dimanche 1 février 2009

Que fait-on pendant 10 jours?!

A l’arrivée sur l’île de Pâques, le but est surtout de profiter du cadre, de faire une petite excursion, mais surtout de pouvoir se reposer. Au milieu du Pacifique, à plus de 4000 km du continent le plus proche, on se dit que l’on va pouvoir vraiment ne rien faire, enfin! Sauf que dès notre montée dans l’avion, on comprend bien que ce ne sera pas le cas, vu qu’il y a comme on vous l’a dit, le festival Tapati et que rien qu’en regardant le programme des festivités, nous voila à cocher ce que l’on va vouloir faire… Alors avec les festivités, notre temps pour faire les visites et les activités prend le pas sur notre farniente! Comme si on avait pu se poser le cul à l’air au milieu des statues, ah, ah, ah! Bon ceci dit, entre les vols et le décalage horaire, on va faire péter des grasses matinées au début, mais rapidement, on a envie aussi de découvrir l’ile, autrement qu’en se baladant à pied.
En premier lieu, le musée local J.Englert, qui retrace l’histoire de l’île de Pâques depuis sa formation géologique (issue de 3 cratères différents, mais reliés entre eux), jusqu’à sa conquête par les évangélistes et les Espagnols. Mais le plus intéressant est sans conteste les informations concernant la culture Rapa Nui. Proche de la culture polynésienne, elle est issue de la migration d‘individus de ces îles. Arrivé avec ces 7 fils, un chef et sa descendance ont débarqué ici et s‘y sont installés, c‘est pourquoi on retrouve pas mal de similitude entre les Maori de Nouvelle-Zélande et les Rapa nui. Maori qui, on l‘apprendra, désigne l‘artisan, alors que je pensais que c‘était un guerrier (ah la petite tapette avec leur hakka alors qu‘ils passaient leur journée à enfiler des perles et faire du canevas!). Certaines statues anciennes de l‘île de Pâques sont ressemblantes avec celles de la Polynésie mais, avec l‘éloignement et le temps, elles ont suivi une évolution particulière, le visage plus allongé et une forme plus stylisée. En concomitance (mot pas facile à placer dans un article ou en conversation, ndlr) avec les statues, il y a eu un culte particulier, où les pleins pouvoirs surnaturels sont l‘apanache des chefs de tribus et des chamanes, ayant pouvoir de rendre malade, guérir, tuer, communiquer avec les esprits. C’est un peu l’histoire d’une culture qui s’est autodétruite et pourtant… Alors qu’il ne restait plus qu’une centaine d’individus vers le XVIII siècle, c’est aujourd’hui une culture vivante, qui garde ses croyances d’avant l’évangélisation, une langue encore parlée, des traditions et une façon de vivre au quotidien. Je crois que c’est cette force-là qui nous a le plus impressionnés : une résistance au temps, à l’envahisseur, aux maladies amenées par les Européens. Le musée ne fait que synthétiser l’histoire passée et présente de l’île. Comme cet unique œil de statue retrouvé près d’un Moai, taillé dans du corail : symbole de la vie des statues et donc des dieux, la croyance ici est suffisamment présente pour que la population ne veuille pas remettre des yeux aux statues et ainsi leur redonner la vie, car nul ne sait ce qu’il adviendrait alors….
En tout cas, après une première visite au musée, où j’ai essayé de tout faire en espagnol pour commencer à apprendre cette langue que je ne connais pas du tout (Ich spreche deutsch! Bon d’accord, à la place de l’espagnol, j’ai fait le guignol pendant 8 ans en allemand, quelle réussite!) toujours est-il que prendre ce temps là au musée, je suis en retard pour ma plongée. En effet, j’ai saisi l’occasion de faire une plongée de ce coté-là du Pacifique et quel plaisir! On part à une dizaine sur le bateau, mais je me retrouve dans l’eau avec seulement l’instructeur et un stagiaire canadien francophone arrive ici depuis 3 jours. Dès le départ le ton est donné : une descente à pic et rapide à 22 mètres de fond même pas mal aux oreilles. On est accompagnés par 2 énormes dorades qui ne nous lâcherons pas. La visibilité est certainement la meilleure de ma petite expérience de plongeur et quel spectacle après ¼ d’heure de me retrouver face une statue Moai! Certainement jetée à l’eau lors de sa destruction par une tribu, elle est posée par 16 mètres de fond et semble attendre sereinement au milieu des poissons et des visiteurs sous-marins. C’est complètement surréaliste de se retrouver là à cet instant, éclairé par le soleil qui transperce littéralement l’eau pour éclairer la statue. Dans ce monde du silence l‘instant semble presque religieux, la massive statue semble attendre son heure sereinement… La plongée se continue et l’instructeur me fait signe de m’arrêter. Il prend l’un des nombreux oursins dont il casse les épines, se met face à moi et me dit de regarder sa main : à peine ouverte, la dorade se jette dessus et avale l’énorme boule de petits pics d’un coup! Surprenant! La plongée se continue entouré de poissons et de corail ; je m’attends toujours à voir ressurgir l’une de ces statues. Sur le bateau quel plaisir savouré de repenser à ce Moai,,,
Mais revenons à la réalité, car le monde du silence c’est bien sympa, mais à la surface ils parlent tous espagnol, alors mon anglais, je me le mets sur l’oreille! Heureusement, à notre “domicile”, il y a Jacinta, étudiante chilienne en linguistique, venue ici pour la culture Rapa nui dans sa famille adoptive Jeannette et Sandra. Elle nous proposera de nous donner des cours d’espagnol, comme ça parce que c’est sympa de pouvoir parler ensemble. Cela se fera à 4 ou 5 reprises de manière informelle, toujours avec le sourire et avec des petites discussions sur ses études, l’île de la Réunion, la culture Rapa nui ou ce que l’on a fait de notre journée. Armé de notre petit dictionnaire et de ses préparation grammaticales, je peux désormais comprendre davantage l’espagnol et le parle (par contre je connais pas bien les insultes, ici les gens sont trop gentils). Malgré nos retards sur les horaires, son sourire et sa gentillesse seront toujours au rendez-vous. Encore un grand merci pour sa patience et sa sollicitude ainsi que celle de Jeannette, pour créer la conversation et pour que je puisse y participer (oui celui qui fait le relou à mettre 3 heures pour une phrase que personne ne comprend!).
Ce qui fait qu’à la deuxième visite du musée que j’avais pas terminée, je comprends davantage les subtilités de l’espagnol. Cela n’empêchera pas de remettre 2 bonnes heures sur les 10 panneaux explicatifs et du coup de laisser Aude partir avant moi pour aller réserver une balade à cheval qui semblait nous échapper puisqu’on s’y était pris trop tard. Mais c’est mal connaitre la demoiselle qui sur le chemin de l’office du tourisme interpelle un cavalier torse nu et à cru qui ramène ses chevaux à l’enclos en lui demandant s’il était possible de faire une balade dans 2 heures. Parce que ici, les chevaux sont le double des habitants de la population et qu’est-ce que c’est sympathique (pour Aude, parce que moi…) de voir de chevaux en liberté partout.
C’est gagné, j’arrive à peine chez Jeannette que le taxi nous attend pour nous emmener chez le caballero (oui j’ai beaucoup progressé en espagnol!). Du coup nous voila partis pour 4 heures de défonçage de train arrière entre les statues Moai, l’horizon du Pacifique et les cratères qui parsèment la surface de l’île.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me retrouve au trot, secoué dans tous les sens. En même temps, mon unique expérience en canasson remonte au CM2 en classe poney où j’avais eu l’impression de passer plus de temps à brosser des poils et profiter d’une odeur abjecte que de plaisir de monter sur cet animal pas plus malin qu’un piaf… Balade très agréable, paysages magnifiques et l’occasion d’en connaitre un peu plus encore sur la culture Rapa nui puisque notre accompagnateur parle un peu l’espagnol, mais c’est un vrai Rapa Nui.

Il nous exposera à quel point le Chili n’aide en rien Rapa Nui ni sur le plan scolaire, ni médical, mais s’en sert comme une ressource touristique. Moins sérieusement il se marrera bien qu’en je me tenterai un petit galop histoire de me terminer le …En fait, je crois que le plus facile pour moi a été de prendre une fois de plus mon Bodyboard et de faire une petite session sur les vagues face aux statues, sous leur protection, car il y a beaucoup de rochés et les jeunes ici dans l’eau prennent toutes les vagues n’importe comment mais avec du style. Ainsi, avant même avoir pu me positionner pour prendre une vague, un surf me passait juste sur la tête! Heureusement plus de peur que de mal ; le surfeur a même certainement eu plus peur que moi. Session sympathique dans le Pacifique sur une mer calme et des vagues régulières et peu puissantes, juste histoire de dire et mettre un spot de plus dans un endroit mythique…


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