lundi 15 décembre 2008

Les villes royales

C’est à bord de notre mobylette méga kitch avec son assise en léopard que nous partons explorer les villes royales qui encerclent Mandalay.

En effet, la capitale du pays a été déplacée de site en site selon les dynasties , donnant place à plusieurs villes royales témoins des guerres fratricides qui ont construit l’histoire de la Birmanie. D’ailleurs c’est toujours le cas aujourd’hui puisque la capitale du Myanmar, bien entendu interdite aux touristes, a encore changé pour s’isoler dans l’intérieur des terres dans une ville dont on ne se rappelle-même du nom tellement est elle avant tout inconnue au bataillon!
Fin de la parenthèse, nous voila arrivés à Amarapura dans l’air glacial du matin (on nous avait pas prévenus qu’il allait faire froid en Asie!!). On s’arrête d’abord dans une pagode et sommes invités à boire le café avec les moines dans leur monastère. Ici, être moine n’est pas une vocation à vie, on peut se faire moine pour seulement quelques mois si on le désire si bien que nous nous retrouvons à parler hip hop avec l‘un d‘eux, le vêtement semi-retroussé d’un coté et le coude posé négligemment sur le genou, de quoi faire pâlir de jalousie la chiantise ecclésiastique que l’on connait en Europe. Mais là je m’égare! On repart pour trouver le pont U Bein, pont de teck le plus long au monde!

Escortés par de petites vendeuses, nous profitons du décor sur fond de brume matinale, donnant au paysage des airs surréalistes.


Plus tard quand le ciel se dégage, on apprécie les files indiennes de moines sur les pilotis de bois foncé puis, en partant, je m’achète un longi (vêtement traditionnel) que la couturière doit reprendre.


Elle nous conduit donc à son atelier, l’occasion pour nous de voir les conditions de travail des Birmanes qui tissent toute la journée dans un espace très restreint avec une dextérité admirable.


Quel boulot! Je récupère mon tout nouveau longi et on part pour la pagode blanche de Pahtadawgyi. Un premier stupa entouré de palmiers offre un très joli paysage
mais je déchante un peu plus loin : la terrasse de la stupa principale est inaccessible aux femmes!!


Première fausse note du Bouddhisme, argh!
Qu’à cela ne tienne, nous partons pour Inwa, autre capitale royale. On prend la barge et, après quelques imprécisions au démarrage de notre mobylette, partons découvrir le coucher de soleil du haut de la tour Nanmyin, sorte de tour de Pise locale et seul reste du prestigieux palais.

Le soir tombe et on se dépêche de rejoindre le monastère Maha-Aung-Mye-Bonzan où une troupe d’enfants nous accueille et nous accompagne dans la visite. Dans la pénombre et en jouant à cache-cache, c’est une façon originale de nous imprégner du lieu et ça nous va bien comme ça!




Le lendemain, nous repartons en mob de Mandalay pour rejoindre Mahamuni pagoda, très célèbre pagode dans tout le pays parce qu’elle accueille en son sein le Bouddha d’or. L’histoire veut que Bouddha soit venu prier ici et que Dieu, pris d’admiration pour lui, ait façonné cette statue en une nuit. La statue est donc considérée comme un dieu vivant, baignée traditionnellement tous les matins à 4h et recouverte d’or pour les centaines de pèlerins qui se succèdent ici chaque jour avec leurs feuilles de métal précieux. Au total il y aurait 225kg d’or brut sur le Bouddha ce qui lui donne un air carrément boursoufflé!!

Seulement un hic : ici aussi les femmes sont interdites d’accès à l’autel et seuls les hommes accèdent au Bouddha et ont le “privilège” de pouvoir lui dorer le blason. Dans la pagode se trouvent également des statues Khmers venues de la région d’Angkor à l’époque où l’empire Birman repoussait ses frontières plus loin que la Thaïlande. Les Birmans ont l’habitude de frotter ces statues à l’endroit du corps qui est douloureux si bien que certaines parties des statues sont carrément polies.
On fait finalement route sur Sagaing, 3eme ville royale de la région où, après une première halte dans une pagode dont Matthieu escalade la périlleuse échelle en bambou pour accéder à la terrasse, nous montons à une pagode en haut d’une colline dominant la ville.



On y fait la rencontre d’un moine visiblement très en demande de communiquer avec des étrangers. Le pauvre nous parle en cachette des conditions de vie idéologique au Myanmar. Lui est apparemment fiché et doit prêter attention partout autour de lui pour nous parler afin d’éviter les espions qui, comme leur nom l’indique, peuvent être partout… Nous profitons du paysage sublime qui s’offre à nous, cherchant de toute façon à passer pour des touristes et leur “guide” avec notre moine décidément super en stress. Il parle de la répression politique et de la difficulté à se rebeller. La manifestation pacifiste des moines il y a 1 an ½, suite au fait que les augmentations de prix imposées par le gouvernement rendaient laborieuse la quête du matin des moines (les moines vivent des offrandes faites tous les matins lors de leur procession et si les aliments étaient plus chers, les gens avaient moins à donner CQFD) avaient ainsi été réprimée violemment par les militaires qui avaient tout simplement massacré tout le monde, prétextant “officiellement” que c’était des guérilleros déguisés en moines… On comprend comme il est dur d’avoir un avis opposé au régime ici et on peste sur notre impuissance. Car à part véhiculer l’information via notre blog, que pouvons-nous faire??
Finalement la visite des villes royales se termine avec la bonne vieille panne d’essence qui va bien! Pas grave, 1 seconde le pouce tendu plus tard et une moto s’arrête, constate et file nous chercher de l’essence, en toute simplicité! Ils sont forts ces Birmans!

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