mercredi 28 janvier 2009

Les Moais de Rapanui

L’île de Pâques… Ah… L’île de Pâques est petite, mais recèle de pas moins de 800 statues dont environ 400 sur les sites. La première statue que l’on voit nous apparait comme ca, par hasard, alors qu’on se promenait le long de la plage de la ville. Elle est dressée face à la mer, en un mot une erreur, puisque toutes les autres sont tournées vers l’intérieur (les statues regardant le village pour en protéger ses habitants), et elle nous surprend d‘être au milieu de la vie citadine. Bienvenus! Nous ne connaissons rien ou presque de cette culture alors nous décidons de faire appel à Elisabeth, une guide de père Chilien et de mère Rapanui (le peuple de l’Ile de Pâques) qui a vécu en France et a donc un français impeccable : cool! La visite commence par le site d’Ahu Akivi que l’on admire tout en écoutant les riches explications d’Elisabeth.

Nous apprenons ainsi que l’île a été baptisée ainsi en raison de sa découverte le jour du même nom par les Chiliens mais qu’elle est le foyer d’un peuplement Polynésien (voila qui nous rapproche de la Nouvelle-Zélande) et que ses habitants l’on baptisée Rapa nui c’est-à-dire la grande île. C’est sous ce nom que nous la connaissons aujourd’hui pour notre part tant tout ici rappelle la Polynésie et non la culture très occidentale du Chili… Nous apprenons aussi que les statues que nous voyons ici, ou “Moais“, ont été ré-érigées par les scientifiques, comme nous l’explique cette petite vidéo…

Nous quittons Ahu Akivi et, après un détour au tunnel de lave de Ana ta Pahu (dans lequel vivaient les premiers habitants…), nous filons à la carrière des chignons. En effet, si la construction des Moais s’est étalée dans le temps, elle a évolué et a vu apparaitre des chignons sur la tête des moais, que l’on pense être représentatifs de la coiffure des habitants. Les “chignons” étaient taillés dans la roche au sein d’un des nombreux cratères de l’ile, roche qui avait pour particularité d’être rouge. Alors tout ça c’est très bien, mais on se demande bien comment ils faisaient pour trimbaler tout ça une fois taillé! Pas très malins ces Rapanuis me direz-vous! Alors les théories s’affrontent : rondins de bois? Tirage avec une corde? Mais surtout, notre explication préférée : les Martiens… Ils ont bons dos ceux-là!
Le lendemain, nous partons admirer le site de Ahu Tahai et Ahu Vai Uri, sur un site immense qui nous permet bien de sentir l’importance qu’avait le culte des Moais dans la société Rapa Nui. La se dresse le seul Moai auquel on a remis le chignon mais surtout les yeux.

Faits de corail (ici une copie puisque seuls les yeux conservés au musée sont authentiques), ils ne sont présents qu’ici car les remettre, selon la croyance populaire, redonnerait vie à la statue… autre chose surprenant, c’est que, malgré toutes les interdictions se rapportant aux Moais (ne pas toucher, ne pas monter sur les autels…), les chevaux étudient librement la situation! Un comble pour le spectacle mais aussi pour l’archéologie…
Nous louons finalement une moto pour faire le grand tour de l’île. Nous commençons par le volcan Rano Kau, dont le cratère, impressionnant de dimension et de forme ronde parfaite, abrite une zone protégée.



Enfin un endroit où les plantes ont le dessus. Il faut dire qu’ici, après que les Rapanuis aient rasé l’île pour récolter le bois nécessaire à leurs activités, les Blancs sont arrivés là, ont loué l’île aux Anglais pour que ces derniers aient un endroit où faire paître leurs moutons (ben voyons… Les joies de la colonisation on vous dit… De toute façon à quoi bon demander leur avis aux habitants originels de l’île puisque, de vous à nous, vous trouvez pas qu’ils sont un peu basanés?… Pas très nets ces gens-là, pas vrai?!), ce qui a parachevé la déforestation. Les Anglais ont bien voulu replanter l’île en faisant appel à un arbre aux racines profondes pour lutter contre l’érosion, l’eucalyptus, mais c’était sans compter sur l’acidité de ses feuilles qui inhibe la repousse de quelqu’autre espèce que ce soit… Dommage. Bref, le volcan et sa végétation débordante (nan j’déconne, y’a, vu de haut, que des herbes hautes!) nous donnent aussi accès à Orongo, les portes du culte de l’Homme-Oiseau. Franchement, ce truc est fou! Des maisons en pierre rases dont on ne sait pas par quel miracle on pouvait entrer dedans (surtout avec la taille XXXL des habitants!), une rivière de piéroglyphes
et surtout cette croyance terrifiante! Chaque année était élu l’”Homme-Oiseau”. Et que devait-on faire pour être Homme-Oiseau? Les gars se filaient rendez-vous pour aller, au péril de leur vie c’est sans dire, sur les îlots voisins pour?… Ben pour aller chourer les œufs des oiseaux migrateurs! Et, comme, rappelez-vous les jeux débiles qu’on faisait lors des anniversaires de nos camarades de classe de CE2 avec l’œuf et la cuillère, ben c’était le premier arrivé avec son œuf sur la terre ferme qui devenait Homme-Oiseau pour un an! Vous trouvez ça dingue? Attendez la suite! Une fois vainqueur, l’heureux élu était rasé de partout (cils compris…), faisait le tour de l’île en courant genre “j’ai marqué un but” mais version grand terrain, puis était exilé à l’autre bout de l’île où il vivait seul pendant toute l’année de son “règne”, avec interdiction de se laver les ongles et les cheveux (seul un homme venait le baigner et lui apporter à manger). Résultat? Ben la plupart des gens de l’île refusaient de se plier à son autorité (ah bon?? Mais pourquoi?) et s’en suivaient des guerres fratricides de pouvoir. Et pendant ce temps, celui qui était donc soi-disant maître et gérant de l’île se la coulait douce en regardant pousser ses dreads… Et ben ce culte là, c’est celui qui a détrôné la culture des Moais à une vitesse absolument record! Incroyable!
Nous poursuivons avec Vinapu et ses moais au sol.
Franchement on se demande pourquoi les habitants laissent leurs culture partir en miette, comme ce moai qui part littéralement en poussière… Nous continuons avec les moais couchés de Vaihu ou Hanga Te’E ou encore Akahanga.
On prend la mesure du travail des archéologues qui nous permettent aujourd’hui d’admirer les moais sur leur Ahu (autel). S’offre finalement à nous la carrière des statues dans l’ancien volcan Rano Raraku. Là, pas moins de la moitié des moais de l’île attendent le retour de la croyance ancestrale, les uns en court de construction, les autres en cours de transport vers leur ahu. Pour nous c’est un spectacle incroyable de pouvoir constater “in vivo” les étapes de la construction : dessin de la statue à même la roche, découpe de la forme globale du moai qui repose alors sur des quilles de la roche mère, puis on casse les quilles pour lever le moai.
Nous on a essayé, mais ce n’a pas été très concluant…

Ne “reste plus qu’à” le transporter… Alors la bonne vieille méthode égyptienne ou le traineau?… Le mystère demeure mais pour nous, novices complets, ce spectacle est parmi les plus émouvants de l’île. De plus, les années passant, les moais ont pris des formes de plus en plus symboliques : des Moais aux proportions humaines les mains sous le nombril gravé, on observe ici les Moais dernier cri dont on ne voit plus que le visage aux traits allongés et presque géométriques. Fabuleux. La journée se termine par un coucher de soleil en hauteur et dans l’envers du décor, coté cratère où les chevaux galopent librement vers le petit lac et où on marche le long des Moais figés dans leur tombe de pierre, la vue se perdant vers la mer bordée du site magnifique de Ahu Tongariki…

Les rois du monde, quoi! On vous raconte pas le retour en moto de nuit et la course aux trous dans la route qui l’accompagne? Une bonne rigolade pourtant, vous ratez quelque chose!
Fans de la piste, on rembraye sur la location de moto le lendemain pour prendre notre petit déjeuner à Anakena et ses Moais dos à la mer.

Nous mesurons la chance que nous avons d’être là, face à ces témoins massifs et si bien protégés par leur long sommeil sous le sable de la puissance d’une civilisation.

La plage est accueillante et la température idéale pour apprécier notre pain au lait concentré sucré. Elle est dure la vie…

Après une petite salsa et un long moment bercés par le bruit des vagues et la fascination pour ces moais, nous visitons d’autres sites aux moais couchés et débouchons sur papa Vaka et son étalage de piéroglyphes : quel boulot! Encore quelques minutes en moto et s’ouvre à nous le spectacle majestueux de Ahu Tongariki et ses 15 gigantesques moais tournés vers la carrière.

Fabuleux. Le klakson rappelle à l’ordre les passagers de la croisière venus à la journée en excursion : comme on apprécie notre liberté!
Rapanui et ses Moais, c’est un long voyage dans l’espace et dans le temps, c’est un univers fascinant qui pousse à l’admiration. Le mystère des moais, même s’il a été durant notre visite démystifié à force d‘explications donnant écho à notre curiosité, reste pour nous entier tant leur grandeur et leur majesté en impose...

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