On arrive finalement aux portes des Quebradas de las Conchas et de las Flechas, à Cafayate. L’air est sec, le soleil est bien chaud et il nous faut trouver une place pour nous poser après ce long trajet. C’est chose faite au Rusty’K. C‘est un petit Hospedaje avec patio intérieur, espace en fleur, petite déco sympa, BBQ et un accueil top avec explications de ce qu’il est possible de faire, de manger et de boire dans la région par Daniel. Vu qu’il est déjà tard, on en profite pour boire l’apéro en faisant connaissance avec Fréderic, Français en voyage dans l’Argentine, avant d’aller ensemble se faire un petit asado (viande grillée) en ville, l’occasion pour moi de m’envoyer un bon 700 grammes de bœuf argentin absolument succulent!
Le lendemain, on décide d’aller visiter l’une des 5 Bodegas de la région, celle de Nanni.
Car en effet ici, il ya des vignes issues de cépages Français à perte de vue. Enfin, quand je dis visite, le moment le plus important reste celui de la dégustation.
Mais nous sommes un peu déçus de leur vin qui se promet fruité, avec une belle robe (genre je m‘y connais…), mais une fois en bouche, il se révèle être d’une piètre qualité, on dirait une piquette… Sauf le Tardio (un blanc) qui se révèlera meilleur “Un poquito mas por favor?“. A la sortie, toujours ce ciel bleu pur et avec la chaleur, il est nécessaire pour certaine (laquelle? Celle avec la bouteille sous le bras!), de manger un peu avant de continuer. L’occasion de se poser sur la place du village. En Amérique du sud, il n’est pas une ville sans sa place rectangulaire en face de l’église, portant le nom de la date d’indépendance du pays. Et quel plaisir d’avoir cet espace, où les gens de toutes conditions, tous âges, viennent se poser pour quelques minutes ou pour la demie-journée, prenant le temps de rester là à discuter, se reposer ou passer un appel! Après le repas, Aude a une envie de se reposer, étant donné le trajet que l’on vient de se taper…Ou alors ce sont les 3 verres de vin qui lui ont mis un coup de barre? Je vous laisse deviner... Pendant ce temps, je pars avec Fréderic faire une petite balade vers la colline Santa Theresa, qui surplombe la ville et ses alentours. Dès que l’on s’écarte d’un quadra du centre (comprenez un bloc de maison), la route goudronnée ou pavée laisse place à la piste et la poussière.. Après une heure de marche et de discussion, on arrive sur le sommet, où la vue est dégagée sur l’ensemble de la plaine, limitée au loin par les montagnes et falaises de couleur rouge et ocre. Nous en profitons pour admirer la vue ainsi que des rapaces qui tournoient au-dessus des vignes.
On redescend pour rejoindre Aude, en repassant dans les petites rues, où les enfants nous interpellent pour nous demander des tours de magie, marrant! L’occasion pour moi de pouvoir jouer un peu avec eux et voir briller dans leurs yeux la surprise et l’amusement. A l’arrivée, Aude est bien réveillée et on repart se balader dans les environs, au milieux des vignes, même si les bodegas que l’on voulait voir seront toutes fermées. Pas grave, le soleil se couche, on profite d’un petit bain de pied dans la rivière, avant de se rentrer. En effet, ce soir on est invités à partager un petit Asado à l’hôtel à la bonne franquette. Cool, ça nous permet de discuter (enfin je fais ce que je peux!) avec les touristes et les tenanciers très sympas. Pendant que je remplis mon estomac de chorizo, bife et autre viande, Aude mange des poivrons farcis au fromage, le tout accompagné de… vin. Bonne ambiance, jusqu’à ce que Daniel et Luis nous emmènent tous à une fête qui se tient dans une Bodega pour fêter les vendanges! Au programme, feuilles de coca dans la voiture, arrivée sur place avec verres de vin offerts, musique traditionnelle et évidement essai de danse. On passe une très bonne soirée à boire et discuter avec des voyageurs, amateurs de vin et danseurs novices gauchos. Après avoir bien profité du tonneau et en avoir eu plein les oreilles, on rentre à l’arrière d’un pick-up, le vent de face et la route toute cahoteuse. Mais l’alcool aidant on réussira à survivre et rentrer se coucher!
Autant dire que le lendemain, on se lève pas trop tôt, juste pour midi et de se faire une pizza avec un bon litron de licuado sur la place. Mais on a le courage -ou la folie- de louer des vélos pour aller jusqu’au point de départ d’une balade à pied qui mène à une rivière encaissée, arborée de … cactus.
Ceux-là poussent de 1 cm par an et vu leurs hauteurs, ils sont déjà d’un certain âge. Déjà qu’on était pas complètement au taquet, mas en plus le chemin à vélo était assez fatigant, alors autant dire que lorsqu’il faut mettre les pieds dans l’eau pour traverser la rivière, grimper ces petites pentes, on préférera se poser le long du cours d’eau et simplement profiter du cadre en se reposant. On aurait bien aimé se faire un petit tour en moto pour voir la campagne, mais ici ils ne louent pas de motos et proposent plutôt des tours guidés : autant dire que cela ne nous intéresse pas.
Le lendemain, je frétille de pouvoir aller vraiment voir l’une des quebradas, Las Flechas, le long de la vallée du rio Calchaqui, peu touristique du fait de son accès peu aménagé par la route. Avec l’aide de Luis, je réussis à prendre un bus avec mon vélo, qui m’emmènera à Angostaco soit à plus de 70 km. Le problème, c’est qu’au lieu d’arriver là-bas à 12h, j’y arrive à 14h. Pas grave, de toute façon j’ai pas le choix, je n’ai que mes jambes pour me ramener, aidées par des litres d’eau et de jus. Les paysages sont superbes, chaque fin de montée laissant apparaitre une roche un peu différente dans sa texture, sa couleur, sa forme ;
et l’avantage c’est que la route est une piste molle et poussiéreuse qui ne me permet pas d’avancer très vite, me laissant (ou m’obligeant) à profiter du cadre…
Je traverse des petits villages ou hameaux où les gens me regardent passer avec surprise, se demandant sans doute si je suis perdu ou un peu fou. Je galère pour avancer avec une moyenne de 10 km/h sur les 50 premiers km, à moi l‘EPO!!! Je prends le temps de m’arrêter, prendre des photos et discuter, comme avec cet homme qui surveille ses gros piments qui sèchent au soleil.
Venant à ma rencontre, le bonhomme à la mine débonnaire me demande d’où je viens tout en s’asseyant. Et là, c’est le festival de l’eclatage de bouton de chemise au niveau de son ventre, trop gros pour être enfermé dans le tissu, qui s’ouvre dans une explosion assez comique et digne des films des années 30! Je continue de rouler, mais il est déjà tard et les routes de nuit ne sont pas les plus sûres, avec la conduite des automobilistes. Je décide donc de m’arrêter à un peu plus de 10 km de Cafayate pour prendre un taxi. Je suis renseigné très gentiment par un couple de marchands qui me fera monter dans le taxi pour 1,5 euros. Au retour à l’hôtel, je crois bien que le plan rouge était sur le point d’être déclenché au vue de mon arrivée tardive! Personne n’avait idée du temps qu’il fallait en vélo puisque comme m’a dit Walter, il faut toujours un premier fou pour essayer un parcours la première fois… Résultat, j’arrive à 21h35 quand le convoi de recherche devait partir à ma rencontre à 21h30! Le soir encore un bon asado histoire de se remettre d’aplomb avant d’aller le lendemain se promener dans l’autre quebrada de Las Conchas.
Avant de partir, nous passons par la Bodega Etchar et on aura la même déception de vin que sur l’autre bodega avec un vin pas top. Par contre les gens faisant la visite font tous mine de s’y connaitre en vin : festival de vin agité dans le verre, observation de la robe dans le noir et un bon acquiescement comme pour dire “ah ouai celui-là il est pas mal!”. Finalement la guide comprendra que tous sont surtout de très mauvais acteurs et expliquera comment goûter un vin. A la sortie, on file manger à la casa des Empanadas, étape vraiment incontournable du coin tant la qualité des empanadas est inégalable de goût de diversité et d’originalité! Puis on part en 504 Peugeot (et oui il y en a encore ici et ca roule très bien!) avec Walter et Luis, pour le tour à la demi journée.
Quel plaisir de pouvoir faire ce tour avec eux. C’est un peu comme si on faisait une sortie avec des potes.
Les paysages sont très colorés,
Le tout est accompagné par des explications de Walter et des photos de Luis. Il se mettra parfois en 2 voir en 4, histoire de faire les meilleurs photos. Et c’est plutôt réussi…
On se croirait presque à Petra.
On termine la journée avec une jolie lumière
et les histoires liées aux endroits toutes plus sordides les unes que les autres, entremêlées d’esprits, de la Patchamama, de phénomènes bizarres, de tueries et de routes maudites.
Ici, dans l'antre de la Garganta del Diablo, lieu de disparitions inexpliquées...
“Il y a quelques années, raconte Walter, deux hommes sont venus en ville pour chercher une épouse. Ne trouvant personne disposée à les épouser, les deux hommes convinrent de partir pêcher dans la Quebrada avant de rejoindre leur village. La chance leur sourit alors et c’est plusieurs kilos de poisson que les deux hommes doivent charger à l’arrière de leur véhicule, prenant soin de congeler le poisson avec des pains de glace. Les deux hommes reprennent alors la route, déçus de n’avoir pas trouvé à se marier mais contents de leur pêche, quand soudain une chèvre barre la route. Trop tard, impossible de l’éviter… La chèvre gisante sur le bas-côté, les deux compères décident d’en faire leur affaire.
- Maintenant qu’elle est là, autant la dépecer et l’emmener avec nous.
Profitant des dernières lueurs du jour, les deux hommes évident donc la chèvre, lui coupe la tête, placent les morceaux parmi le poisson, au frais à l’arrière de leur voiture. Il ne leur reste plus qu’à enterrer les abats et la tête de la chèvre avant de partir. Finalement contents de leur mésaventure, les deux reprennent la route. Se faisant tard, ils décident bientôt de s’arrêter à un village voisin pour y manger. Le repas est tout trouvé et les deux hommes en profitent même pour offrir un peu de la chèvre aux habitants alentour. Un peu plus tard, à nouveau sur la route, les deux hommes s’arrêtent à un barrage de police. Après vérification des papiers le policier demande :
- Qu’y-a-t-il sous cette bâche?
- Du poisson, répondent les deux hommes.
Le policier soulève la bâche et aussitôt son visage blêmit.
- Qu’y-a-t-il sous cette bâche, insiste-t’il.
- On vous l’a dit : du poisson pêché au rio de la Quebrada et une chèvre que l’on a fauchée en route.
Mais en s’approchant, les deux hommes découvrent, horrifiés, les restes d’une femme gisant au milieu des poissons! Aucune trace de la chèvre!
- C’est impossible!!! C’était une chèvre! s’exclament les deux hommes.
Soucieux de mener enquête, le policier ordonne que deux de ses hommes se rendent, sur indications des deux malheureux devenus fous à l’idée d‘avoir dévoré une femme, au lieu où furent enterrés les restes de la chèvre. Que ne découvrent-ils pas alors! A l’endroit indiqué existaient bien des restes, mais au lieu de trouver tête et abats de chèvre, les deux policiers déterrent la tête d’une jeune femme et ses entrailles! Les deux policiers se sont suicidés peu de temps après. Quant aux deux conducteurs en quête d’épouses, ils sont restés fous jusqu’à la fin de leurs jours.
On dit que la Pachamama peut descendre parmi les hommes sous forme féminine et que c’est elle qui, transformée en chèvre, est également apparue sous forme de femme.”
Après 3 histoires (données pour vraies) comme celle-ci, même Luis ne voudra pas évoquer l‘histoire de cette mort mystérieuse il y a plusieurs années chez ses voisins, de peur de représailles.… Visiblement, la bonne humeur de Walter n’en a que faire ils se moukateront jusqu’au retour à l’hôtel. Mais cela ne pourrait effrayer même la plus frêle des femmes… Qui a dit frêle?
Au retour on discute avec Adrien et Delphine rencontrés la veille, en voyage aussi sur du long terme. Puis nous prenons la route, direction Salta.
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