Nous voila en langue portugaise son exotisme et son accent tellement festif et coloré. Alors un tour à l’office du tourisme, un retrait d’argent et un achat de guide de conversation plus tard et on file en taxi jusqu’à la ville.
Tiens à ce propos, un petit coup de gueule ne fait jamais de mal… Nous faisons partie de ces gens qui privilégient la communication et la rencontre avec les locaux et avons à cet effet et tout à fait naturellement, toujours cherché à nous vêtir comme il seyait dans le pays, à respecter les coutumes locales et à apprendre au moins les rudiments de la langue. Or nous sommes étonnés de voir à quel point nous faisons souvent exception dans le flot des touristes anglo-saxons mais surtout Israéliens…. Je ne veux pas faire polémique, mais franchement, quant on voyage plusieurs semaines dans un endroit, ce n’est pas montrer une certaine fermeture d’esprit que de ne vouloir communiquer avec les gens que dans une langue étrangère? Pour les anglophones, c’est un peu la facilité, mais aussi la honte… Franchement, les gars, vous n’avez presque qu’une langue à apprendre pour pouvoir voyager sur presque tout un continent… Quant aux Israéliens que l’on apprend à découvrir depuis notre arrivée en Amérique du Sud (il y a là une très forte communauté Israélienne et donc beaucoup de voyageurs, souvent en bande, cherchant à rester ensemble et allant jusqu’à se faire leur propre bouffe parce que quand même, on va pas se mélanger… Oups, je sens que je dérape!), ils ne parlent déjà pas beaucoup anglais et ne sont déjà pas très branchés gentillesse, courtoisie ou même simplement échange, alors apprendre l’espagnol… Tout ça m’irrite parce que j’y vois un fond de nombrilisme et d’intolérance, un petit coté “je vais pas me prendre la tête pour ces gens-là” et donc une certaine suffisance… La discussion est ouverte, mon étonnement aussi… Affaire à suivre…
Aller, fin de la parenthèse! Nous arrivons donc à Sao Paulo où on atterrit dans un Formule 1! Ben oui, la première chose que l’on apprend du Brésil, c’est qu’on va se faire défoncer le budget! Alors direction la chambre pour 3 dans la fameuse chaîne des hôtels Accord… Typique!
On passe en tout 3 jours dans la ville, 3 jours pendant lesquels on apprend à faire connaissance avec la culture Brésilienne. Et la culture, ça commence par la nourriture! Ici, la formule économique, ce sont les restaurants au poids, restaurants dans lesquels, comme le nom l’indique, tu mets tout ce que tu veux dans une assiette dont le prix dépendra de son poids. L’avantage, en plus d’être effectivement bon marché, c’est que l‘on trouve des plats cuisinés et donc autre chose que de la malbouffe, et de surcroît, des plats sans viande : je suis ravie de remanger des légumes!
Au détour des rues surplombées de hauts immeubles, nous tombons sur une salle de danse ouverte. Comme le bal du village, un DJ passe de la musique et chacun est libre de venir danser. Tiens, ben c’est l’occasion de voir comment se dansent les musiques brésiliennes, se dit-on… Ouais sauf qu’en fait tout le monde danse… à sa manière, et au plus grand plaisir et amusement de tous! On garde un souvenir très caucasse de certains danseurs, visiblement à fond, et visiblement au prix du rythme!
Autre surprise un peu plus loin, des badauds font un cercle autour de danseurs de capoeira. Comme son meilleur cliché, le Brésil nous offre sa réputation et les corps s’affrontent sur le bitume dans des mouvements rythmés et millimétrés.

Bon, on aimerait vous dire qu’on a été épatés, mais qui dit capoeira au Brésil ne dit pas forcement maestros!
Toujours pour nous nourrir de cette nouvelle culture, nous nous rendons au musée afro-brésilien. Mais pour ça, il nous faut emprunter le métro, et ça, c’est aussi une affaire culturelle! D’une part parce que le métro, mal distribué et ne possédant que 4 ou 5 lignes dans la ville, débouche partout dans d’immenses bouches et quais. Mais quand je dis immenses, je pèse mes mots… Les rames s’arrêtent face aux espaces prévus et l’usager est contraint de passer par des barrières pour monter.
D’autre part parce qu’au hasard d’une correspondance nous tombons nez-à-nez (et là encore, je pèse mes mots…) avec un METRO ENTIER de supporters de foot… Immersion dans la culture, c’est ça?! Et ben là, on a été servis! Habillés de blanc aux couleurs de leur équipe, chantant à tue-tête, tous font corps et doivent être entourés d’un cordon de sécurité très impressionnant. Au moins 40 à 50 flics sont déployés pour protéger tant les usagers du métro que les supporters eux-mêmes.
En effet on voit une jeune supportrice remonter l’escalier, fuyant visiblement le mouvement de foule et la panique qu’il provoque, mais tout de suite rappelée par le groupe. Plus tard on la recroisera dans le métro, ayant quitté son maillot de foot pour retrouver l’anonymat protecteur…
Direction donc le musée afro-brésilien, en traversant un grand parc où se côtoient sportifs, gamins sur leur skate, promeneurs amoureux et bande de jeunes. On commence par l’exposition de photographies qui ne nous emballe pas des masses. Vous savez, quand ce qui est beau dans la photo, ce n’est pas tant la photo elle-même que son sujet (pris n’importe comment, un chamane Africain en plein rituel, ou un défilé traditionnel et coloré, c’est toujours joli…). Mais on ne se démotive pas comme ça nous! C’est officiel : les musées, on adore ça! Alors on poursuit dans la salle inférieure où se côtoient statues et art contemporain… Pas vraiment saisissant le coté Afro… Mais on finit par y arriver : à l’étage, nous débouchons enfin dans le vif du sujet. Présentation de masques du Benin et du Burkina, vêtements que portaient les femmes Africaines au Brésil, présentation d’un bateau lors du commerce triangulaire… Les pièces exposées sont séduisantes mais notre fatigue et le chaos ambiant ont raison de nous… On a vraiment du mal à extraire l’influence Africaine dans la culture Brésilienne et tout au plus, nous gardons en mémoire la couleur des pièces d’exposition plus que leur sens…
Sao Paulo est à l’image de ce musée mais aussi de cet article : décousu. Car à y regarder de plus près, les rues de la mégalopole, c’est ce mélange bizarre de buildings élancés et de résidences méga sécurisées (enceinte surmontées d’éclats de verre, mirador duquel domine un vigile armé jusqu’aux dents, code d’accès bien sûr mais aussi sas de sécurité pour entrer : on sonne pour que le gardien nous ouvre et on accède à un sas dans lequel on attend que la première porte se ferme avant que la deuxième ne s’ouvre…) avec une pauvreté violente et disséminée dans toute la ville. C’est à Sao Paulo que l’on voit la plus grande misère, chez les enfants qui, mendiant dans la rue, se fondent avec elle au point qu’une fois on a quand même failli marcher sur l’un d’eux!! C’est à Sao Paulo que l’on voit la plus grande misère, pour les famille, qui habitent littéralement dans la rue, vivant sur des matelas et à peine protégés par des cartons. C’est à Sao Paulo que l’on voit la plus grande misère, chez les vieux, comme ici, ce monsieur qui croise un carrefour de beaux bâtiments sans que personne ne se soucie de lui.
A Sao Paulo, les très riches côtoient les très pauvres, s’enferment derrière des frontières dont on voudrait les libérer. Cela pose énormément question. On se demande pourquoi tant de protection, tant de sécurité. Et nous voila dans un débat très Français, à l’heure où tout en France semble sécuritaire, digicode et chauve-souris qui n’arrive pas chez toi. Hein Mr Sarkozy? A tant vouloir créer la sécurité on se demande bien pourquoi on pousse autant les gens à se murer chez soi, pourquoi on pousse les gens à avoir peur de son prochain et pourquoi, finalement, on pousse les plus riches à craindre comme la peste les plus pauvres, créant un fossé encore plus grand que, franchement, même sans être pauvre, je n’attends que de piétiner. Alors oui, la sécurité crée l’insécurité. Parce que qui ne pousserait pas une porte normalement barricadée mais maintenant ouverte? Qui ne franchirait pas une barrière normalement veillée par un vigile mais aujourd’hui mi-close? Le contraste est flagrant à Sao Paulo, il est poignant, saisissant et attristant. Avons-nous vraiment envie, à la base, de nous enfermer chez nous comme dans la plus gardée des prisons? A-t-on vraiment envie, à la base, de montrer par cette rhétorique de l’action aux plus pauvres à quel point on les juge et les snobe?…
Sao Paulo c’est ce tissu décousu de morceaux qui s’assemblent mal. Car à coté de la violence de cette pauvreté et de cet écart incroyable entre très riches et très pauvres, il y a surtout cette culture de l’échange, cette ouverture d’esprit et cet attrait de la communication présente chez les Brésiliens. Arrêtée à la Fnac (et oui!), je laisse les garçons aux livres de Star Wars pendant que j’épluche le guide et c’est l’occasion de rencontrer Vivian, psychologue et surtout adorable Brésilienne qui engage naturellement la conversation, désireuse tant de pratiquer son impeccable Français (cherchant parfois ses mots en anglais ou en espagnol… Quand on parlait de se mettre aux langues étrangères…) que de communiquer avec moi, l’Etrangère. Combien de fois ça nous est arrivé ça, dans notre voyage au Brésil!
Sao Paulo, c’est, au-delà de la grande ville dans lesquelles on est déjà jamais très à l’aise, un sacré canevas mêlant ensemble une chose et son contraire. C’est la sur-ville, surdimensionnée et sur-explosive. Sao Paulo, on te quitte, direction la campagne…
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