dimanche 14 décembre 2008

Mandalay

La ville de Mandalay ne nous fait pas une très vive impression initiale : de grandes rues sombres, beaucoup de circulation, des trottoirs bouchés par les scooters ou défoncés… Mais, après une soirée foot (et oui…!), nous partons visiter le palais royal. Nous entrons par la seule porte autorisée aux touristes après avoir longé les incroyables remparts de l’ancienne cité royale. En effet, le roi était désireux de faire correspondre la largeur d’un coté de son enceinte avec le nombre d’années écoulées depuis la mort de l’Eveillé jusqu’à la date de construction, soit 2400 “ta” pour les 2400 ans, ce qui nous fait quand même 7920m de périmètre! Nous arrivons donc à l’entrée où un grand panneau nous prévient que seule une infime partie de la cite royale est visitable.

La voila la dictature… Tu dois payer un pass pour entrer, ce qui signifie au Myanmar vérification de ton passeport et inscription sur un registre puis analyse de ton dollar parce que s’il a la moindre trace genre oh mon dieu il a un peu d’encre dessus, on te le refuse. Bref! La visite du palais est assez courte car il n’en reste que des salles vides ou des reconstitutions des maisons des concubines. A l’époque le roi ne s’embêtait pas : il faisait vivre toutes ses maitresses là, leur attribuant une maison à chacune dont la taille dépendait de leur cote! Dur dur pour mon semblant d’âme féministe!


En quittant la cité on ne peut pas faire autrement que de tomber nez à nez avec LE gros panneau de propagande “peoples desire”,

complètement hallucinant… On flâne ensuite avec nos vélos dans les rues adjacentes, constatant comme dès que l’on s’éloigne des axes principaux Mandalay redevient une petite bourgade aux chemins de terre. On débouche sur Shwenandaw Kyang, le monastère doré tout en teck, donnant vie à de magnifiques sculptures dont le raffinement nous émerveille.

Nous poursuivons la visite avec “le plus grand livre du monde”, la pagode Kuthodaw, entourée de pas moins de 729 pagodons contenant les tablettes en marbre qui portent la version unifiée du tipitaka.


Bon nous on n’y comprend rien mais apparemment c’est la seule version unifiée au monde et la balade dans ce lieu improbable est agréable!


Nous finissons la journée par l’ascension de la montagne surplombant la ville où on fait la rencontre d’un jeune qui nous raconte avec détresse et rage que son père est en prison pour délit d’opinion pour une durée indéterminée tant qu’il ne voudra pas payer ce que l’Etat veut lui racketter. Nous montons avec la tension de ce jeune dont l’énergie ne demande qu’à être mise à profit. D’en haut la vue s’étend sur la ville tandis que le jeune continue son fervent discours pour nous dépeindre comme les gens de son âge ne cherchent pas à se révolter tant l’Etat leur a formaté le cerveau… Nous mesurons la dure réalité de la vie intellectuelle et politique au Myanmar et restons interdits devant cet ancien enfant dont le malheur nous touche, bien sûr, énormément.

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