samedi 21 mars 2009

Impressions a 7 mois

7 mois

Et bien voila, nous entrons donc officiellement dans la “fin” de notre voyage (ok, la moitié). 7 mois, ça devient vite “plus que 3 mois” ou encore “ plus que 3 pays”. On a encore le temps alors ce n’est pas grave, mais nous n’avons plus ce temps infini devant nous.
7 mois de voyage c’est parfois une certaine fatigue (je parle de moi car à bien y regarder, Matthieu doit avoir cumulé au moins 3 jours de veille de plus que moi à force de jouer les résistants le soir ou face à la tentation d’une bonne sieste!). J’adore les moments de pause, je me prends à choisir l’écriture du blog comme presque une excuse pour rester posée quelques minutes ou quelques heures. Le voyage c’est le mouvement et le mouvement est la vie. Mais si le mouvement pouvait être intérieur et s’il nécessitait un recul régulier pour ne pas être tourbillon (n’est-ce pas Sandra?) ?
A 7 mois de voyage, je constate comme ces mouvements intérieurs agissent. Voyager en dortoir, ne pas avoir d’intimité ou très peu… partager un dortoir avec les parents et le frère de Matthieu! Quel changement! Les limites s’espacent. Rien n’est important qui ne soit l’amour. Au Chili nous avons perdu beaucoup : le vol de pas mal d’affaires et le virus qui a avalé TOUTE ma musique ; l’Amérique du Sud dont le budget explose littéralement. Et alors, finalement? Les nouvelles de mes amis, de ma sœur, entendre mes grands-parents, être avec mon amoureux et avoir plaisir à partager notre voyage avec sa famille ou les gens que l’on rencontre pendant le voyage.
7 mois de voyage et on est déjà en Amérique du Sud depuis 2 mois. A 7 mois de voyage on cherche à retrouver les visages “typiques, authentiques” et non les hispaniques blancs. On cherche les savoir-faire et non les activités. On veut encore apprendre de la simplicité de la vie.
A 7 mois de voyage, je me rends compte comme ce voyage m’a rendue moins fragile face à la misère. Nous sommes entrés au Brésil et Sao Paulo est sans doute l’endroit le plus miséreux que nous ayons connu. Le Cambodge n’était pas aussi décadent. Et pourtant je regarde simplement mon impuissance face au laisser-aller, à l’abandon de ces gens qui n’ont rien, et qui ne cherchent plus à garder vivante leur dignité. C’est leur vie. Et ça fait bizarre de se dire ça sans se sentir davantage concernée. Je ne sais pas encore quoi penser de ce recul (en est-ce un?). Je repense à mon dégoût quand tant me disaient “la misère? Ouais mais on s’habitue, ça va en fait”. Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui?
Finalement à 7 mois de voyage comme à 1 mois, je me demande toujours ce qu’est l’humain et ce qu’il accepte de subir ou de faire subir à son espèce.

Aude
7 mois, “c’était hier” (comme vient de me le dire Aude), alors il faut que j‘écrive cet article. Bon il faut dire que j’ai (encore une fois) un peu la flemme. On est en plein Sao Paolo et comme dans toutes les villes je ne m’y sens pas à mon aise : pollution, bruit, coût cher de la vie, gens difficiles à interpeller et à rencontrer, perte de temps, entourés de gens qui ne le prennent pas pour eux-mêmes.
Mais il reste 3 mois avec de bien belles choses encore! Je commence à me faire une idée de l’Amérique du sud, en même temps cela ne veut rien dire, car que de différences entre Ile de Pâques, Chili, Argentine et Brésil (et certainement aussi avec ce qui va suivre).
On garde cette façon de voyager avec un minimum d’affaires et de renseignements sur les pays pour les découvrir à notre manière. Du coup les barrières de la langues ne sont pas trop un problème et les locaux sont souvent aidants et compréhensifs, en répondant à nos sollicitations. Mais c’est parce que cela ne leur coûte rien car autour de moi, il y a toujours cet ensemble de gens complètement sans ressources et au Brésil c’est assez saisissant de voir à quel point les quartiers riches, gardés derrière des grilles et au style clinquant, ignorent une majorité de gens vivant réellement dans une misère totale. Quelle force ont ces gens pour vivre ou survivre? Comment font-ils pour garder leur dignité? Une honnêteté sans faille là où j’aurais plongé dans une délinquance sans limite!, sans limite pour la faim, pour mon envie de vivre. Aujourd’hui voler dans un grand magasin de la rue est plus dangereux que voler de l’argent dans les affaires ; d’ailleurs ce n’est pas un vol c’est un “détournement” dans ce dernier cas.
Pas un pays parcouru sans un massacre de la population locale, sans une dictature ou une guerre. Combien de pays dans les 50 dernières années n’ont rien eu de tout cela et ont vécu dans la prospérité? Je vais vous aider : aucun!! Sauf si l’on considère qu’engager des troupes dans des forces multinationales libératrices ne compte pas. Qu’en aux paradis fiscaux, s’il ne font pas la guerre, ils la financent et hop! il nous reste le Vatican et son débit de conneries papales!
Cependant, je ne suis toujours pas fatigué de voyager et je mesure toujours cette opportunité que j’ai de découvrir ce qui m’entoure et au-delà. D’autant que ces derniers temps c’est en famille, encore un bonus du voyage : je me demande si je vais pas tenter de jouer à un loto dans un des pays. On sait jamais, si je peux prendre de l’argent dans un état pauvre,,,! Autre rythme de vie en groupe, plaisir encore plus partagé, on est des grands routards, non des jeunes, enfin pas complètement, on s’en fou de toute façon personne ne me donne mon âge. Vous allez voir qu’à force de tourner à l’envers sur une planète que je crois tourner à l’envers je vais avoir rajeuni!
A 7 mois, je pense toujours que la France est un des plus beaux pays, avec beaucoup de variétés de nourriture (certes il n’y a pas la viande d’Argentine, humm…), de cultures différentes, de paysages incroyables et de bons râleurs-grévistes.
A 7 mois, je peste sur tout et sur tout le monde, je m’offusque, je critique, mais je ne garde que les bons souvenirs de tout ce que l’on a déjà accompli. Et je suis bien content de toutes les mauvaises expériences car elles sont formatrices, tout comme les bonnes car elle sont sources de bonheur et c’est bon…
A 7 mois, j’ai juste envier d’être plus humble et plus tourné vers l’extérieur, vers l’autre, d’être accueillant sans me faire refaire le train arrière. Attentif et empathique.

José

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