mercredi 10 décembre 2008

Bagan

On finit par arriver à Bagan au petit jour et grimpons avec plaisir dans une calèche pour trouver une chambre! Ambiance de grand matin, brume à l’appui, femmes qui balaient leur trottoir et le bruit des sabots de notre cheval… Génial!
Après un repos bien mérité, on loue des vélos et on part explorer ce lieu incroyable qu’est Bagan. A l’époque, entre 1057 et 1287, c’était ici la plus grande et puissante ville du pays où se construisaient moult pagodes puisque 12000 pagodes ont vu le jour sur cette période, soit 40 pagodes par mois…
Nous commençons notre visite par l’une des plus célèbres pagodes, Schwezigon, où 5 femmes nous “accueillent”.. On nous colle des broches en forme de papillon sur le tee-shirt en nous demandant de venir visiter leur magasin. Il faut dire que pour chaque pagode il existe plusieurs entrées, toutes constituées d’un escalier couvert abritant en son sein de petits étals d’artisanat. J’avoue que tant de sollicitations d’un coup a un effet Kiss Cool subit sur moi genre “Mais vas-y, punaise-moi mon obligation de t’acheter quelque chose sur le vêtement”, mais nous partons faire la visite en promettant de revenir plus tard. Apres les dits-escaliers, nous débouchons sur la somptueuse pagode couverte d’or (oui pour de vrai) qui reluit d’un jaune clair étincelant, contrastant magnifiquement avec le ciel bleu intense.



Les petites cloches des arbres de bronze bruissent et tintent avec le vent : ça y’est, l’atmosphère du temple nous envahit… Hormis du fait de sa beauté, la pagode est célèbre parce qu’elle contient des reliques d’os et de dent de Bouddha. L’éléphant blanc (très fameux ici et que l’on différencie de l’albinos par différents traits bien précis comme le comportement, des éléments de la physionomie… et qui ne peut être que possession royale) se serait agenouillé ici alors le roi Anaw-Rahta aurait ordonné la construction de la pagode sur le lieu même choisi par l’animal. Dans la pagode on visite les 4 Bouddha de notre ère (perso je savais pas qu’il y en avait 4...) puis on redescend vers nos vélos. Ah oui mais c’était sans compter sur les 5 devenues 6 femmes qui nous attendent de pieds fermes en bas… Je déteste ce moment parce qu’elles deviennent oppressantes, contraignant à acheter. Matthieu, plus à l’aise dans cette situation, en mettra quelques unes à distance et on repartira vite en vélo, quelques achats sous le bras.
Nous repartons nous immerger dans le fabuleux paysage de pagodes de Bagan, et arrivons à Gubyankgyi (on sait : c’est super dur à prononcer!), pagode aux murs recelant de magnifiques peintures de jataka (les vies antérieures de Bouddha).

Une mauvaise note pour l’archéologue Allemand qui l’a explorée : il a découpé et emmené de grands morceaux de murs avec lu!! Archéologie ne veut pas dire respect des lieux archéologiques??! Bref, nous finissons à la tombée du jour dans les galeries de Kyan-zittha-Umin, dédale voûté de salles de méditation couvert de peintures murales mettant en scène les Mongols (anciens ennemis), des Jatakas et des représentations de Bouddha, éclairés à la torche.
Le lendemain, réveil 7h pour un petit déjeuner… frais! Il faut dire qu’on ne s’attendait pas à sentir le froid en Asie mais que la situation géographique de la Birmanie (bien plus au Nord), rafraichit nettement la température le matin! On reprend nos vélos et on file à travers la campagne en direction du vieux Bagan. Les paysages mettent en scène de petits arbustes sur une terre d’argile sèche, et, surplombant le tout, l’ocre des stupas qui domine, autant dire que nous avons adoré faire du vélo ici…



Nous allons à Ananda, pagode construite au 11e siècle par le 3e roi de Bagan, sur un plan de croix grecque de blanches galeries qui mènent au stupa doré et élancé.

A l’intérieur 2 déambulatoires conduisent aux 4 gigantesques Bouddha de notre ère. Nous sommes rejoints par un vendeur qui attire notre attention sur le fait que le Bouddha change d’expression quand on se déplace : plus on s’éloigne et plus il parait sourire…!

Petite note culturelle : devant l’un des Bouddha se tiennent les statues du roi et de son moine Shin Arahan qui est celui qui élevât le Bouddhisme Theravada (ou “petit véhicule”) au rang de religion d’état. Ce Bouddhisme suit l’enseignement originel, ne vénère que les Bouddha (et non les Boddhisattva comme le Dalai Lama) et vise le nirvana, contrairement au Bouddhisme tibétain ou Mahayana dont le but est la compassion. On en apprend tous les jours! Revenons à Ananda : de la terrasse, on peut même voir le Bouddha du futur, “Metteya”, le 5e.
Nous quittons Ananda pour continuer notre visite et sommes rejoints par un enfant qui nous accompagne pour le reste de nos visites de ce matin. On le suit jusqu’à That-Byin-Nun, temple souvent pris comme référence et pour cause. Haut de 61m, il est en effet celui qui domine tous les autres. Construit avec 2 gros blocs superposés, il apparait de loin comme le seul temple carré.

Bon, c’est pas tout ça mais on a faim! Accompagnés par Zo-Zo, nous rejoignons un resto où on se pose bien la question de savoir s’il faut lui offrir à manger ou pas... On décide finalement de partager notre guacamole (très typique, vous l’avez dit!) et de lui offrir une petite voiture. Zo-Zo, commercial chez Myanmar and Co, redevient alors l’enfant de 8 ans qu’il aurait dû rester, à grands coups de “vroum!”.
On passe ensuite devant l’ancienne porte de la cité de Bagan et Pitaka, l’ancienne bibliothèque avant de nous rendre à Dhamma-Yan-Gyi, pagode impressionnante de part l’originalité de son architecture en pyramide.


Au pied de l’édifice se joue une partie de foot à laquelle se joint Matthieu.

Moi je reste apprécier leur aisance à tous : pied, poitrine, tête, tout est bon pour faire circuler la balle de bambou dans le cercle. Puis nous entrons dans le temple, accompagnés de 2 vendeuses d’une dizaine d’années grand maximum qui nous parlent en Français. Et là l’Education Nationale en prend un coup parce qu’arriver à parler birman, français, anglais, espagnol et italien à 12 ans, c’est balaise! Elles expliquent en vraies guides le déambulatoire fermé on ne sait pas pourquoi, les 2 petits Bouddha et celui qui est représenté en train de mourir. Elles présentent les objets qu’elles vendent comme un jeu à celle qui dira le plus “c’est moi qui l’ai fait”! Même les cartes postales y passent!
Pour terminer en beauté cette magnifique journée, on file à Schwe-hsan-daw pour admirer le coucher du soleil d’en haut de la terrasse. La stupa blanche nous accueille et le paysage s’étend à perte de vue sur l’immensité du site de Bagan et, à la différence d’Angkor où les arbres brouillaient la vue globale du site, sur les centaines de stupas qui le ponctuent. L’air est doux, les couleurs annoncent la fin du jour : c’est tout simplement génial d’être là.



Et quoi de mieux pour clore une si belle journée qu’un bon resto où on rencontre un couple de Français vivant en Asie et voyageant avec leur très jeune fille (comme quoi…!) qui nous donnera de très bons conseils pour la suite de notre périple ici.
Le lendemain, après avoir tenté vainement de partir au célèbre mais inatteignable en bus Mont Popa, nous reprenons nos vélos et partons explorer la partie Sud et le nouveau Bagan. Escortés par une gentille birmane qui nous suit en vélo, on tombe sur l’incroyable travail de la DDE locale. Autant dire qu’ici ils mettent la main à la pâte… Travailler sur la route ici signifie prendre les pépites de bitume à mains nues et boucher les trous comme avec des lego, avant qu’un homme ne vienne tasser le tout avec la force de ses bras.


Et surtout, grosse surprise : DDE ici ne signifie pas 1 qui bosse et le reste qui regarde… Incroyable! Bref, nous rejoignons un premier temple, désert, sur lequel on nous propose de monter pour y apprécier la vue. Plaisir renouvelé, vous vous en doutez, de nous retrouver à surplomber ce site magnifique. Plus loin, un joli temple qui ne paie pas de mine de l’extérieur mais qui est couvert de peintures absolument somptueuses. Nous sommes les seuls, tranquilles pour prendre la mesure de la beauté des peintures.

Les vendeurs dehors exposent mille petites choses qui nous ravissent et on échange avec eux un moment. Nos essais en langue birmane les amusent et, poursuivant sur ce filon, ils nous apprennent l’écriture des chiffres.

Comme souvent on nous propose d’échanger leur artisanat contre des parfums ou des bijoux (que nous n’avons pas, c’est évident…). A coté se tient un monastère aménagé dans un chemin de grotte que nous fait visiter un enfant. Toujours pas de touristes, nous mesurons notre chance. Le paysage évolue pour plus d’aridité et les arbustes laissent la place aux cactus.
Nous arrivons finalement à Minnanthu où nous déjeunons avant de repartir pour encore d’autres pagodes sur le chemin. On débouche finalement sur Dhamma-yazika, pagode originale, exposant sur chacun de ses 5 axes les 4 Bouddha de notre ère et le Bouddha du futur.


Puis c’est la course en vélo car le jour décline et qu’on voudrait encore monter sur une pagode pour le coucher du soleil. Toutefois l’arrivée est infructueuse, la pagode visée étant désormais inaccessible. Tant pis, 2 hommes nous proposent de monter sur une autre pagode un peu plus loin où on pourra quand même profiter d’une jolie vue.


L’absence de touristes est pour eux un problème. Est-ce la crise? Est-ce le problème de l’aéroport de Bangkok? Pas de touristes en décembre (mois de haute saison en temps normal) signifie pour eux une baisse cruelle de leurs ventes que leur pauvreté ne peut amortir. Ne pas être Zorro tout en apportant notre argent à ces gens, difficile juste milieu. Pour ma part, je choisis d’acheter une estampe, prise de compassion pour cet homme qui, souhaitant vendre coûte que coûte, baisse tellement son prix. La soirée se finit royalement au même resto que la veille (tellement c’était bien!).
Le lendemain c’est déjà le jour de partir. Nous remercions chaleureusement la patronne de notre guest Cosy Villa qui aura été tellement gentille et aidante pour nous. Elle va même jusqu’à mandater un taxi pour nous emmener à la gare en donnant pour instructions au chauffeur de demander pour nous le ticket, sachant bien que ça allait sans doute être compliqué pour nous! Merci à l’amabilité et la douceur de cette femme.

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