a doté les écoles d’ordinateurs” ou encore “la Revolution lutte contre les injustices dans le monde”). Surtout, le fameux slogan “La Revolution c’est le désintérêt, l’héroïsme, le socialisme, l’altruisme et la solidarité“. A bon entendeur… Cela dit, les Révolutionnaires Cubains ont quand même réussi à débouter pas moins de 1200 hommes armés jusqu’aux dents par les USA (tellement pas discrets que les journalistes Français annonçaient le débarquement 4 jours avant! C’te honte, les Etats-uniens!) avec les moyens du bord, la force humaine déployée par l’idéalisme Castro… et un seul téléphone en état de fonctionnement! Et déjà que faire capturer 1100 prisonniers cubains dépêchés par les USA sur 1200 c’était fort, mais quand c’est en plus pour les échanger ensuite contre 54 millions de dollars de médicaments et de nourriture à destination de la population, là, je dis que Fidel, c’est le genre de mec qui fait c’qui dit, qui dit c’qui fait, qui fait c’qui dit et que, même si ses discours duraient des heures, à la différence de Sarko, c’qui dit, c’est pour le bien-être du peuple (référence au sketch mémorable d’Anne Roumanof chez Drucker que je vous incite à télécharger …) et ça, c’est chapeau.
Bref! Nous rentrons finalement, boursoufflés de piqures de moustiques et assoiffés par cette chaleur (mais quel délice!), nous refugier sur la véranda d’Amerys et ses nonchalantes chaises à bascule… Un p’tit cocktail? Aller! Comme ça, c’est bon d’être Cubain! Un repas de langouste parachèvera la douceur de cette première journée… Tranquille!
Dès le lendemain, Matthieu se laisse séduire par les appâts des Caraïbes et nous partons avec Félix, notre hôte mais aussi un loup de mer, instructeur de plongée et Co-plongeur avec Cousteau lors de son unique visite à Cuba… Mais je laisse mon amoureux vous raconter ça…
Nous voilà levés tôt pour aller profiter de la journée et d’une petite plongée. Nous partons comme prévu avec un chauffeur qui nous coûtera tout de même près de 20 CUC (environs 20 dollars), c’est quasiment le prix de la plongée! Au départ nous avons droit à une superbe automobile, une bonne vieille Fiat des années 50 de toute beauté. C’est un vrai plaisir de faire cette demi-heure de route au milieu des pins et des marécages pour rejoindre le site de plongée Punta Perdiz. Une fois arrivés, on s’équipe avec Felix et je me jette à l’eau. Nous sommes au milieu d’une baie, qui est en fait un lagon d’une couleur bleu émeraude de rêve.

Et c’est parti, direction la barrière de corail. En effet, le départ se fait de la côte et les premiers coup de palmes se font dans le lagon qui abrite déjà des rochers couverts d’éponges, de corail, de plantes et autres végétaux aux couleurs tropicales, comme dans un aquarium. Puis tranquillement, on descend un peu plus profond autour de 14-15 mètres pour découvrir ce si rare corail noir, qui peut prendre parfois l’aspect d’une grosse feuille quadrillée, qui se balance dans l’eau : superbe. On commence alors à descendre davantage et les grosses éponges en forme de cheminée prennent des couleurs jaune, violette, verte. Nous arrivons près d’un tombant où la flore et le plancton ont littéralement pris possession du lieu. Ce sera l’occasion d’y croiser quelques jolis poissons qui rappellent ceux vus en mer Rouge ou à la Réunion… Comme promis et voyant que ça roule pour moi, on passe à travers des cavernes, habitations de quelques langoustes et autres crustacés. Au second tunnel, la sortie se fait sur une épave de bateau, vestige vraisemblablement militaire, puisque nous sommes très proches de la playa Giron, où a eu lieu, il y a quelques décennies, le débarquement manqué des anticastristes, entrainés et aidés par les USA. L’occasion pour moi de visiter ma première épave de mer. Puis, nous continuons par un autre tunnel aquatique qui débouche sur un autre tombant, celui là encore plus profond puisque la visibilité est de 20-25 mètres, que je ne vois pas le bout et que je suis moi-même à …35 mètres! Ca le fait bien, pas de problème de compression, bonne lumière et j’ai la chance de pouvoir voir un barracuda! On revient tranquillement sur la fin de plongée par la lagune, couverte d’espèces végétales colorées. A la sortie, malgré un souci sur les derniers mètres avec mon masque, je suis ravi. Du coup, Félix me propose d’en refaire une d’ici une heure, histoire de se reposer, déguster une bonne pastèque, laisser passer les 15 personnes qui viennent d’arriver et zou!! On part dans le lagon une seconde fois. Plongée totalement différente, je vais en prendre plein les mirettes de couleurs aussi bien végétales que animales. Les poissons sont à profusion, en bancs entiers et sont de toutes les couleurs, toutes les tailles, jouant à cache-cache dans la roche, les algues, les éponges, les coraux et les plantes. Plus de 50 minutes, où les poissons plats, les poissons licornes, les balistes, les méduses vont être, comme Félix m’avait prévenu, autant d’œuvres d’art vivantes entourées de coquillages.
Au total : 2 plongées de qualité à un prix défiant toutes concurrence, car à moins de 50 euros dans une mer très claire offrant variétés d’espèces vivantes. Le littoral ici est un des mieux conservé au monde, ne subissant ni la pêche, ni le trafic des bateaux et peu de passage par les plongeurs. Pour le reste, mes mollets en gardent un souvenirs assez bronzés!
De mon coté, j’ai aussi pu profiter des superbes conditions de visibilité car Félix avait gentiment mis à ma disposition la totale palmes-masque-tuba et c’est surveillée par son fils de 8 ans (!) que je me laisse séduire par la faune et la flore du lagon. Je sais que les requins des Caraïbes peuvent se rencontrer jusqu’à 0 mètre de profondeur alors seule, je ne fais pas ma maligne et ne me risque pas dans l’obscurité du tombant : courageuse mais pas téméraire conclus-je pour me rassurer de ne pas être qu’une poule… mouillée! Puis je suis restée sous la cabane à l’ombre et les yeux bercés par la couleur turquoise de la mer. D’autres femmes sont là à surveiller leurs enfants pendant que leur mari sondent les profondeurs. Et comme si souvent, c’est dans ces moments imprévus et surtout informels que, loin des contraintes économiques de la possibilité de vendre quelque chose au touriste, le contact s’établit le plus naturellement et le plus facilement. Nous voila à discuter chiffons, puis voyage et voyageurs, l’occasion encore une fois d’entendre les plaintes formulées à l’égard des Israéliens, décrits, encore une fois, comme des gens désagréables, exigeants, éternellement insatisfaits et j’en passe… n’y’a-t-il donc aucun pays à part les Etats-Unis qui puisse piffrer ce peuple?! Mais je sens que toute la communauté juive va me sauter à la gorge et crier à l’antisémitisme alors j’arrête de les gazer (oh ça va! Un peu d’humour n’a jamais fait de mal!).
Matthieu remonte tout doucement, les yeux éblouis par la beauté des fonds qu’il vient d’explorer, et nous rentrons à la case.
Il est 15h, nous avons mangé une petite pizza, avons dansé amoureusement sur la varangue ombragée de la maison, quand un saignement se déclenche…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Que de souvenirs votre commentaire nous rappellent! Nous avons séjourné 3 jours chez Ameris et Félix en novembre 2003 et pu apprécier comme vous le racontez le merveilleux accueil cubain et la générosité de ces gens. Egalement les mojito du petit bar de la plage...! Bravo pour votre commentaire sur cette magnifique région du Matanzas.

Anonyme a dit…

Suite à notre commentaire, nous sommes des amis amateurs de cigares et tous de Genève !

audetmatt Rakikite a dit…

Salut à vous voyageurs!
C'est vraiment génial d'être, au travers d'un commentaire, replongés dans l'univers qui était le nôtre il y a un an! Merci donc pour ce petit mot!
Audetmatt les blogeurs
audefresnay@yahoo.fr